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[Cinéma] Avec «Zootopie 2», Disney repart à la chasse aux préjugés


Avec la suite de Zootopie, la firme aux grandes oreilles, régulièrement taxée de wokisme, réaffirme l’importance de la différence.

Comment nos préjugés raciaux ou sociaux peuvent-ils être instrumentalisés par les puissants ? Avec Zootopie 2, Disney livre un nouveau conte démontant nos idées reçues en confrontant son duo policier improbable entre une lapine et un renard à la peur des reptiles.

Neuf ans après le premier, récompensé par l’Oscar du meilleur film d’animation, la suite creuse l’univers de cette utopie animale qui a engrangé plus d’un milliard de dollars de recettes au box-office mondial. Et ce, toujours avec la même ambition morale.

«C’est comme dans une fable : ces animaux sont un excellent moyen pour nous de tendre un miroir reflétant la nature humaine et les erreurs que nous commettons», confie Byron Howard, l’un des deux réalisateurs.

On replonge dans la ville de Zootopie, cité moderne où prédateurs et proies cohabitent sans se dévorer, mais où le poids des clichés influence les relations sociales. Judy, première lapine à intégrer la police, vient de prouver à ses collègues buffles, hippopotames et autres phacochères – qu’elle mérite sa place au sein du service d’enquête.

Au passage, elle a noué un partenariat inattendu avec Nick, renard dont le passé d’escroc s’avère un atout précieux sous l’uniforme. L’amitié de ces recrues issues de la diversité va être mise à l’épreuve par un cambriolage perpétré par Gary, une vipère, espèce réputée meurtrière et exclue de Zootopie.

Disney dans le viseur de Trump

«On a beaucoup de préjugés sur les serpents, les reptiles en général», rappelle Jared Bush, l’autre réalisateur. Gary «est le personnage le plus gentil, chaleureux et vulnérable que nous ayons jamais créé». Malgré la réticence de Nick, Judy laisse Gary s’échapper.

Cette apparente trahison transforme les deux compères en fugitifs, pourchassés par leurs propres collègues, lors d’une enquête où ils vont découvrir comment les forces dominantes de Zootopie ont exploité les clichés pour exclure l’ensemble des reptiles.

Fidèle aux codes du «buddy movie», où deux personnages diamétralement opposés doivent collaborer, cette aventure pose une question : «Ces différences sont-elles trop importantes pour que notre partenariat réussisse ?».

Sur des rythmes de Shakira, Disney produit une nouvelle fable prodiversité. Comme pour le volet initial, sorti en 2016, cette leçon de vivre-ensemble apparaît aux antipodes du discours du président Donald Trump.

Jugée «trop woke» par certains conservateurs, Disney est actuellement visée par une enquête du gendarme américain de l’audiovisuel (FCC) examinant ses pratiques de recrutement et a supprimé ces derniers mois plusieurs programmes internes conçus pour avoir une main-d’œuvre plus diverse.

Mais pour les créateurs de Zootopie, il s’agit d’une histoire intemporelle. «En tant qu’êtres humains, il y a cette tendance naturelle à remarquer une différence chez les autres et à s’en inquiéter», observe Jared Bush. «Ce que le film dit, c’est « oui, ces différences existent, mais on est plus forts grâce à elles »».

Zootopie 2, de Byron Howard et Jared Bush. Actuellement en salles.