Un Messin de 28 ans est incarcéré depuis octobre : il est soupçonné d’avoir violé deux femmes sorties de discothèque. Ce suspect a été interpellé et mis en examen dans la plus grande discrétion. Sa remise en liberté a été refusée jeudi.
C’est une affaire en deux temps passée jusqu’ici complètement inaperçue. Un homme de 28 ans a été mis en examen en octobre dernier, et écroué dans la foulée, pour une série de viols commis selon un mode opératoire assez similaire à Metz.
Au départ, il y a toujours une soirée en discothèque. Le 6 septembre, il dit avoir passé la nuit au centre-ville. Vers 5 h, il se dirige vers la gare. Il passe devant l’Adress, rue des Augustins. Une jeune femme sort devant lui. Elle rentre seule chez elle, avenue André-Malraux. Elle sent la présence de cet homme. La vidéosurveillance de la ville a capté ces instants où elle accélère le pas. Il la suit. Elle a peur, elle décroche son téléphone et compose un numéro, celui d’une connaissance sur Facebook.
Elle est en ligne quand elle rentre dans son immeuble. L’autre est là, il la pousse dans l’ascenseur. Il l’attrape par le cou, la frappe et lui balance un crochet au nez. Il la menace, dit qu’il est armé d’un couteau. Figée, elle ne peut s’enfuir. Elle hurle son adresse à son interlocuteur resté au téléphone : «Avenue André-Malraux! Urgent!» La police est alertée, mais il est trop tard.
Un premier dossier classé en 2014
L’agresseur appuie sur le bouton -9, direction le parking et les caves de l’immeuble. L’endroit choisi pour abuser d’elle et la forcer à une fellation. Le médecin légiste constate des traces caractéristiques sur la bouche de la jeune femme. Le sperme du violeur est récupéré par la police technique. L’homme se trouve déjà dans le fichier national des empreintes génétiques. Pour des histoires de violences. Mais pas seulement.
Un matin de mai 2014. Une jeune femme écrit un SMS à un proche. «Je viens d’être violée.» Dans un appartement du centre-ville messin.
Elle aussi venait de passer la nuit en discothèque. Après une dispute avec son copain, elle voulait rentrer chez elle en train. Éplorée en gare de Metz, elle se fait accoster par cet homme. Qui lui propose de la ramener à Hagondange en voiture. Elle est stationnée rue Taison. Finalement, ils montent dans l’appartement du jeune homme… Où, raconte-t-elle, il l’a violée en la menaçant de lui trancher la gorge avec un couteau.
À l’époque, le parquet de Metz avait classé la plainte. Peut-être parce que la jeune femme avait passé du temps dans l’appartement avant qu’il ne se passe quoi que ce soit. Désormais, l’enchaînement des faits laisse penser à un chasseur qui traque sa proie à la sortie des boîtes de nuit. Des proies alcoolisées, faciles. « Je n’ai pas besoin de forcer qui que ce soit », a contesté, plutôt mollement hier matin, le violeur présumé devant la chambre de l’instruction saisie pour une demande de remise en liberté.
« Ces faits sont obscurs. Et je trouve scandaleux que l’on ait joint les deux affaires , s’énerve Me François Battle. On renforce les procédures de façon artificielle. Que mon client soit dragueur, O. K. Mais violeur… Un expert psy dit bien qu’il n’y a pas de dangerosité chez lui. »
La juge d’instruction veut en avoir le cœur net et vient de demander une contre-expertise. « L’instruction est complètement à charge », s’insurge le défenseur. En attendant, le violeur présumé reste derrière les barreaux.
Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)