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L’Uni.lu à un tournant

Vingt-deux ans après sa création, la toujours jeune université du Luxembourg est-elle en train de vivre sa première crise majeure? Les témoignages récoltés par Le Quotidien auprès d’étudiants, doctorants et professeurs lèvent en tout cas le voile sur un climat toxique au sein de l’institution, où le harcèlement serait normalisé à travers des intimidations, des menaces et des abus de pouvoir à tous les étages (lire notre édition de mercredi)

Hier après-midi, le recteur, Jens Kreisel, entouré des autres membres du collège, a décidé de prendre position sur les graves accusations. La ligne de défense a été très académique, manquant par moments d’empathie pour les victimes présumées. Le chef de file de l’université a notamment estimé qu’il n’est pas surprenant que «des désaccords et tensions» surgissent au sein d’un établissement qui compte 7 500 étudiants et 2 500 employés. Il existerait bien des structures et procédures pour résoudre des mal-êtres (lire en page 2). Les membres du rectorat n’ont néanmoins pas été en mesure de donner un ordre de grandeur sur un malaise qui n’est certainement pas généralisé, mais qui n’est également pas à sous-estimer. Dans cet ordre d’idées, il est plutôt consternant de voir la vice-rectrice, Simone Niclou, en charge des ressources humaines, dresser le constat que «sur 10 000 personnes, il y en a toujours trois ou quatre qui restent frustrées. Et c’est peut-être parce qu’elles étaient en tort».

Une certaine prise de conscience semble cependant avoir eu lieu depuis les révélations dans nos colonnes. Au bout d’un échange d’une heure et demie avec la presse, le recteur a annoncé la mise en place d’un groupe de travail, qui regroupera étudiants et personnel. Les pourparlers à venir doivent permettre de revoir des processus défaillants. Continuer à minimiser le ressenti d’une frange de la communauté, dénonçant de sérieux dysfonctionnements, va fortement nuire à la réputation d’une université en plein essor depuis sa naissance en 2003. Elle joue un rôle clé pour le Luxembourg dans son ensemble. En plus du rectorat, le conseil de gouvernance, et plus encore la ministre de tutelle, Stéphanie Obertin, devront pleinement assumer leurs responsabilités. Car, oui, l’université se trouve à un tournant crucial.

 

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