Depuis plus de trente ans, à chaque Noël, la ville néerlandaise de Deventer se transforme en décor de roman de Charles Dickens et ses habitants en personnages emblématiques pour deux jours de festivités en immersion dans l’univers de l’écrivain.
Une odeur de vin chaud flotte dans l’air tandis qu’un homme semblant sorti tout droit de l’époque victorienne, coiffé d’un haut-de-forme et vêtu d’une longue cape noire, lance un «Merry Christmas!» à une foule de passants amusés. Contrairement aux apparences, il ne s’agit pas du vieux Londres, mais de la ville de Deventer, aux Pays-Bas, qui chaque année rend hommage à l’écrivain anglais Charles Dickens, à l’occasion d’un festival de deux jours.
Cette tradition remonte à décembre 1991, lorsque les commerces du centre de Deventer ont commencé à ouvrir le dimanche. La Néerlandaise Emmy Strik, propriétaire d’une boutique d’articles ménagers dans la vieille ville, s’est alors saisie de l’occasion pour exprimer son anglophilie en grande pompe. «C’est une véritable admiratrice de l’Angleterre et de Dickens, alors elle s’est dit, je veux un Noël victorien», a déclaré Liesbeth Velders-Strik, la fille d’Emmy, qui a repris les rênes de la boutique ainsi que de l’organisation du festival ces dernières années.
D’Oliver Twist à la reine Victoria, en passant par les dizaines de chanteurs qui entonnent en chœur des cantiques de Noël à chaque coin de rue – pas moins de 395 personnages de Dickens prennent vie dans les rues de Deventer. «Nous avons beaucoup de costumes qui viennent de séries télévisées. Nous ne voulons pas de tissus qui doivent être tenus à l’écart du feu, car l’univers de Dickens, ça n’est pas ça!» explique Liesbeth Velders-Strik, 57 ans, dont le roman préféré est De grandes espérances.
Fraîchement sorti d’une séance photos avec un groupe costumé, Damien van Den Berg, Néo-Zélandais de 20 ans, semble déboussolé. «Quand je suis arrivé ici, j’étais assez surpris par tous les hauts-de-forme. Mais franchement, c’est vraiment chouette», explique le joueur de cricket venu avec sa famille. «Je n’ai jamais vécu un Noël pareil, c’est vraiment autre chose», s’étonne-t-il, tandis qu’un troupeau de brebis lui frôle les jambes et qu’un groupe de suffragettes criant des slogans arrive à l’autre bout de la rue.
Avec une file d’attente de près de deux heures pour entrer dans le centre-ville et près de 50 000 visiteurs en un week-end, le festival de Dickens semble désormais faire partie intégrante du folklore de Deventer.