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Sachets de nicotine : «On en voit partout à l’école»


Afin d’alerter sur la mode de la consommation de sachets de nicotine, la CNEL a interrogé 1 017 lycéens à travers le pays.

La Conférence nationale des élèves du Luxembourg a tenu une conférence de presse mardi afin d’appeler les autorités à l’action contre la prolifération des sachets de nicotine dans les écoles.

Dans sa volonté de représenter et veiller aux intérêts de tous les élèves, la Conférence nationale des élèves du Luxembourg (CNEL) a pris la parole mardi afin de mettre la lumière sur un problème de santé publique : la consommation de sachets de nicotine.

Ces derniers se consomment aussi discrètement que rapidement. Après avoir sorti une boîte de conserve qui tient dans une poche, il suffit d’y saisir un petit sachet blanc, de le placer entre sa gencive supérieure et sa lèvre puis de le recracher à sa guise, au bout de cinq comme de quarante minutes. D’après les représentants de la CNEL, ce genre de scène est courante, dans n’importe quel établissement scolaire du pays.

«On a constaté autour de nous que beaucoup d’élèves, certains encore très jeunes, consomment ces sachets et cela nous a choqués donc on a décidé de lancer une enquête», raconte Alex Lipps, 20 ans et inscrit au lycée des Arts et Métiers.

Consommé par un élève sur cinq

Afin d’estimer la popularité des sachets de nicotine, la CNEL a donc interrogé 1 017 lycéens entre mai et mi-juillet 2025 en utilisant le terme «snus», bien qu’il s’agisse de deux produits différents. En effet, le snus est le seul qui contienne du tabac mais «c’est comme ça que dit la jeunesse donc on l’a utilisé pour être compris».

Toujours est-il que le premier chiffre donné est sans appel : 21 % des sondés disent avoir déjà consommé du snus une fois ou en consomment régulièrement, soit un élève sur cinq. Pour les représentants d’élèves, il s’agit d’«une tendance inquiétante» mais loin d’être surprenante. «On en voit partout à l’école. Ils en consomment à midi, pendant la pause de dix minutes et même dans les couloirs entre deux cours puisque c’est pratique et cela ne se voit quasiment pas.»

Alessio Pacciotti, élève à l’école de commerce et de gestion, témoigne avoir constaté l’arrivée du snus il y a environ deux ans et «c’est devenu une mode» à l’instar des puffs (NDLR : cigarettes électroniques jetables). Comme pour toute mode, la CNEL assure que la curiosité et la pression des pairs jouent un rôle crucial dans sa popularisation, ainsi que les supposés bienfaits de la nicotine. Cette dernière provoque une poussée d’hormones du bien-être et d’adrénaline qui conduit les jeunes à l’utiliser «comme un moyen de gérer le stress à l’école, d’avoir une meilleure concentration lors des apprentissages ou encore de contrôler leurs émotions» selon l’enquête.

La CNEL se veut d’autant plus alarmante que deux tiers des lycéens interrogés continuent d’en consommer après leur première fois et que 40 % d’entre eux ne pensent pas à arrêter. Parmi les obstacles au sevrage, «34 % citent la dépendance et l’habitude comme principales raisons» et «26 % citent les effets ressentis».

«Ils manquent d’’informations»

«Personnellement, j’ai dit plusieurs fois à des amis d’arrêter mais je suis convaincu que le problème c’est qu’ils ne sont pas informés, qu’ils manquent d’’informations» confie Alessio. D’après la Fondation cancer, une addiction à la nicotine «comporte toujours le risque de basculer vers la cigarette ou d’autres produits du tabac» et «20 % des consommateurs de snus deviennent des fumeurs de cigarettes quotidiens».

Quelque 62 % des consommateurs eux-mêmes, majoritairement des garçons, déplorent un manque d’informations sur les risques, tandis que 27 % des sondés soulignent la nécessité d’une approche pédagogique. «Il y a beaucoup de professeurs qui ferment les yeux et disent que ce n’est pas à eux de leur dire d’arrêter parce que ce n’est pas interdit.»

Outre une meilleure sensibilisation à l’école et un travail conjoint avec les parents, la CNEL souhaite «pousser rapidement» le vote du projet de loi 8333 qui comporte, entre autres, des réglementations sur la commercialisation des sachets de nicotine, l’interdiction de certains arômes et une limitation du taux de nicotine.

Malgré tous les dangers, l’enjeu selon eux n’est pas d’interdire, car l’interdit pourrait accentuer le désir. «Je pense qu’il y a d’autres moyens pour convaincre les jeunes que ce n’est pas un produit pour eux et qu’il est nocif» assure Alex. Ce dernier, tout comme la CNEL, plaide néanmoins pour contrôler la vente aux mineurs et rendre les produits moins accessibles et attractifs (lieux de vente, design, saveurs). «Il est temps d’agir au niveau politique. Il n’est pas trop tard !» conclut le rapport.

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