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Dans les coulisses de la construction des décors des théâtres de Luxembourg


Depuis cinq mois, les équipes des ateliers travaillent sur l’imposant décor de la pièce de fin d’année «Hänsel a Gréidel». (Photos : fabrizio pizzolante)

Tout au long de l’année, dans les ateliers de construction des décors des théâtres de la ville de Luxembourg, une petite équipe d’artisans spécialisés donnent vie aux idées des scénographes. Depuis plusieurs mois, ils travaillent sur le décor du conte de fin d’année, Hänsel a Gréidel.

Des branches jonchant le sol, des lianes tombant du ciel et une cabane en bois nichée au milieu… Non, nous ne sommes pas en pleine forêt enchantée, mais bien dans les ateliers de construction des décors des théâtres de la ville de Luxembourg. Leur responsable, Cristina, nous a ouvert les portes de son antre, là où la magie se crée. Son équipe de trois menuisiers, un serrurier et une peintre y construit chaque année cinq à sept décors pour donner vie aux pièces de théâtre.

«Chaque décor est différent, cela va d’une simple chaise à de gros décors comme c’est le cas en ce moment avec celui de Hänsel a Gréidel», explique Cristina en nous montrant des photos de précédents décors. Mais si les demandes et le résultat final diffèrent, la procédure reste toujours la même : «Le scénographe nous présente une maquette, puis nous discutons avec lui de la technique, du temps et du budget, avant de passer à la Bauprobe (NDLR : première visite technique). Si le projet est validé, nous commandons le matériel nécessaire et passons à la construction!»

Après cette introduction, Cristina nous guide à travers les ateliers. Sur le chemin, entre deux branches à enjamber, nous distinguons les postes de menuiserie et de serrurerie. «Souvent, la construction commence par une structure en acier, recouverte ensuite de bois et de patines», détaille-t-elle. Au fond de l’atelier, nous découvrons l’imposant décor de la création Hänsel a Gréidel, que l’équipe a dû monter en deux parties, la cabane d’un côté, le tronc de l’autre, faute d’assez de hauteur dans le hangar. «Nous sommes en train de le démonter pour le déplacer au théâtre et le remonter sur scène.»

Un tel décor demande de longs mois de travail : «Nous sommes dessus depuis le mois d’août, appuie Cristina, nous avons dû renforcer l’équipe.» Les plus petites productions ne demandent que quelques semaines de construction, alors que les plus grosses peuvent prendre jusqu’à huit mois. «La saison est tellement chargée que nous avons dû exceptionnellement faire construire la structure métallique en France», ajoute-t-elle.

Beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de passion

Dans les ateliers, nous rencontrons aussi les équipes, qui ne chaument d’ailleurs pas. Noémie, une artiste plasticienne indépendante appelée en renfort, s’affaire à construire des lianes, «les dernières qui vont sur le sommet». «C’est du carton gaufré autour de structures en acier. Il y aura ensuite un revêtement patiné et le tout sera habillé de feuilles», commente-t-elle tout en découpant du carton vert. Un travail «ludique» que l’habituée de décors prend plaisir à faire. Ce qu’elle préfère? La «démesure» du théâtre. «Tout est à grande échelle et touche plein de personnes… C’est un plaisir au quotidien de donner de la poésie et de créer du rêve», s’enthousiasme Noémie.

Jérôme, lui, est l’un des trois menuisiers. Il a notamment travaillé à la construction de la cabane. «Nous avons tronçonné des plaques de bois que nous avons aussi brossées pour leur donner l’aspect du bois naturel», indique-t-il en nous montrant le fruit de son travail. Lui et ses collègues menuisiers ont aussi déformé 300 à 400 mètres de lattes droites, construit des fenêtres en plexiglas et renforcé des éléments comme des tables et des chaises… Bref, ils ont fait «de tout». «C’est un métier très créatif. On part d’une simple maquette sans détails, donc il faut tout imaginer. C’est ça le plus beau du métier», sourit Jérôme.

Pendant ce temps-là, Robin est en train d’analyser l’harmonie des branches et des lianes entre elles. «C’est important de voir ce que ça donne et de quoi nous avons encore besoin», assure la peintre de l’équipe. Son travail commence dès lors que le scénographe choisit les couleurs qui donneront le sentiment du décor : «Je lui explique comment réaliser le projet, puis je lui montre des échantillons et mon interprétation.» Parfois, les scénaristes savent exactement ce qu’ils veulent, parfois… Pas du tout. «Quand ils ne savent pas, c’est plus compliqué car il faut faire et refaire avant de trouver le bon résultat», glisse Robin. Cela ne l’empêche pas d’aimer son métier qui lui permet de «voir des personnes de mondes différents travailler toutes ensemble».

En tout cas, tous tombent d’accord : l’un des meilleurs moments, c’est lorsqu’ils voient le décor prendre vie lors de la première. Mais avant ça, il aura fallu déplacer le décor jusqu’au théâtre et le remonter entièrement. Le tout en seulement un jour. Mais lorsque nous demandons à Jérôme si cela le stresse, il nous répond : «Un peu, mais nous avons beaucoup d’expérience, alors ça ira!» Le plus dur selon lui? «Retrouver où vont toutes les pièces et la centaine de vis.» Une fois sur scène, la cabane sera posée sur son tronc et prendra toute sa hauteur. Les comédiens joueront à l’intérieur, tandis que le décor tournera sur lui-même.

La pièce Hänsel a Gréidel sera à découvrir du 14 au 23 décembre au Grand Théâtre.

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