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Fin du changement d’heure : le Luxembourg coincé entre ses voisins


Le Luxembourg soutient l’idée d’une heure fixe toute l’année, comme de nombreux États membres de l’UE.

Le Luxembourg soutient l’abandon du changement d’heure, mais refuse d’agir seul. Avec 200 000 frontaliers traversant ses frontières chaque jour, le pays dépend étroitement de la coordination avec ses voisins.

Alors que le débat sur l’abolition du changement d’heure refait ponctuellement surface en Europe, le Luxembourg peine à avancer sur ce dossier hautement symbolique. Non pas par manque de position, mais parce qu’aucune décision ne peut être prise sans une coordination serrée avec les pays frontaliers : une situation qui place le Grand-Duché dans une posture particulièrement délicate.

C’est ce qui ressort d’une réponse ministérielle, diffusée hier, où la ministre de la Mobilité et des Travaux publics, Yuriko Backes (DP), rappelle que la position du gouvernement est claire : oui à la fin du changement d’heure, mais pas à n’importe quelles conditions.

Le Luxembourg soutient en effet l’idée d’une heure fixe toute l’année, comme de nombreux États membres de l’UE. Mais il exige, avant toute décision, une «étude d’impact complète de la Commission européenne», attendue depuis dejà de nombreuses années.

«Le gouvernement peut et veut éviter toute décision unilatérale», insiste ainsi la ministre dans sa réponse à une question du député socialiste Mars Bartolomeo.

Dans un pays où plus de 200 000 travailleurs franchissent chaque jour la frontière, harmoniser les horaires dans la Grande Région est en effet tout sauf accessoire.

La marge de manœuvre luxembourgeoise est extrêmement réduite : son fuseau horaire, son économie et ses infrastructures dépendent étroitement de ses voisins directs, à savoir la Belgique, les Pays-Bas, la France et l’Allemagne.

Le gouvernement le dit sans détour : la décision sur une éventuelle heure permanente dépendra d’une coordination entre tous ces pays, et même au-delà, jusqu’en Italie. L’enjeu ici? Éviter une Europe morcelée, où traverser une frontière reviendrait à changer d’heure. C’est simple : un décalage horaire entre le Luxembourg et ses voisins serait tout simplement impraticable.

L’Europe ne suit pas le rythme

Sur le plan européen, la situation est tout aussi bloquée, rapportent Luc Frieden et Yuriko Backes dans leur réponse commune. On apprend ainsi que la présidence polonaise avait tenté de remettre le sujet sur la table en 2025, plaidant pour une heure d’été permanente, accompagnée d’une clause de révision. Mais une seule réunion a eu lieu, sans aboutir à la moindre avancée. Depuis, le dossier n’a plus été discuté au Conseil de l’UE.

La perspective d’une décision rapide s’éloigne donc encore. Le gouvernement estime qu’une résolution en 2026 est «peu probable», faute de priorité affichée par les prochaines présidences du Conseil (Chypre puis l’Irlande) et en l’absence de la fameuse étude de la Commission européenne.

En clair : tant que Bruxelles n’avance pas et tant que les capitales voisines ne se mettent pas d’accord, le Luxembourg restera immobile sur la question du changement d’heure.