Accueil | A la Une | Passage à faune sur l’A13 : «C’est invraisemblable que ça puisse fonctionner»

Passage à faune sur l’A13 : «C’est invraisemblable que ça puisse fonctionner»


Le bras de fer autour du contournement de Bascharage n’est pas terminé. (Photo d’illustration : fabrizio pizzolante)

Les opposants au projet de contournement de Bascharage estiment que la construction du pont pour le passage de la faune sauvage ne remplit pas toutes ses fonctions.

C’est un projet qui perdure depuis des décennies. Le contournement de Bascharage fait de nouveau parler de lui. Fin octobre, les opposants au projet ont de nouveau réitéré leur mécontentement. En cause : le début des travaux de construction d’un passage à faune au-dessus de l’A13. Le 15 octobre dernier, l’administration des Ponts et Chaussées a annoncé, dans un communiqué, le début de la construction de ce pont pour la faune sauvage, situé entre les échangeurs de Sanem et de la «Biff».

Une mesure dite «compensatoire», qui a pour objectif de relier la zone protégée d’intérêt national «Dreckswis» à l’ouest avec la forêt du Bobësch à l’est. Pour Francis Hengen, président du Mouvement écologique Régionale Sud, ce projet reste très inefficace. «Il est beaucoup trop étroit pour permettre le passage de la faune. La construction du triangle ferroviaire Differdange-Bascharage va encore réduire davantage la surface naturelle existante. La faune sauvage pourra se retrouver dans une impasse», explique-t-il.

Autre problème soulevé par l’opposant : le passage des machines agricoles sur ce pont. «Ce n’est en rien une liaison de qualité. Les responsables de ce projet ne peuvent sérieusement prétendre que le très étroit passage souterrain pourra servir de piste cyclable et de chemin piétonnier. Cela n’apportera absolument rien à la protection de la nature», pointe Francis Hengen avant de poursuivre : «On élimine tout bénéfice que ce passage amène en construisant cette nouvelle route (…). La loi sur la nature prévoit qu’il y ait des infrastructures dans l’espace vert pour que ça soit compensé à un niveau élevé. Or ce n’est pas du tout le cas (…). C’est invraisemblable que ça puisse fonctionner convenablement».

Des mesures insuffisantes qui pourraient engendrer des conséquences non négligeables sur la faune sauvage locale. «Le but primordial de créer des couloirs verts pour que la faune puisse traverser les couloirs et les espaces verts dans tout le Sud ne fonctionnera pas (…). Le risque est d’avoir une réduction du système écologique du point de vue de la faune. Car ces animaux ont besoin de ces passages-là pour la reproduction.»

«Il est absurde de dépenser des dizaines de millions d’euros»

Face à cette situation, les opposants au projet du contournement de Bascharage réclament le gel de l’ensemble de ces travaux, aujourd’hui évalués à cinq millions d’euros. Et les raisons sont diverses. Historiques d’une part. «Depuis 20 ans, nous disons que nous n’avons pas besoin de ce contournement (…). C’est absolument inacceptable, dans le contexte du changement climatique, de détruire un espace forestier pour des voitures», regrette le président du Mouvement écologique Régionale Sud.

Un combat du passé qui reste toujours prégnant aujourd’hui. Alors que les travaux ont déjà été entamés, d’autres devraient suivre au premier semestre 2026. À l’automne de cette même année, la construction du pont du contournement à hauteur de l’actuelle piste cyclable de Sanem devrait également commencer. Des tronçons routiers et des ouvrages d’art doivent être réalisés étape par étape entre 2027 et 2029. Des appels d’offres publics seront lancés pour chaque tronçon.

Mais ces travaux pourraient être compromis. En effet, depuis plusieurs années, une procédure judiciaire oppose les opposants et les défenseurs de ce projet. «Il est inconcevable de commencer des travaux alors que l’ensemble de la procédure d’autorisation risque d’être annulée par le tribunal. Il est complètement absurde de dépenser des dizaines de millions d’euros dans le seul but de créer un fait accompli.» Francis Hengen cite l’exemple d’un projet d’infrastructure français qui a été annulé à la suite d’une décision de justice donnant raison aux plaignants.

«Une route a dû être détruite, alors que les travaux avaient déjà commencé. C’est quelque chose qui pourrait se produire au Luxembourg. En sachant que si nous plaidons pour l’instant en décembre 2026, il y aura sûrement des appels ou contre-appels. La décision définitive pourrait avoir lieu pas avant 2029 ou 2030. Et pendant ce temps-là, les travaux auront bien commencé», déplore-t-il. Une prochaine étape qui pourra être plus que décisive dans ce projet d’envergure.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .