Le joueur de Leverkusen a choisi de représenter l’Algérie. La DFB aimerait ainsi récupérer des indemnités de formation. Et elle a du poids pour y parvenir. Et si l’Angleterre devait un jour un gros paquet d’argent au Luxembourg pour Madjo?
Ibrahim Maza a choisi. Et ce n’est pas l’aigle allemand. Le milieu de terrain de Leverkusen, talent âgé de 19 ans seulement, a annoncé qu’il souhaitait représenter désormais l’Algérie, le pays natal de son père, après avoir fréquenté les équipes de jeunes de la DFB. Et ce choix, pour le Luxembourg, pourrait avoir une importance fondamentale.
Parce qu’il y a de ça deux mois, Brian Madjo a annoncé au CFN de Mondercange, qui le forme depuis des années, qu’il préfère se laisser le temps et tester un peu ce que l’Angleterre a à lui offrir. Le rapport de force est tellement déséquilibré qu’on se demande bien s’il n’est pas totalement naïf de penser qu’il existe encore une chance de voir Madjo dire bye-bye aux Three Lions et rejouer pour les Rout Léiwen. D’ailleurs, Manou Cardoni, le directeur technique national, avait avoué, dans la foulée, que la FLF devrait peut-être réfléchir aux moyens de se prémunir contre une fuite des talents, dans l’avenir.
Sachant le poids que le Luxembourg peut avoir dans les instances internationales, le technicien n’envisageait que des solutions internes, sans imaginer porter l’affaire vers de plus hautes sphères de décision. Logique. Mais si c’est la fédération allemande qui s’empare du sujet et réclame des règlements à l’échelle internationale?
Sept ou huit joueurs du onze de départ possèdent deux passeports
Puisque Maza, honnête, a situé le débat sur un terrain très pragmatique pour justifier son choix («L’Allemagne a d’excellents joueurs à mon poste (NDLR : milieu offensif) et il sera très difficile pour moi de m’y faire ma place»), Julian Nagelsmann lui a répondu sur le même mode : «L’équipe nationale n’a rien à voir avec le fait que je puisse jouer ici ou là. Il s’agit plutôt de savoir si je suis fier de jouer pour mon pays. Je dois ressentir cela. La discussion doit être différente de celle qui porte sur le choix du bon club.» Mais, en coulisses, ses dirigeants ont tiqué.
Notamment le directeur général de la DFB, Andreas Rettig, qui a établi exactement le même constat que celui que la fédération luxembourgeoise pourrait faire après avoir perdu un Miralem Pjanic (Bosnie), un Brian Madjo (Angleterre) ou un Gil Neves (Portugal) : «Je ne comprends absolument pas pourquoi un joueur qui a été formé pendant cinq ans principalement dans son club, mais aussi dans la fédération en tant que partenaire junior, peut changer de fédération nationale sans contrepartie financière. Nous examinons actuellement s’il existe une possibilité d’indemnisation pour la formation en cas de changement de fédération nationale. Cette question n’a pas encore été abordée à grande échelle. Mais la formation doit être profitable pour les deux parties, l’apprenti et le formateur.»
Des indemnités de formation pour un changement de fédération? L’idée va mettre des papillons dans le ventre de Paul Philipp et de son conseil d’administration. Surtout si c’est l’Allemagne qui s’empare du sujet. Car Andreas Rettig souligne que son pays n’est pas près d’être débarrassé du «problème», 43 % des enfants de moins de 5 ans ayant la double nationalité en Allemagne. Rettig enfonce le clou, parce que le problème est encore plus marqué dans les écoles de foot : «Au sein de la fédération, nous avons analysé les listes des cadres des moins de 15 ans aux moins de 21 ans : la proportion y est nettement supérieure aux 43 % mentionnés. Il y a des années où sept ou huit joueurs du onze de départ possèdent deux passeports.» La DFB est en passe de devenir le nouveau meilleur ami de la FLF.