Auteur d’un triplé qui porte son total à huit buts en BGL Ligue, dimanche face à Rodange, l’attaquant strassenois Nicolas Perez signe, à 35 ans, l’un des meilleurs débuts de saison de sa carrière.
En signant un triplé, le troisième de sa carrière en BGL Ligue, dimanche lors de la victoire de Strassen contre Rodange (5-0), Nicolas Perez s’est offert un joli cadeau d’anniversaire, lui qui fêtait ses 35 ans ce jour-là. Le Français a aussi honoré de la meilleure des manières le stade An de Millewisen, la toute nouvelle enceinte de l’UNA, dont le projet de construction avait pesé dans son choix de rejoindre, un peu à la surprise générale à l’époque, le club présidé par Luc Hilger à l’été 2021.
Comment est-il, alors, ce nouveau stade?
Ah, il est magnifique! Ça change, dans tous les sens du terme. Le gazon est hybride et dimanche, ça s’est vu : malgré la pluie, elle est restée bien accrochée. C’est toujours plus motivant de jouer sur une belle pelouse et avec du public. Le vestiaire est top et ce nouveau panneau d’affichage, où on voit nos visages quand on marque, c’est un petit plus. J’espère que ce nouveau stade, qui plus est avec cette buvette fermée, un peu dans le même délire qu’à Differdange, va attirer beaucoup de monde. Ce n’est pas encore fini, mais on voit déjà un changement : dimanche, la tribune était assez remplie.
En 2021, ce projet avait pesé dans votre décision de passer du Swift à Strassen. Avec le recul, vous ne devez pas regretter ce choix…
Quand je suis arrivé au Luxembourg il y a huit ans (en 2017, à Differdange), j’avais un petit plan de carrière et celui-ci s’est déroulé comme je l’avais prédit et prévu. C’est ma cinquième année à Strassen et en dehors de Denis (Agovic), il n’y a que Koray Özcan et moi qui sommes là depuis si longtemps. On a vu grandir le club, à une échelle vraiment haute, et on est heureux et fier de rester dans ce projet. Je ne me suis jamais senti aussi bien dans un club au pays. Strassen, c’est familial, avec un président et un comité au top, il y a juste à s’épanouir ici. A vrai dire, je suis même dégoûté d’avoir déjà 35 ans.
«Quand on voit un Vova qui enchaîne les kilomètres au milieu, c’est vraiment inspirant»
Cela dit, le temps ne semble pas trop avoir de prise sur vous.
C’est vrai! Il y a cette phrase, qu’un arbitre m’avait dit en plein match, un jour : «Vous êtes comme le vin rouge, vous bonifiez». Ça m’a marqué. L’âge, ce n’est qu’un chiffre, parce qu’à 35 ans ou à n’importe quel âge, on peut être plus performant que des jeunes. Tant que le corps va bien, que tous les voyants sont au vert, et que les personnes ne reflètent pas l’âge… quand on voit un Vova qui, à bientôt 40 ans (en décembre), enchaîne les kilomètres au milieu, c’est vraiment inspirant pour les autres joueurs du pays.
Le club a-t-il grandi de manière inespérée, ces quatre dernières années?
Inespéré, le mot est fort, peut-être. Mais on s’attendait pas à un impact aussi rapide car la première année, on était en milieu de tableau (6e en 2021/2022, avec 19 buts en championnat pour lui) et la deuxième, j’ai eu un peu plus de mal car me suis lancé dans le monde professionnel (il n’a marqué que 6 fois en BGL Ligue, et Strassen a fini 9e). Mais il faut saluer le travail du président et du comité car ils sont très ambitieux. Même si Luc est très discret, il met tous les moyens et le travail nécessaire pour faire grandir le club.
Et vous, les joueurs, à quel point êtes vous ambitieux cette saison? Jusqu’où peut aller Strassen, leader provisoire avant le Differdange-Racing de mercredi soir?
Vu notre effectif et le travail du comité et du staff, bien sûr qu’on vise l’Europe. Surtout quand on y a déjà goûté. Les voyages, ça soude un groupe, que ce soit l’avion, les galères, les moments à l’hôtel, les matches, ça crée vraiment une cohésion d’équipe qu’on ne peut pas retrouver ailleurs. Donc l’objectif, c’est l’Europe, tout en gardant la tête sur les épaules. On est devenu un club très ambitieux, alors on va aussi jouer la Coupe à fond. J’ai aussi envie de goûter au nouveau stade (le stade de Luxembourg), jouer au moins une fois dessus avant la fin de ma carrière.
L’Europe, la Coupe, mais pas le titre?
Champions? Non. Je le dis à chaque interview : c’est ma neuvième saison au Luxembourg, et on sait que le championnat se joue après le mois de décembre. Là, on verra vraiment où on est. Mais le titre n’est pas l’objectif principal. Maintenant, vu notre dynamique (25 points en 11 matches) et ce qu’on propose dans le jeu, on va jouer le coup jusqu’au bout.
«Si je dois faire la passe à Matheus pour qu’il finisse meilleur buteur, je la ferai avec plaisir»
A titre personnel, vous n’avez plus passé la barre des 10 buts en championnat depuis votre première saison à Strassen. Vous n’en êtes déjà plus très loin…
Honnêtement, mon objectif est d’abord d’engranger le plus de bons souvenirs possibles, et d’essayer de jouer la Coupe d’Europe chaque année qu’il me restera à Strassen. Je vais bien sûr essayer de passer la barre des 10 buts, mais il ne faut pas oublier que je suis un joueur d’équipe. Les autres saisons, je finissais toujours à huit ou neuf passes décisives. J’arrive aussi à vivre avec ça, même si les buts, c ‘est ce qui me motive.
La saison dernière, vous jouiez parfois plus bas, en soutien des attaquants. Etiez-vous heureux à ce poste?
Mon vrai poste, ça a toujours été numéro 9, car ma qualité première reste la finition. Mais sans prétention, en neuf et demi ou en 10, j’apporte aussi beaucoup, car j’ai l’intelligence de jeu pour jouer dans cette position. Quand on joue à deux devant, Matheus (meilleur buteur du championnat en 2024/2025) prend tout de suite la profondeur si je décroche car il sait que je peux lui apporter beaucoup de passes décisives.
Pour l’heure, vous êtes co-meilleurs buteurs du championnat. Peut-on parler de petit duel?
Oui et non. Avec Matheus, on ne parle pas la même la langue mais on se comprend sur le terrain et en dehors, le respect mutuel est flagrant. Notre entente dans le jeu est vraiment forte, et je n’ai pas de problème à finir derrière lui au classement des buteurs. La preuve : je le laisse tirer tous les penalties. C’est même moi qui prends le ballon et lui donne. Si, face au gardien, je dois lui faire la passe pour qu’il finisse meilleur buteur, je la ferai avec plaisir.