Le gouvernement vise à déployer, à partir de 2028, des véhicules autonomes sur les routes du pays. Les robotaxis en font partie, mais, dans un premier temps, un conducteur humain restera à bord.
«Il s’agit d’une grande chance qui servira à la fois la qualité de vie des citoyens et la sécurité sur les routes», affirme Yuriko Backes, la ministre de la Mobilité, au moment de présenter, hier, la stratégie pour positionner le Luxembourg comme pionnier de la conduite automatisée en Europe.
Au Grand-Duché, les véhicules autonomes ne sont pas une nouveauté, en soi. Des essais scientifiques sont en cours au Kirchberg (université de Luxembourg) et dans le village de Lenningen (Pony.ai). À Belval (CFL) et à Esch-sur-Alzette (Uelzecht Mobil) circulent des navettes autonomes.
«Nous voulons désormais aller plus loin», annonce Yuriko Backes, rappelant au passage que «la conduite automatisée n’est plus quelque chose de futuriste. Elle est déjà une réalité et va toujours plus faire partie de notre quotidien».
Une mise en œuvre «progressive et maîtrisée»
L’objectif est de mettre en place un cadre légal ouvrant la voie à la circulation régulière de véhicules autonomes au Luxembourg. La sécurité routière, la cybersécurité ainsi que les questions de responsabilité juridique vont faire partie d’un projet de loi qui doit être ficelé avant la fin de cette année.
«Pour que le déploiement de la conduite automatisée puisse réussir, il nous faut créer de la confiance. Elle doit être acceptée, comprise et adoptée par la population et les parties intéressées», indique la ministre libérale.
Un échéancier «réaliste» est que le texte de loi soit adopté courant 2027 par la Chambre des députés. À l’horizon 2028, le Grand-Duché pourrait ainsi devenir le premier pays européen à permettre le déploiement d’une flotte de véhicules autonomes sur son territoire.
Si la stratégie se veut «ambitieuse», les usagers devront toutefois encore attendre avant de pouvoir prendre place dans un robotaxi sans chauffeur. Il en va de même pour les navettes autonomes et la conduite automatisée sur les autoroutes, deux autres des cinq cas d’usage prioritaires, ancrés dans la feuille de route.
«Ce que nous proposons s’oriente autour des niveaux d’autonomie 1 et 2 (NDLR : assistance partielle). Les discussions sont en cours pour mettre en œuvre les niveaux 3 et 4 (NDLR : conduite autonome renforcée).
Le niveau 5, soit la circulation de véhicules sans chauffeur à bord, n’est pas prévu pour le moment. Mais je ne veux rien exclure», détaille la ministre de la Mobilité. «L’intégration du progrès technologique rapide doit se faire de manière progressive et maîtrisée. Ce ne sera pas possible de la faire en un seul coup», ajoute-t-elle.
Écosystème, recherche et développement
Le deuxième volet de la stratégie est de stimuler l’écosystème numérique et industriel afin de permettre le développement technologique de la conduite automatisée au Luxembourg. L’«AutoMobility campus», installé à Bissen, doit servir de plateforme prioritaire pour attirer de nouveaux investisseurs et talents.
«Un incubateur y sera installé, avec l’idée de rapprocher les entreprises, leur permettre d’interagir et de bâtir ensemble le nouvel écosystème de la conduite automatisée. La recherche, le développement et l’innovation vont en faire partie intégrante», résume le ministre de l’Économie, Lex Delles.
Selon une étude du cabinet McKinsey datant de 2023, le marché mondial de ce secteur aura, à l’horizon 2035, une valeur située entre 300 et 400 milliards d’euros. Le Luxembourg est décidé à ne pas rater le bon wagon.
Quels véhicules seront utilisés et où ?
ROBOTAXIS Il est prévu que des taxis autonomes circulent sans conducteur dans les rues de Luxembourg.
NAVETTES Des navettes automatisées pour assurer le «last mile» (dernier kilométrage) doivent être intégrées dans les réseaux de transport public.
PARKING Les manœuvres pour le stationnement de voitures par des valets, sur des sites à circulation restreinte, seront automatisées.
LOGISTIQUE Un accent est mis sur le secteur de la logistique automatisée pour répondre aux défis du transport des marchandises.
AUTOROUTES Le chauffeur automatique doit assurer une conduite plus sûre et plus fluide sur les grands axes autoroutiers.