Grâce aux travaux de recherche menés par un groupe de chercheurs de l’université du Luxembourg, une citadine électrique autonome a été testée en circulation réelle au Kirchberg.
Il est à peine 10 h au quartier du Kirchberg. Alors que la circulation dense du matin s’est ralentie, une voiture un peu particulière fait son apparition dans le trafic. De l’extérieur, on pourrait croire à un véhicule classique. À quelques détails près. Car sur son toit, un petit boîtier est entouré de barres métalliques bien visibles. À l’intérieur, la citadine électrique se conduit en toute autonomie. Évidemment, ce type d’engin n’est pas encore autorisé à circuler au Luxembourg. Il s’agit d’un véhicule test.
Depuis 2018, le groupe de recherche UBIX – rattaché à l’Interdisciplinary Centre for Security, Reliability and Trust (SnT) de l’université du Luxembourg – travaille sur ce projet d’avenir. L’objectif : proposer dans un futur proche une voiture de ville totalement autonome au Grand-Duché. Le Luxembourg se placerait ainsi dans la lignée de pays tels que les États-Unis, qui ont déjà adopté cette mesure.
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En visite de travail en Californie, le Premier ministre, Luc Frieden, a pu découvrir et tester, jeudi, les véhicules autonomes déjà en circulation à San Francisco. Si le pays n’en est pas encore à ce stade, la technologie de la conduite autonome se développe à pleins gaz. Le gouvernement luxembourgeois ambitionne, en effet, de faire du pays l’un des chefs de file européens dans le domaine. Une aubaine pour les chercheurs de l’Uni qui planchent depuis plusieurs années sur ce sujet.
Des prochains tests à Schengen
C’est dans ce contexte qu’un test en conditions réelles a été réalisé, vendredi, près du campus de l’université de Kirchberg. Le tout premier avait été effectué, il y a trois ans, en 2022. Après un briefing complet sur la technologie et les différents dispositifs par le Pr Raphaël Frank, responsable du 360Lab, un laboratoire dédié à la mobilité intelligente, la démonstration peut commencer. À bord de cet engin, on découvre une multitude de technologies : des radars permettant de scanner l’environnement ambiant, des systèmes de localisation, des cartes interactives très pointues. Le tout est relié à deux ordinateurs présents dans le coffre permettant à la voiture de démarrer et circuler sans conducteur.
Au fil du parcours de trois kilomètres d’une dizaine de minutes, le véhicule, limité à 50 km/h, avance sans intervention. Il s’arrête, comme il le doit, aux feux tricolores, ralentit aux ronds-points et freine aux moindres obstacles (piétons ou voitures). Sur le parcours, le conducteur, Mehdi Testouri, ingénieur dans le projet, intervient à deux reprises. Une fois pour maîtriser un freinage et la seconde fois à cause d’un bus qui masquait un feu tricolore. Le parcours reste globalement très fluide. «Il y a encore des améliorations à faire. Même si depuis 2022, la technologie a évolué, notamment sur la perception et le contrôle des obstacles. Nous continuons la mise au point sur des circuits fermés et parfois en circulation (…). Nous allons réaliser de nouveaux essais d’ici à trois à quatre mois à Schengen dans le cadre d’un projet européen. Notre objectif est d’améliorer le flot du trafic», note Gamal Elghazaly, scientifique chercheur.
Le but est, à terme, que la voiture soit totalement autonome et sans conducteur de secours à l’intérieur. «C’est l’objectif, mais cela reste avant tout un objet de recherche universitaire», précise Gamal Elghazaly. Un avis que partage Raphaël Frank, professeur à l’université du Luxembourg. «Notre but est de montrer le fonctionnement de ces systèmes pour permettre aux étudiants travaillant dessus d’apprendre et de tester des choses. Nous ne voulons pas aller à toute vitesse avec cette voiture», appuie-t-il.
Un simulateur dernier cri
Depuis le premier test en 2022, le groupe de recherche a également développé une nouvelle technologie : un simulateur pour contrôler à distance la voiture autonome. Un peu comme un jeu vidéo de course, Mehdi Testouri, ingénieur, dirige l’engin en s’aidant des images radars envoyées par le dispositif présent dans le véhicule autonome.
«C’est un projet que nous menons notamment avec Ohmio, le fournisseur des navettes autonomes circulant à Belval. Le but était d’avoir un mécanisme pour contrôler à distance la navette en cas de souci. À terme, l’objectif est de supprimer l’opérateur qui se trouve à l’intérieur de la navette. Sur ce poste, il pourra s’occuper de dix navettes», précise l’ingénieur. Une technologie performante qui a été testée jusqu’au Portugal. «Dans le cadre d’une conférence scientifique, nous avons réussi à faire fonctionner la voiture qui se trouvait au Luxembourg depuis ce pays». Une avancée technologique que l’ingénieur espère renouveler dans les mois à venir.

Mehdi Testouri, ingénieur, teste le simulateur permettant à la voiture autonome de circuler à distance.