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Tentative de meurtre dans un foyer d’accueil à Soleuvre


La victime avait été rouée de coups. Certains ont touché sa tête. (Photo : archives lq)

Yanis se rendait au commissariat pour dénoncer une rixe dans un foyer d’accueil quand il a été passé à tabac par la partie adverse. Deux frères sont accusés de tentative de meurtre.

Les deux hommes d’origine syrienne auraient asséné des coups à ce demandeur d’asile avec «une chaîne de vélo» ou «une barre de fer». C’est selon les versions des différentes parties. La chaîne de vélo qui «traînait là» de manière fort opportune serait une version inédite, selon la représentante du parquet qui a préféré s’en tenir au témoignage constant de la victime. «Ses blessures correspondent au déroulement des faits comme elle les a relatés.» Son absence hier après-midi a permis à l’avocat de la défense de laisser sous-entendre que les absents ont toujours tort.

Les faits remontent au 13 novembre 2020 dans la matinée devant un foyer d’accueil à Soleuvre. «Je n’ai pas réussi à me contrôler», reconnaît Ahmad. Le jeune homme de 26 ans a expliqué à la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg avoir ramassé une «chaîne de vélo» et l’avoir enroulée autour de son poing pour asséner des coups à Hamoud. Deux le blessent à la tête.

Yanis s’est écroulé au sol. Heureusement pour lui, ses blessures n’étaient pas mortelles. Elles auraient pu l’être, selon un médecin légiste. Les coups portés auraient pu causer une fracture du crâne ou une hémorragie. Yanis a reçu des soins ambulatoires et une dizaine de jours d’ITT.  L’experte contredit à son tour la thèse de la chaîne de vélo et penche elle aussi pour une barre de fer.

La veille au soir, une dispute était intervenue entre les familles d’Abdalbaset et de Yanis alors que ce dernier rentrait au foyer. Les deux parties en sont venues aux mains. Même les femmes se sont jointes au crêpage de chignon. La police a dû les séparer et calmer les esprits. Les deux familles ont ensuite été conviées à se rendre au commissariat dès le lendemain pour éclaircir les raisons de cette dispute. «Le soir même, nous avons eu sept versions différentes», note un policier intervenu sur les lieux.

«Une histoire bien ficelée»

Le jour de l’attaque, «Abdalbaset et Ahmad attendaient Yanis devant le foyer», rapporte un autre policier. «Yanis a évoqué une ou deux barres de fer.» La victime aurait également entendu Abdalbaset demander à son frère Ahmad «de le cogner jusqu’à ce qu’il meure». Un troisième policier ajoute que  «Yanis aurait répondu à l’épouse d’Abdalbaset qui venait de l’insulter».

Pour les policiers, l’agression était préméditée. «Abdelbaset m’a livré une histoire bien ficelée, mais il a perdu pied quand j’ai commencé à lui poser des questions plus précises. Cela m’a surpris !», rapporte l’officier de police judiciaire chargé des interrogatoires des deux frères. Eux campent sur leurs positions et affirment que l’acte était spontané. «Nous attendions un ami qui devait nous servir d’interprète auprès de la police. Nous avons été choqués quand nous avons entendu Hamoud insulter mon épouse», continue d’affirmer Abdalbaset à la barre.

Les deux frères attendaient devant le foyer depuis une vingtaine de minutes. L’agression n’a pris que quelques secondes avant que le duo ne prenne la fuite à bord de la voiture d’Ahmad. Ni chaîne de vélo ni barre de fer n’ont été retrouvées. Quant à la raison de la mésentente entre les deux familles, elle reste un mystère.

Peu importe, la magistrate conclut à la tentative d’homicide. Les deux frères auraient, selon elle, dû se douter que des coups répétés à la tête à l’aide d’un objet dur étaient potentiellement mortels. Elle a requis une peine de 12 ans de prison à leur encontre après avoir fait valoir leur absence d’antécédents judiciaires ainsi qu’un léger dépassement du délai raisonnable. Elle ne s’est pas opposée à un sursis partiel probatoire.

«Ils ont clairement pris la mauvaise décision», a constaté Me Says, l’avocat des deux frères, avant de contester la préméditation et les conclusions du médecin légiste quant à l’arme utilisée. «Nous ne contestons pas la matérialité des faits», précise-t-il toutefois avant de plaider les coups et blessures volontaires ainsi qu’en faveur du sursis intégral en leur faveur ou «sur toute la peine qui dépasse leur détention préventive».

Et d’ajouter que les deux frères seraient des prévenus exemplaires. «Ils ont respecté scrupuleusement les obligations de leur contrôle judiciaire. C’est plutôt rare.»

Le prononcé est fixé au 11 décembre.

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