La démission de Georges Mischo ne va rien arranger aux affaires du CSV, dont les représentants perdent en popularité. À commencer par Luc Frieden, qui sort du top 10.
Le dernier sondage a de quoi donner un sacré coup de blues au Premier ministre, Luc Frieden. Il vient de quitter le top 10 des politiciens les plus appréciés.
Sa popularité le range désormais à la douzième place du classement selon le Politmonitor réalisé pour le compte de nos confrères de RTL et du Wort.
Un coup dur pour le chef du gouvernement, qui a annoncé, la veille, un remaniement ministériel. Son parti, le CSV, dont il est également le président, doit entériner ce soir la nomination de Marc Spautz en remplacement de Georges Mischo, au ministère du Travail, et celle de Martine Hansen, qui reprend le portefeuille des Sports.
Elle est d’ailleurs la seule ministre CSV à figurer dans le top 10 du dernier sondage, alors que Xavier Bettel caracole toujours en tête du classement, suivi de Paulette Lenert (LSAP).
«On sent une grande nervosité»
Le nouveau ministre du Travail, Marc Spautz, est à égalité à la douzième place avec Luc Frieden. Deux piliers du Parti chrétien-social, des membres historiques qui se situent chacun aux extrémités du parti.
L’ultralibéral Frieden et le social-conservateur Spautz, plus attaché au dialogue social que le premier. Marc Spautz est issu d’un milieu ouvrier syndical, un profil qui existe encore au sein du CSV, mais qui se fait rare, tout simplement parce qu’il n’y a plus d’ouvriers à proprement parler.
Le nouveau ministre du Travail fait encore partie de l’aile gauche du CSV et il est aussi le plus connu. Difficile de nommer des personnalités du CSV, parmi les politiques élus, qui appartiennent encore à cette caste interne.
Le CSV est allé chercher Luc Frieden pour un renouveau, alors que ce dernier revenait d’une parenthèse de dix ans dans le secteur privé, où il n’a pas brillé par les résultats qu’il y a obtenus.
Le CSV a perdu son souffle après le départ de Jean-Claude Juncker et peine à le retrouver. «On sent une grande nervosité au CSV», souffle un député de l’opposition.
Le jugement est sans doute exagéré, mais le «nouveau Luc» n’a pas eu l’effet escompté dans l’opinion publique, électeurs ou pas. Les déboires de Georges Mischo, qui a donné sa démission dimanche soir au Premier ministre, n’ont pas arrangé les affaires d’un parti vieillissant en dépit du sang neuf qu’il a injecté dans ses rangs.
«Tu les nommes et ils sont là. Ce sont des gens qui pourraient tout aussi bien être au DP, sans aucune exception. Ils n’ont aucun attachement à la doctrine sociale de l’Église, ils n’ont aucun attachement au mouvement ouvrier chrétien», commente un fidèle du CSV en égrenant les noms de certains membres du gouvernement comme Elisabeth Margue, Martine Hansen ou Léon Gloden.
Le DP se voit renforcé
Le ministre des Finances, Gilles Roth, parvient à devancer Luc Frieden dans les sondages, mais c’est bien le partenaire de coalition, le DP, qui occupe les premières places dans le dernier sondage avec quelques têtes socialistes, dont Mars Di Bartolomeo, une vieille tige du LSAP qui réalise un retour en force
Le débat sur la politique de la Santé lui a fait du bien alors que la tentative de réforme des pensions a plombé le Premier ministre.
Le CSV est-il en train de devenir un parti superflu? En tous les cas, il s’écroule. Le partenaire junior, cette fois, récolte un certain capital de sympathie et de compétence sans être vraiment à gauche ni à droite. Des libéraux qui s’ébattent au centre en faisant plaisir au plus grand nombre.
Côté opposition, Paulette Lenert, avec 75 % d’opinions favorables, continue de surfer sur la vague covid qui l’avait propulsée sur les premières marches du podium.
La députée, assidue à la Chambre, ne fait pas d’éclats, mais son style discret plaît autant que le genre clinquant d’un Xavier Bettel qui reste néanmoins une bête politique.
Ses fidèles, comme Lex Delles, le ministre de l’Économie, ou Yuriko Backes, la ministre de la Défense, de la Mobilité et des Travaux publics, gagnent aussi des points.
Les verts peuvent compter, eux, sur Sam Tanson, qui reste dans le top 10 des politiques les plus appréciés. Elle pourrait largement contribuer à renforcer le parti écolo, sorti affaibli des dernières législatives.
Mais c’est bien le DP qui devient le parti le plus populaire et qui attire d’anciens électeurs du CSV, pour ceux qui ne choisissent pas l’ADR. Le CSV a du souci à se faire.