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Rosa le jure, cette fois, elle dit la vérité sur le crime au Portugal


Ce qui s’annonçait comme une simple affaire d’empoisonnement devient plus complexe d’audience en audience.

La suite de l’interrogatoire de Rosa a tourné au vaudeville jeudi après-midi. Elle se perd dans ses différentes versions données au fil de l’enquête et jure, cette fois, de dire la vérité.

La décision de se débarrasser de Marco aurait été prise «autour d’une table à Esch-sur-Alzette» par Rosa, sa mère et leur amant commun. Comment le trio en est-il arrivé là ?

La présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg essaye d’obtenir une réponse depuis la veille. Rosa ne s’explique pas clairement. Tout le monde aurait menacé de lui enlever sa fille : Marco si elle le quittait, sa mère si elle apprenait qu’elle entretenait une relation avec son compagnon… alors, en femme faible et désorientée, elle se serait exécutée.

«Après une énième dispute avec Marco, j’ai dit à ma mère : un jour, je vais le tuer. Elle m’a dit : alors tue-le ! L’idée a germé dans ma tête», a relaté une Rosa pleine de remords hier après-midi.

«Ma mère et Joao m’ont mis la pression pour que je passe à l’acte.» «À l’époque, vous aviez cru vous en sortir facilement», lui lance la juge qui ne croit pas en sa prétendue faiblesse. «Vous avez beaucoup ri et vous vous êtes beaucoup amusée. Vous avez plumé ses comptes après sa mort. Alors ne nous parlez pas de remords.»

Elle change de version et accuse sa mère et son amant de l’avoir forcée à prélever de l’argent. «Jusqu’à présent, je n’ai jamais dit la vérité», reconnaît la prévenue. «Ça, nous le savons», répond la juge agacée. Rosa et ses trois coprévenus ont, à de nombreuses reprises, fait varier leurs versions au cours de l’instruction au point de se perdre dans leurs propres mensonges et d’en rajouter dans l’espoir de s’en sortir. Difficile dans ces conditions de parler de remords.

«Joao a versé le poison»

Le soir du crime, «le 3 août 2021, vers 22 h, Joao m’a demandé les verres. C’étaient des verres à shot. Ils étaient tous différents. Joao y a versé le poison», poursuit Rosa qui a servi les verres. «Je savais quel verre servir à Marco.»

Ensuite, elle l’aurait demandé en mariage et ils auraient trinqué joyeusement. «À chaque interrogatoire, vous nous racontez une autre histoire», constate une fois de plus la juge. «Vous battez presque des records en matière de sang-froid.»

«Plus tard, Marco m’a demandé un thé parce qu’il avait mal à l’estomac. J’ai mis deux ou trois de ses comprimés dans le thé.» Au milieu de la nuit, l’homme de 46 ans se serait senti mal. «Je lui ai demandé de me suivre.»

Maria, Rosa et un Marco chancelant seraient partis en voiture sans but précis. «Ma mère m’a montré le chemin» jusqu’au rio Mondego. La mère et la fille auraient «aidé Marco à sortir» de la voiture pour le pousser à l’eau.

«Je croyais que votre mère était restée dans la voiture ?», lance la juge. «Je n’ai jamais dit la vérité. Maintenant, je vous la dis et je regrette ce que j’ai fait», répète la prévenue à qui veut l’entendre. «Nous l’avons poussé et sommes parties sans nous retourner.»

Le lendemain, après une courte nuit de sommeil, en lui préparant un café, son fils lui aurait demandé où était passé Marco. Elle lui aurait répondu : «Ce qui est fait, est fait !». Ce à quoi le jeune homme aurait dit : «J’aurais dû le faire».

Ce qui suggère que Marco Antonio était au parfum du crime. Dans la salle d’audience, le jeune homme n’en croit pas ses oreilles. «Dans sa version 3 ou 4 ou 5, Joao a accusé votre fils de vous avoir accompagnée jusqu’au fleuve», lui oppose la juge.

Rosa n’en est plus à une contradiction près. L’interrogatoire tourne au vaudeville, sans queue ni tête. La présidente de la chambre criminelle a du mérite. Elle se balance doucement de gauche à droite sur son siège. Rien ne paraît logique dans les différents scénarios qui lui ont été servis.

Rosa prétend avoir menti jusqu’à présent pour préserver sa maman. Mais dans tous ces mensonges, comment la croire ? C’est l’histoire de l’enfant qui crie au loup. À la fin, plus personne ne le croit.

Les juges ne sont pas sortis de l’auberge et ce n’est pas Maria Clara qui va les y aider. Elle aussi assure avoir menti depuis le début. Joao l’aurait menacée de la priver de sa petite-fille et de la battre. «Il voulait l’emmener en Angola.»

Joao apparaît atterré par ces accusations. «Bonne chance si vous pensez que nous allons croire que cela vous impressionnait !», la juge hausse le ton et lance, sarcastique : «Nous venons d’entendre la vraie vérité de la bouche de sa fille.» Maria assure : «Elle a menti !»

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