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«Je fais de la livraison à domicile» : immersion dans la bibliothèque de la Chambre des députés


Estelle Beck est bibliothécaire depuis 2016 à la Chambre des députés. (Photo : didier sylvestre)

Ce nouvel épisode de notre série sur les bibliothèques du pays nous emmène à la Chambre des députés. Les 6 200 ouvrages présents en ces lieux aident au quotidien les élus dans leur travail législatif et politique.

Dans l’un des nombreux bâtiments de la Chambre des députés, un peu cachée, se trouve la bibliothèque de l’institution politique luxembourgeoise. À sa tête, Estelle Beck. Elle est la seule bibliothécaire du Parlement. Depuis 2016, elle dirige avec «passion» ce fonds assez volumineux. En apparence assez petite, la bibliothèque de la Chambre détient à elle seule près de 6 200 ouvrages. «Une partie est stockée. Ce sont des ouvrages plus anciens, mais qui restent importants pour le Luxembourg», explique-t-elle.

Sur les nombreuses étagères, on trouve, en majorité, des ouvrages juridiques ou politiques. «Étant donné que nous sommes dans un lieu politique, les livres sont assez spécialisés. Nous en avons de nombreux sur le droit constitutionnel luxembourgeois, le droit public ou encore le droit européen (…). Mais également sur les sciences politiques et la démocratie», liste la professionnelle.

Une bibliothèque privée

Des collections bien spécifiques qui servent surtout de support de recherche aux collaborateurs des députés. La bibliothèque n’est, en effet, pas ouverte au public. «Elle est réservée uniquement aux personnes travaillant à la Chambre : élus, secrétaires de commission, personnel de l’administration ou cellule scientifique. Cela représente environ 300 personnes», précise la bibliothécaire. Mais, elle l’avoue, la bibliothèque n’est pas très fréquentée. «C’est parce que je fais de la livraison à domicile», rigole-t-elle. «Les personnes se déplacent très peu ici, car j’ai un catalogue en ligne. Les gens font leur demande et je leur amène les livres à leur bureau ou à l’accueil.»

La Constitution de 1848. (Photo : didier sylvestre)

Alors, les députés sont-ils des passionnés de lecture? «Je ne peux pas le dire. Ce sont souvent les attachés parlementaires qui nous sollicitent ou les personnes travaillant pour la cellule scientifique», appuie la bibliothécaire. Un service qui reste primordial dans le travail législatif. «Il épaule les députés quand ils ont une question technique ou scientifique sur un domaine en particulier débattu au Parlement. Par exemple, il y a déjà eu des notes sur la compétitivité fiscale, le covid ou encore l’ubérisation (…). Je me procure aussi des livres en relation avec les débats parlementaires (…). Même si beaucoup de recherches se font en ligne, le livre a encore toute sa place», souligne Estelle Beck.

Des débats parlementaires datant de 1816

Si la bibliothèque possède de nombreux ouvrages nécessaires au travail législatif, elle a aussi sa propre collection. Dans une armoire spéciale un peu vieillie se trouvent l’ensemble des débats parlementaires réalisés à la Chambre depuis 1816. «À cette époque, l’institution s’appelait encore l’Assemblée des États», fait remarquer la bibliothécaire. Dans ces centaines d’ouvrages, c’est tout un pan de l’histoire politique et législative qui est raconté. «C’est assez précieux, car ce sont des livres que l’on ne trouve qu’ici», note celle qui a commencé sa carrière dans la bibliothèque d’une étude d’avocats.

Près de 180 ouvrages constituent la collection des débats parlementaires. (Photo : didier sylvestre)

Derrière ces ouvrages écrits à l’époque par un greffier, on découvre toute l’évolution concernant l’usage des langues pratiquées au Grand-Duché. «Au départ, les débats étaient en allemand. Ils utilisaient même l’écriture gothique. Il faut s’accrocher pour comprendre le contenu», sourit-elle. Au fil des ans, le français a pris de plus en plus de place dans les débats parlementaires. «En plus de l’allemand, certains députés répondaient en français. À partir de 1945, ils ont commencé à parler en luxembourgeois. C’est toujours ce qui se fait aujourd’hui», raconte Estelle Beck. Alors si, de nos jours, les greffiers ont disparu, l’ensemble des débats parlementaires sont toujours retranscrits. «Actuellement, c’est le service compte rendu qui s’occupe de cela», précise la bibliothécaire en montrant le fascicule de l’an dernier.

Ce pan de l’histoire du Grand-Duché, la Chambre a choisi de le rendre public. Depuis 2023, l’institution luxembourgeoise numérise l’ensemble des débats parlementaires de 1816 à 1945. «Il y a plus de 100 ans d’histoire qui n’étaient pas consultables en ligne, mais uniquement en version papier. Nous avions parfois des demandes de consultation pour ces ouvrages (…). C’est un volume très important, il y a près de 200 000 pages à numériser. Pour le moment, c’est consultable jusqu’en 1910. Nous espérons que ça sera fini début 2026», précise Estelle Beck.

Un projet majeur pour la Chambre, comme l’a été la réédition de la Constitution de 2023. «Nous avons ici la première édition de 1848. Ce n’est pas un document unique, car elle est également présente à la Bibliothèque nationale. De même pour la réédition de la Constitution, mais qui reste un document réalisé par la Chambre», explique-t-elle en reposant le document sur l’étagère.

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