Le meurtrier de la petite Béatrice Berlaimont, Jérémy Pierson, a obligé un codétenu à manger ses excréments et l’a contraint à d’autres traitements dégradants.
«Nous sommes en présence de deux individus qui ont mérité d’avoir été mis à l’ombre pour de très longues périodes.» Me Dimitri Soblet, avocat de la défense, ne pouvait pas mieux décrire les deux hommes assis devant leurs avocats respectifs sur les bancs du tribunal correctionnel d’Arlon.
Le prévenu, Jérémy Pierson qui, entre autres condamnations judiciaires, a été condamné à perpétuité en 2014 pour le meurtre de la petite Béatrice Berlaimont. Les circonstances atroces du meurtre avaient défrayé la chronique et traumatisé la population arlonaise. La partie civile, Gabriel Jaspar, a été condamné en 2002 par la cour d’assises de Liège à 20 ans de prison pour le meurtre d’un garçon de 10 ans, puis à deux ans supplémentaires pour attentat à la pudeur sur mineur.
Les deux hommes se sont retrouvés codétenus à la prison d’Arlon dans la même cellule de quatre prisonniers. Jérémy Pierson est poursuivi pour traitements dégradants et inhumains, menaces et harcèlement sur Gabriel Jaspar. En plus de l’avoir menacé avec une paire de ciseaux, il lui faisait, entre autres horreurs, manger ses excréments et sucer la brosse des toilettes. Si Pierson reconnaît avoir brandi la paire de ciseaux sous le nez de Jaspar, il a une tout autre version concernant le reste de la plainte.
Des gages «de très mauvais goût»
«Nous sommes en face d’une potacherie comparable à un baptême d’étudiants, plaide Me Soblet. Les quatre occupants de la cellule jouaient à une partie d’Uno et étaient consentants par rapport à des gages, certes de très mauvais goût, imposés au perdant. Cette affaire aurait dû se limiter à d’éventuelles sanctions disciplinaires au niveau de la prison. Si ce n’est de remettre sous les feux de la rampe des assassins qui sont plongés dans l’obscurité, je ne vois aucun intérêt à ce déploiement judiciaire qui va coûter un maximum à l’État belge. Je plaide l’acquittement pour ce qui concerne les menaces et me réfère à la justice pour ce qui est des menaces. Le parquet requiert 14 mois de prison. À quoi bon! Mon client est condamné à une peine quasi incompressible jusqu’à la fin de sa vie. Quand il pourra introduire une éventuelle demande de liberté très conditionnelle, il y a longtemps que je serai à la retraite.»
Avant de clore les débats, le juge Philippe Nazé a laissé une dernière fois la parole à Jérémy Pierson. Maigre, à l’allure débraillée, il a calmement pris la parole, en s’exprimant posément pour revenir sur une autre affaire où il a écopé de deux ans supplémentaires pour avoir réceptionné des stupéfiants que sa mère lui avait fournis pendant son séjour carcéral.
Le jugement sera rendu le 12 janvier.
Christian Van Herck
(L’Avenir)