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[Cinéma] LaCinetek, l’anti-Netflix pour cinéphiles


L’un des plus grands succès de la plateforme? The Conversation, qui a valu à Francis Ford Coppola sa première Palme d’or en 1974.

Lancée il y a dix ans en France, et accessible au Luxembourg depuis 2020, LaCinetek joue la carte du patrimoine cinématographique face aux géants du streaming. Découverte.

Avec son catalogue uniquement composé de grands classiques du cinéma sélectionnés par des réalisateurs de renom, la plateforme française de streaming LaCinetek fait figure d’anti-Netflix et espère attirer de nouveaux abonnés pour perpétuer cette offre singulière.

L’idée est née au début des années 2010 dans l’esprit des réalisateurs Cédric Klapisch, Pascale Ferran et Laurent Cantet (décédé en avril 2024) de la nécessité de pouvoir visionner des films marquants, mais introuvables sur internet, alors que la vidéo à la demande (VOD) était en passe de remplacer le DVD.

À l’époque, le réalisateur de L’Auberge espagnole regrette aussi la disparition des grandes émissions de télévision sur le cinéma comme Ciné-Club ou La Dernière Séance avec Eddy Mitchell, fondamentales pour les cinéastes français de sa génération.

Le concept de LaCinetek est simple : des grands noms du cinéma donnent une liste d’une cinquantaine de films qui les ont marqués, puis les équipes du site dénichent les ayants droit du long-métrage pour pouvoir les proposer en streaming payant. «Aucun algorithme, que des recommandations humaines!», insiste Pascale Ferran.

«Pas élitiste»

Actuellement, environ 150 réalisateurs et réalisatrices du monde entier (dont Martin Scorsese, Bong Joon-ho, Wim Wenders, Céline Sciamma, Michael Haneke…) ont cité 3 500 films, dont 2 500 sont disponibles sur LaCinetek. Certains chefs-d’œuvre comme L’Avventura de Michelangelo Antonioni, sorti en 1960, ont nécessité un vrai travail d’enquête pour retrouver les ayants droit.

Les négociations avec les studios américains ont également été ardues. Les grandes majors comme Universal, Warner ou encore Paramount rechignent en général à céder les droits d’une poignée de leurs films comme le souhaite LaCinetek, qui se veut très sélective dans le choix des œuvres. «Il nous manque Disney et MGM, mais on va finir par y arriver», veut croire Pascale Ferran.

La réalisatrice de Lady Chatterley, César du meilleur film en 2007, est aujourd’hui une des principales animatrices du site, qui propose pour 4,99 euros par mois un accès à une centaine de films du catalogue, régulièrement renouvelés. Les films peuvent également être loués à l’unité.

Le site propose en outre des rétrospectives sur de grands cinéastes, des acteurs ou des actrices, ou des mouvements qui ont marqué l’histoire du cinéma. La sélection se veut la plus éclectique possible en termes de genres et de pays de production, et va du cinéma d’auteur aux blockbusters du XXe siècle.

Deux des films les plus regardés ont longtemps été The Conversation (Francis Ford Coppola, 1974), «un très grand film d’auteur pas facile à trouver», et La Chèvre (Francis Veber, 1981), «une comédie populaire que les gens sont contents de revoir avec leurs enfants», décrit Pascale Ferran.

«On n’a pas envie que ça soit un produit élitiste», insiste Cédric Klapisch, qui met en avant l’offre à 19 euros par an pour les moins de 25 ans. «On a plutôt créé le site pour des gens qui ne sont pas sur Paris», où le réseau des salles et des institutions, à l’instar de la Cinémathèque française ou des cinémas dédiés aux films de patrimoine, offre plus d’opportunités, avance Pascale Ferran.

Vingt mille abonnés

Cette dernière regrette toutefois que beaucoup d’abonnés restent encore des habitants de la capitale. La plateforme vit grâce à ses quelque 20 000 abonnés, sans publicité, ni actionnaires ou investisseurs, sur un modèle économique associatif. Elle bénéficie du mécénat et du soutien d’institutions comme le Centre national du cinéma (CNC) qui lui apporte une aide de 400 000 euros, soit environ un quart de ses recettes annuelles.

«On leur donne aussi des coups de main sur des recherches d’ayants droit ou pour la restauration de films», explique Laurent Cormier, directeur du patrimoine au CNC. «On est limite au niveau financier», admet au passage Cédric Klapisch, qui déplore l’absence de campagne marketing pour se faire connaître, faute de moyens.

Les fondateurs visent 30 000 abonnés pour plus de sérénité. Ils viennent également d’organiser trois jours de projections à Montreuil, en région parisienne, ainsi que des rencontres avec des réalisateurs et réalisatrices, pour fêter leur 10e anniversaire et faire découvrir la plateforme.

www.lacinetek.com

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