Trois acteurs du foot belge passés par le Luxembourg, Marc Grosjean, Dieumerci Ndongala et Frank Defays, décortiquent le début de saison de Maxime Chanot et Laurent Jans.
«À ce rythme-là, Jans ne restera pas longtemps à Beveren»
Marc Grosjean : Mes oreilles traînent toujours au Luxembourg et on m’en a toujours dit du bien. Donc je ne suis pas surpris du fait qu’il soit devenu un titulaire indiscutable à Beveren. Il a une vraie présence offensive, une bonne pointe de vitesse et des qualités techniques. Ce n’est pas un investissement qui a coûté beaucoup d’argent à Beveren, c’est un coup qui est en train de très bien marcher. C’est le type de club idéal pour un garçon qui vient du Luxembourg. Il doit être un exemple à suivre pour tous les jeunes du pays. Il n’a pas hésité à prendre le risque de partir, alors qu’on sait qu’au Luxembourg, il y a un modèle assez confortable avec une vie professionnelle et une paye pas négligeable en club. Il y a une quinzaine d’années, quand j’entraînais La Louvière, je n’avais pas réussi à faire venir Manou Cardoni.
Dieumerci Ndongala : J’ai joué des derbies contre lui quand il était au Fola et moi à la Jeunesse. Quand on a joué contre lui cette saison, on a gagné 1-0, mais je suis resté à droite, donc on n’a pas été opposés directement. J’aurais bien aimé switcher et me retrouver en face de lui, ça lui aurait rappelé nos duels au Luxembourg ! À part ça, il s’est très vite adapté à la Belgique. Il est très régulier et a même marqué un but. Là, il a un coup de moins bien, mais c’est à l’image de son club. Il montre de belles choses. À ce rythme-là, il ne restera pas longtemps à Beveren.
Frank Defays : Je l’ai vu contre le Standard le week-end dernier. Ça transpire le bon gars de vestiaire. Il lui faut encore s’adapter et s’améliorer dans la relance et les centres. À son poste, pour interpeler l’attention d’un autre club, il faut apporter un gros plus. Mais je connais très bien son entraîneur Stijn Vreven, qui a fait toute sa carrière comme défenseur droit. Alors je peux vous dire que s’il lui accorde une telle confiance, c’est qu’il lui donne entière satisfaction.
«Chanot est typiquement le profil qui manque à Bruges»
Marc Grosjean : Il a marqué trois buts : deux contre le Standard et un contre Anderlecht. Autrement dit, des buts qui marquent les esprits. Sur une saison, c’est déjà beaucoup pour un défenseur central, alors pour une demi-saison, c’est excellent. Je ne dirais pas qu’il fait partie des meilleurs à son poste. Pour moi, Scholz (Standard), Kabasele (Genk) et Mbodji (Anderlecht) sont un cran au-dessus. Mais il est en train de se faire une belle réputation. Ce n’est pas un gamin qui vient de nulle part, sa progression est constante. Il a une qualité très intéressante qui est son efficacité sur les phases arrêtées offensives. Ce n’est pas quelque chose d’automatique chez les défenseurs qui sont bons de la tête défensivement. S’il est devenu indispensable à Courtrai et que des personnes de gros clubs le suivent, ce n’est pas pour rien. Ce sont des gens compétents qui savent très bien ce qu’ils font en s’intéressant à lui.
Dieumerci Ndongala : C’est un monstre hein ! Une bête ! Quand on a joué contre Courtrai, je l’avais trouvé très costaud. Disons que tu te souviens de lui après le match. Puisque j’aime bien taquiner, j’avais chambré notre attaquant, David Pollet, qui avait eu Chanot au marquage. C’est un vrai déménageur, un mec qui aime le duel. Il forme avec Poulain l’une des meilleures charnières du pays. Ce n’est que mon avis, mais Chanot, ça fait partie du top 5 de Belgique à son poste. Nous, c’est le genre de mec dont on aurait besoin. D’ailleurs, Charleroi avait essayé de le recruter l’année dernière, mais ça n’avait pas pu se faire. Maintenant, ce n’est plus envisageable, les clubs qui s’intéressent à lui sont dans une autre catégorie que le nôtre.
Frank Defays : C’est du très, très costaud. On sent que c’est un véritable guerrier. Il contamine toute son équipe de sa rage de vaincre. Ce n’est pas le plus élégant techniquement, mais il n’est pas démuni de qualités, qu’on soit clairs. Il connaît ses qualités et ses défauts. Il sait que ce qui prime, c’est le duel. Ensuite, il relance le plus rapidement possible. Il était sous-estimé au départ, mais année après année, il s’est installé comme une valeur sûre du championnat. C’est typiquement le profil de joueur qui manque à Bruges. Avant, c’était un rouleau compresseur qui avait deux grandes tours derrière. Et ça, Bruges ne l’a plus. Le club a choisi une orientation sud-américaine, et je ne suis pas surpris qu’il s’intéresse à lui.
Matthieu Pécot