Accueil | A la Une | Meurtre de Diana : Said, une main forte, pas un bras armé

Meurtre de Diana : Said, une main forte, pas un bras armé


Son neveu en fuite aurait, selon le prévenu, tué Diana. Lui n’aurait fait que l’aider. (Photo : archives lq)

Deux hommes s’étaient débarrassés des restes d’une jeune femme en les éparpillant dans toute la Grande Région. Le procès de Said a débuté lundi au tribunal d’arrondissement de Diekirch.

L’acte paraît fou et, pourtant, un expert psychiatre a jugé le principal suspect, «un homme banal», en pleine possession de ses moyens au moment de sa commission. Le 19 septembre 2022, un torse de femme est découvert sous un tas de déchets derrière un supermarché désaffecté à proximité de l’hôtel de ville de Mont-Saint-Martin, bourgade française voisine de la frontière luxembourgeoise. En début d’après-midi, un adolescent de 16 ans qui cherchait un coin pour uriner s’était retrouvé face au cadavre décapité et démembré.

Six semaines plus tard, de nouveaux restes humains sont retrouvés à Temmels, en Allemagne, par un passant dans un buisson près d’un parking. Un dépeceur sévissait-il dans la région ? À qui ces restes appartenaient-ils ? Y avait-il un lien avec le torse féminin ?

La justice découvrira qu’il s’agit dans les deux cas des restes de Diana Santos, une Portugaise de 40 ans vivant au Luxembourg. Des tests ADN permettront de confirmer l’identité de la victime reconnue par son ex-compagnon grâce à un de ses tatouages rendus publics par les autorités judiciaires. Les enquêteurs de la police judiciaire ont fait le reste.

Un premier suspect, Said, est interpellé le 6 octobre 2022 puis placé en détention préventive à Schrassig dès le lendemain. Ce ressortissant marocain est l’oncle du mari de la victime. Ce dernier, Gibran, court toujours, malgré les tentatives des autorités judiciaires luxembourgeoises de le rapatrier au Luxembourg. Un mandat d’arrêt international a été délivré à son encontre et plusieurs commissions rogatoires internationales sont en cours. Le parquet a demandé la disjonction de l’affaire à son encontre et l’instruction le concernant continue.

Neuf coups de couteau

Diana aurait été tuée le 18 septembre 2022, deux mois après avoir épousé Gibran à Ettelbruck. Le mariage contracté contre une importante somme d’argent – il serait question de 15 000 euros – devait permettre au ressortissant marocain d’obtenir des papiers de séjour dans le pays.

Selon l’expert légiste entendu hier, Diana serait décédée des suites d’une blessure à la carotide causée par un couteau de cuisine. L’auteur aurait frappé la jeune femme à neuf reprises. La présence d’un mélange de cannabis, d’antidépresseurs et de tranquillisants dans son sang indique qu’elle a pu être diminuée au moment de son agression.

Les résultats de l’autopsie du torse de la jeune femme n’avaient, dans un premier temps, pas révélé de traces de blessures par balle ou par arme blanche ni de violences sexuelles. Elle a vraisemblablement été tuée «dans les 24 heures» précédant la découverte du corps, manifestement «démembré à un autre endroit», avait indiqué François Pérain, le procureur de la République de Nancy en charge de l’enquête, avant d’en être dessaisi au profit du parquet de Diekirch.

Hier après-midi, Said a nié avoir tué la jeune femme. Accusé de meurtre, l’ancien chauffeur-livreur reconnaît avoir tout juste aidé son neveu à démembrer le corps après que Gibran s’est blessé à la main. À l’expert psychiatre, il aurait confié s’être trouvé devant l’appartement que partageaient Diana et Gibran à Diekirch quand il aurait entendu la jeune femme crier. Son neveu en serait sorti quelques instants plus tard et lui aurait avoué l’avoir tuée.

Said a également avoué avoir aidé son neveu à se débarrasser des restes de la victime à Mont-Saint-Martin et Temmels. Il admet les avoir transportés dans son véhicule break. On n’en apprendra pas davantage de sa part avant son audition par le président de la chambre criminelle.

Le procès se poursuivra jeudi matin avec la présentation des conclusions de l’enquête. Cela pourrait permettre d’élucider cette affaire et peut-être de comprendre pourquoi Diana Santos a été tuée.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .