La Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL) réitère sa vision d’une politique sanitaire qui est la garantie pour tous d’accéder à des soins de santé de qualité avec l’hôpital au centre du système.
«Tout le monde parle d’un projet de loi ou d’un avant-projet de loi dont on ne connaît pas le contenu, alors il est difficile de s’exprimer sur ce sujet, mais jusqu’à présent, la FHL n’a pas été intégrée autour des réflexions sur ce projet de loi», affirme Sylvain Vitali, le directeur de la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL). Hier, elle a tenu une conférence de presse pour joindre sa voix à toutes celles qui alimentent le débat sur l’avenir de la politique de santé.
Les positions de la FHL ne sont pas nouvelles, elles étaient contenues dans un livre blanc publié il y a trois ans et résumées dans sa note au formateur. Depuis, le secteur sanitaire a connu des rebondissements avec l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) qui met la pression sur le gouvernement et la Caisse nationale de santé (CNS). La fédération des hôpitaux a mis de l’eau dans son vin, tout de même.
«À l’époque, nous étions formellement opposés à des sociétés de médecins. Aujourd’hui, on peut comprendre pourquoi, dans certaines conditions, des médecins veulent s’associer. Mais encore une fois, on insiste sur le cadre. Dans les sociétés de médecins, il y a de la place pour des médecins et pour personne d’autre, premièrement, et deuxièmement, nous sommes opposés au salariat des médecins par des médecins. Ce sont par ailleurs deux revendications du Cercle des médecins généralistes», précise le Dr Marc Berna, le président faisant fonction de la FHL.
Le projet de la FindelClinic, initié par deux anciens membres du conseil d’administration de l’AMMD, ne répond donc pas aux critères que se fixe la FHL. Concernant le virage ambulatoire, la FHL peut le soutenir si les équipes sont intégrées aux hôpitaux. La FHL est toujours opposée à un système entièrement libéralisé du secteur extrahospitalier. Elle liste tous les avantages d’une décentralisation en termes de proximité et de diminution des temps d’attente, mais tient à un respect absolu du cadre et aux garanties de qualité et de sécurité.
L’écosystème «hôpital» est un ensemble connecté avec des sites principaux, des sites supplémentaires, des antennes, des réseaux de compétences et des services nationaux. «On voit l’ambulatoire très bien fonctionner si les équipes sont intégrées aux nôtres et que le même cadre est respecté, en termes de qualité et de sécurité des soins, mais aussi le cadre en matière d’attractivité pour les employés à tous les égards. C’est très important pour nous afin d’éviter que les employés ou les médecins se déplacent vers un système qu’ils pourraient trouver plus attractif, par exemple, avec moins d’obligations de garde», abonde le Dr Marc Berna. Les sites décentralisés devraient exister sur le modèle de l’hôpital.
«Si d’aventure il y a une volonté politique d’ouvrir ce cadre, on en prend note, mais on voit certains problèmes qui pourraient se poser alors que notre modèle est celui où des hôpitaux pratiquent une activité décentralisée. Conceptuellement, on est ouvert à toute discussion», déclare le Dr Marc Berna.
L’importance des soins primaires
Ceci dit, la FHL a tracé les lignes qu’elle n’est pas prête à franchir. Elle continue à plaider en faveur d’un système de santé public, solidaire et universel qui a fait ses preuves et qui contribue à la stabilité et à la résilience du pays. Il faut cependant garantir la cohésion et la sécurité des soins dans un contexte mouvant, reconnaît la fédération. La population est vieillissante, les besoins en soins augmentent dans un contexte de faible croissance économique et le manque ponctuel de talents se fait sentir.
Parallèlement, l’AMMD a dénoncé la convention qui la liait à la CNS et cette décision a bouleversé tout le secteur. «Le conseil d’administration de l’AMMD a pris des positions qui ont été rejetées par les présidents des conseils médicaux et par le collège médical, c’est ce que je constate, mais aussi partiellement par le Cercle des médecins généralistes. Apparemment, il y a des avis divergents», déclare sobrement le Dr Berna.
Une dérégulation risquerait de déstabiliser le financement et l’équité d’accès aux soins. La FHL est fermement opposée à un système à deux ou plusieurs vitesses et répète son attachement à un accès aux soins universel. Les hôpitaux garantissent la couverture de tous les actes et spécialités, y compris ceux non «lucratifs». La qualité des soins et la sécurité des patients priment sur les intérêts d’acteurs individuels, affirme encore la FHL, pour qui la stabilité du système dépend de la coopération hospitalière et du respect de la planification nationale, autrement dit, de l’adéquation entre les besoins sanitaires et les moyens disponibles.
Elle souligne le rôle primordial des médecins généralistes et des pédiatres et défend une meilleure mise en réseau avec les hôpitaux. Un système de santé excellent est construit sur la base d’excellents soins primaires, conclut la FHL.