Accueil | A la Une | Des blocs de couleurs au lieu de lignes de codes au Code Club Luxembourg

Des blocs de couleurs au lieu de lignes de codes au Code Club Luxembourg


Des conducteurs, un Makey Makey, un programmeur, un ordinateur et n’importe quel fruit peut miauler.

Programmer, c’est créer. Plein de choses. Du palpable comme de l’impalpable. De l’utile et du futile. Les jeunes participants au Coding Goûter l’ont appris en s’amusant ce dimanche.

Comment faire miauler une banane avec le kit Makey Makey, créer des objets avec une imprimante 3D, dessiner des mandalas à l’infini sans toucher un crayon ou une feuille de papier ou développer son propre jeu vidéo en quelques clics de souris?

Un jeu d’enfant dont il suffit de connaître les règles. L’imagination, la logique et des outils informatiques ou de mignons petits robots font le reste.

Pour l’apprendre, nul besoin d’aller dans la Silicon Valley, il suffit de se rendre soit dans une des antennes du Code Club Luxembourg, soit à leur Coding Goûter au Technoport d’Esch-Belval. Il se tenait hier.

Une centaine de gamins de moins de douze ans étaient attablés face à des ordinateurs, les neurones en ébullition, tout à leurs tâches. «Nous avons importé le principe de Grande-Bretagne il y a douze ans», note Patrick, un des bénévoles de l’association.

«La programmation informatique est enseignée à l’école de manière frontale. Ce n’est pas amusant. Ici, ils apprennent de manière légère», l’interrompt Ingrid, une autre bénévole.

Le club utilise Scratch, un programme développé au MIT à des fins pédagogiques. Pas besoin de taper de longues lignes de codes, il suffit de sélectionner la bonne série de blocs colorés pour guider un robot vers la sortie d’un labyrinthe ou dessiner des formes plus ou moins élaborées, par exemple.

«Impossible de faire une faute de frappe et plus besoin de retenir toutes les lignes de codes par cœur», précise Patrick. L’envie vient en codant, mais «le but du club n’est pas de former des milliers  d’informaticiens», même si d’anciens membres «apprennent l’informatique quantique ou l’électronique à l’université». Et pas uniquement des garçons.

À une époque où l’intelligence artificielle prend de plus en plus de place, la programmation garde toute son importance. Un atelier apprend aux enfants comment l’IA est nourrie par des informations pour retenir des concepts. Ce qu’est une bouteille, par exemple. Des enfants cherchent des images de bouteilles et les donnent à l’ordinateur.

«C’est une forme de programmation également», précise notre guide dans ce monde de l’impalpable. «Un ordinateur est une machine. Il a besoin de directives et d’informations pour fonctionner de manière intelligente» et exécuter des tâches simples et complexes.

Ces informations lui sont transmises via des lignes de codes plus ou moins longues dans des langages informatiques que l’ordinateur comprend. L’humain conduit la machine à agir. À défaut de volant, les enfants utilisent les blocs de couleur et les enregistrent.

Un langage comme un autre

Ce petit robot trouve la sortie du labyrinthe grâce aux commandes précises de son partenaire.

 

«Les enfants apprennent la patience. Leurs programmations ne marcheront peut-être pas du premier coup. Il devront trouver et comprendre ce qui n’a pas fonctionné avant de recommencer jusqu’à ce que cela fonctionne», indique Patrick.

«Au départ, ils doivent se donner un but, puis faire un plan pour l’atteindre. Ensuite, seulement, ils peuvent commencer à coder.» Le moindre mouvement doit être pensé. Les jeunes participants n’ont aucune difficulté à maîtriser le sujet. Tout paraît fluide et simple.

Derrière les pixels des jeux électroniques se cachent des chiffres et des lettres dont l’agencement forme une image. Les plus petits participants à ce Coding Goûter l’apprennent à l’aide de Post-it colorés. Ils les collent sur les fenêtres du Technoport pour créer des fleurs ou des animaux sortis de leur imagination.

«C’est un mélange de logique et de créativité», explique Patrick avant de nous entraîner dans un atelier pour les plus grands où on code «vraiment» avec des chiffres, des lettres et des signes. «C’est un langage comme un autre.»

À une table, à l’autre bout de la salle, les plus avancés peaufinent le design des personnages de leur jeu vidéo. «Nous leur remettons des documents de cours qui leur expliquent les différentes étapes. Le but est de pousser les enfants à aller plus loin, à répéter leurs manipulations. Cela leur apprend à réfléchir et à tester leurs connaissances», continue Patrick.

D’autres enfants, aidés de leurs parents ou de bénévoles du club, programment des petites voitures pour qu’elles rassemblent les ingrédients d’une boisson acidulée. Tout le monde est très concentré. La moindre erreur et la recette sera gâchée. La réflexion nécessaire à la programmation pousse les enfants à utiliser leur sens critique.

Tous ces différents ateliers doivent amener les enfants à comprendre un concept, à le maîtriser et à leur donner envie d’aller plus loin. De remplacer les fantômes du jeu par un loup-garou ou de faire parler la banane plutôt que de la faire miauler.

Tout devient possible quand on sait comment s’y prendre. Le Code Club Luxembourg fait le reste. Pas besoin d’être un geek pour se lancer.