Longue chevelure blonde ondulée, maquillage appuyé, traits modelés par des injections diverses : nombre de femmes de l’orbite MAGA, portent sur leur visage l’adhésion aux idées de Donald Trump.
«J’ai simplement trouvé ma tribu» avec l’émergence du mouvement Make America Great Again du président américain, explique Melissa Rein Lively, fondatrice de l’agence de communication America First, qui promet des services «antiwoke».
«Cela va bien au-delà de la politique. Cela touche à l’amitié, aux relations sentimentales, aux relations d’affaires (…) Le look MAGA signale vraiment aux autres que vous êtes dans la même équipe», affirme-t-elle.
Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, cette «tribu» de femmes bien introduites et jouissant d’une certaine aisance financière est si visible que la presse américaine s’est mise à parler de «visage MAGA» ou de «visage Mar-a-Lago», du nom de la résidence du chef d’État en Floride.
Ces conservatrices d’un nouveau genre, presque toujours croyantes, marient traditionalisme et ambition personnelle. Ainsi, Erika Kirk, veuve de l’influenceur assassiné Charlie Kirk, qui a repris les rênes de l’organisation de mobilisation de la jeunesse de son époux.
Pendant la cérémonie d’hommages consacrée à ce fervent partisan de Donald Trump, l’ancienne Miss Arizona, tamponnant ses yeux fardés avec un mouchoir, a vanté la «beauté» de leur mariage, fondé sur un modèle biblique prônant la soumission de l’épouse à un mari protecteur.
En jupe ou robe le plus souvent, les cheveux presque toujours longs, ces femmes MAGA arborent un maquillage sophistiqué avec des sourcils marqués – leur technique préférée étant le «contouring», qui joue sur des teintes foncées et claires pour sculpter le visage. Elles recourent sans hésiter à la seringue et au bistouri pour avoir des pommettes rebondies, des lèvres charnues, un nez effilé.
Melissa Rein Lively, 40 ans, cite Ivanka Trump, la fille du président, et de Lara Trump, sa belle-fille, comme des sources d’inspiration. «Ce serait une erreur de balayer (le phénomène) en disant qu’il ne s’agit que de mode ou de maquillage», explique Juliet Williams, professeure d’études sur le genre à UCLA, «si le mouvement MAGA de Trump a réussi à revenir à la Maison-Blanche, c’est en relançant la guerre des sexes».
Le républicain de 79 ans a en effet mobilisé de nombreux jeunes électeurs avec sa rhétorique à la fois nationaliste, ultralibérale et masculiniste. Le «visage MAGA» est politique parce qu’il signale que «la valeur des femmes dépend de leur désirabilité pour les hommes», juge l’universitaire, en rappelant que Donald Trump a été organisateur de concours de beauté.
Melissa Rein Lively rejette toute idée de soumission ou de contrainte. «Absolument personne ne m’oblige à faire deux heures de sport par jour, à aller chez le coiffeur toutes les trois semaines et demi, à me faire les ongles et les sourcils, à faire du Botox», assure la consultante, qui a convoité le poste de porte-parole de la Maison-Blanche pour le second mandat Trump.
Le républicain a choisi une fidèle de longue date, Karoline Leavitt. À 28 ans, cette dernière s’est entourée de jeunes assistantes à son image, toujours apprêtées, le plus souvent chaussées de talons aiguilles, même pendant des déplacements officiels impliquant de courir en tous sens avec les journalistes.
«Je ne vois pas (ces femmes) comme des victimes de la mode ou des esclaves de Sephora, je vois des peintures de guerre» au service d’une idéologie antiféministe, précise Juliet Williams.
L’une des femmes souvent citées pour illustrer le «visage MAGA» est Kristi Noem, ministre à la Sécurité intérieure chargée de piloter la politique anti-immigration brutale de Donald Trump.
«Les extensions capillaires, la grosse bouche, les grosses joues, le maquillage, les faux-cils, on dirait qu’elle fait du drag», assène Daniel Belkin, dermatologue à New York. Les trumpistes sont très hostiles aux spectacles de drag et condamnent les chirurgies dites «d’affirmation de genre», par exemple les implants mammaires, pour les personnes transgenres.
«C’est ironique», note le médecin, parce que les femmes (et dans une bien moindre mesure les hommes MAGA) ont recours à des interventions pour affirmer leur genre, en l’occurrence accentuer leur féminité ou leur virilité.
Cette année, la série animée South Park a dépeint Kristi Noem en mégère tueuse de chiens (en référence à son autobiographie, où la ministre racontait avoir abattu son animal de compagnie), le visage ravagé par les procédures esthétiques, que ses assistants doivent constamment rafistoler pour les caméras. «C’est tellement facile de toujours se moquer des femmes pour leur apparence», a-t-elle protesté.