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Empoisonnement au Portugal : de la prison à vie requise pour Rosa, Maria et Joao


Le lieu du crime a parlé : sa configuration n’aurait pas permis à Rosa et Maria d’agir seules, selon le parquet. (photo archives LQ)

Le parquet a démêlé ce qu’il estime être le vrai du faux dans les nombreuses versions du crime livrées par les prévenus. La prison à vie a été requise à l’encontre de trois d’entre eux.

Marco était «l’homme de trop, le rival», selon Me Veneau, l’avocat de la famille de la victime «d’un assassinat latent devant mettre un point final à une relation de couple». Lentement, «Rosa, comme une araignée, a tendu sa toile autour de Marco» avec l’aide «d’auteurs lâches, froids, fourbes et sans scrupules». «Des empoisonneurs.»

En deux semaines d’audiences, de nombreuses versions du crime ont été racontées à la barre de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg et «la famille aimerait connaître la vérité». «Chacun des prévenus se protège et brouille les pistes pour échapper à ses responsabilités», poursuit l’avocat, qui produit un certificat médical attestant que la victime avait perdu 24 kilogrammes au cours des deux derniers mois de sa vie. La preuve, selon lui, que Rosa avait déjà commencé à l’empoisonner au Luxembourg.

«Dans son dos, pendant huit à neuf mois», des proches ont planifié son meurtre, a précisé la représentante du parquet avant de partager ce qui est, pour elle, le déroulement le plus probable du crime. La magistrate est d’avis que les quatre prévenus mentent sur le lieu depuis lequel Marco a été poussé dans l’eau, de quelle manière et par qui, parce que ce lieu est à lui seul un indice précieux pour déterminer l’identité des personnes impliquées dans le crime.

Dans la version des faits de la parquetière, Marco aurait été poussé près du phare de Molho Norte, à l’embouchure du rio Mondego dans l’Atlantique. «On ne tombe pas simplement dans l’eau depuis cet endroit. Il y a des rochers sur une largeur de deux mètres», explique la magistrate. «La victime ne pouvait plus être dans un état de conscience lui permettant de les franchir d’elle-même.» Rosa et Maria n’auraient pas pu porter ou pousser «un corps inerte de 87 kilogrammes» toutes seules. Rosa a donc dû être assistée de Joao et Marco Antonio.

Compétence territoriale

Le corps de Marco devait être entraîné par les flots dans la mer pour y disparaître et ne jamais refaire surface, mais le fleuve en a décidé autrement. Le corps a été repêché quelques heures après son immersion. Un médecin légiste avait estimé que la cause de son décès était la combinaison de l’administration de l’insecticide et de la noyade. Insecticide que Rosa aurait accompagné de somnifères. Ce cocktail l’aurait rendu comateux, ce qui n’aurait pas été mortel si Marco avait reçu les soins appropriés, selon le légiste.

Dans la confusion entretenue par les prévenus, la représentante du parquet est parvenue à dégager des pistes plausibles. Tout s’éclaire : Rosa, Maria et Joao, ne parvenant pas à eux trois à déplacer le corps de Marco, ont dû persuader Marco Antonio de les aider. Rosa et Maria ont menti pour le protéger. Pour éviter que Joao ne le dénonce aux autorités, elles ont également dû le mettre hors de cause et endosser tout ou partie du crime.

Reste le problème de la compétence territoriale du tribunal, étant donné que le crime a été commis au Portugal par des citoyens portugais : si un acte d’association de malfaiteurs est commis au Luxembourg – Rosa a prélevé de l’argent de Marco avec ses cartes de crédit après son décès –, le lien d’indivisibilité joue et les prévenus peuvent être condamnés pour les faits commis au Portugal. Reste au tribunal à déterminer le rôle des uns et des autres. Rosa est considérée comme l’instigatrice par la magistrate, sa mère et Joao ont participé activement à la planification du crime. Marco Antonio, lui, serait à écarter de l’association de malfaiteurs et le tribunal ne serait donc plus compétent pour le juger.

Marco Antonio devra donc être acquitté alors que ses trois coprévenus devraient être condamnés à la réclusion à perpétuité pour assassinat et empoisonnement, selon le réquisitoire du parquet qui leur reprochait également la non-assistance à personne en danger, l’entrave à la justice et le recel de cadavre.

La parquetière n’a trouvé aucune circonstance atténuante à faire valoir en leur faveur. «Ils n’ont montré aucun remords», uniquement «du mépris», estime-t-elle. Quant au mobile du crime, il serait «tristement banal». La mère et la fille en avaient après la prime d’assurance-vie de Marco, et Joao aurait agi par amour pour Rosa. Ironiquement, Rosa, qui se serait déjà vue à la tête d’une fortune de «500 000 euros», ne savait pas que l’assurance-vie avait été annulée par la banque de Marco, faute de versements.

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