Comme annoncé en septembre dernier, le centre commercial Cactus Esch-Lallange ouvrira ses portes le 29 octobre. Une inauguration sous le signe de la nouveauté et qui met fin à des années d’attente et de doutes.
Dans n’importe quel désert aride, le cactus parvient à sortir de sols aussi craquelés que secs. Malgré cela, l’implantation de cette plante à la force d’adaptation exceptionnelle ne s’est pas passée comme prévu sur les terres d’Esch-sur-Alzette. Lancé en 2009 et visant une date d’inauguration en 2011, le projet du centre commercial Cactus Esch-Lallange s’est enlisé au fil des années, entre les démêlés judiciaires, les incertitudes, la refonte des plans et le covid.
Quatorze ans après la première date d’ouverture annoncée, le nouvel ensemble mixte du groupe va enfin pouvoir ouvrir ses portes le mercredi 29 octobre, au croisement du boulevard Grande-Duchesse-Charlotte et de la route de Mondercange.
«C’était un chantier complexe», euphémise Laurent Schonckert, le directeur général du groupe, au moment de retracer l’historique d’un dossier qui a coûté près de 150 millions d’euros. Toujours est-il que dans huit jours, les clients pressés et les curieux pourront découvrir un hypermarché d’une surface de vente de 7 000 m² et une galerie marchande de quinze locataires, entre commerces, loisirs, services et bien-être. «Vous allez le voir à l’ouverture, cela valait le coup d’attendre.»
Des nouveautés dans les rayons
C’est Fabrice Furgala, le gérant de ce troisième plus grand Cactus du pays, qui est chargé de faire le tour du propriétaire. Le directeur général le présente rapidement : «Il a 31 années de service, il connaît bien la maison. Il a géré une petite structure, puis une moyenne à Mersch et a déjà eu un parcours à Esch il y a une dizaine d’années de cela.»
«Serein mais impatient» à l’approche de l’ouverture, le responsable délivre un flot d’informations continu lorsqu’il arpente et présente les rayons du supermarché. Parmi les nouveautés, vante Fabrice Furgala, il y a les «caisses libre-service qui sont les premières dans l’histoire du groupe». Il précise tout de même : «On ne renie pas notre ADN : il y aura aussi une ligne de 20 caisses».
«Pour la petite histoire, ce projet a vu le parcours et la collaboration de cinq bourgmestres différents entre la première vue et la finalisation que vous voyez aujourd’hui.» Cette succession d’élus évoquée par Laurent Schonckert illustre à elle seule le chemin parcouru par le Cactus Esch-Lallange. Et la complexité du dossier, devenu un serpent de mer au fil des années.
À l’origine, Cactus est installé sur le terrain du nouveau centre commercial depuis 1972 et l’ouverture d’un supermarché avec 2 300 m² de surface de vente. «Il faut remonter à l’époque, c’était énorme, rappelle le directeur général du groupe. C’était la plus grande surface alimentaire du pays.» Après vingt ans d’exploitation, «nous avons réfléchi à comment faire mieux» et le groupe décide donc de construire l’actuel Cactus route de Luxembourg avec 6 000 m² de surface. Il s’agit là d’un déménagement partiel, puisqu’un Hobbi sera conservé sur le premier site, comprenant un drink shop et un restaurant.
15 000 m² et 50 boutiques
Finalement, le Hobbi de Lallange est détruit en 2008 «pour faire de la place pour un nouveau projet d’envergure énorme». Ce projet, c’est la construction d’un centre commercial comprenant un supermarché de 15 000 m², «comme à la Belle Étoile et à Bascharage», et une galerie de 50 boutiques, «soit la moitié de la Belle Étoile». L’ouverture était prévue pour 2011, mais il n’en sera rien.
«Comme cela arrive dans la vie d’un projet, il y a eu une opposition formelle de la part de certaines personnes», résume Laurent Schonckert. Un collectif de riverains avait effectivement lancé des recours contre le chantier auprès du Tribunal administratif. Selon les habitants qui souhaitaient son interdiction, le projet ne respectait pas le plan d’aménagement général de la commune. «Nous sommes dans un État de droit, ils avaient le droit.»
Après le tribunal, la crise du covid
Après quatre ans de procédure, jusqu’en appel, Cactus obtient finalement gain de cause fin 2013. Bien que victorieux sur le plan judiciaire, la mise en pause du projet pendant quatre ans a changé sa vision : «Les temps ont changé et on s’est dit que, quand même, le projet était disproportionné par rapport à l’endroit où l’on se trouvait.» Rebelote donc afin de monter un nouveau dossier, celui du centre qui ouvre à la fin du mois, plus modeste cette fois.
Le chantier repart finalement au début du printemps 2020, juste avant que la crise du covid ne marque un second coup d’arrêt. «Le hasard des choses est parfois comme cela», relativise aujourd’hui le représentant de l’enseigne.
La cave à vin et «ses quarante références pour tous les prix» sont également un argument commercial novateur, tout comme les comptoirs de produits frais (boulangerie, boucherie, traiteur, desserts) qui «seront plus grands et plus visibles». Ces derniers proposeront notamment les produits locaux des sept filières du groupe pour la viande, le pain ou les légumes.
Le surgelé aura également la part belle et le rayon bio sera étoffé. Le client trouvera aussi dans les rayons les arts de la table, le multimédia, la papeterie, les jouets, le textile et un coin fleuriste. Une fois les courses terminées, ou avant de les commencer, les clients trouveront à l’entrée du supermarché un point de vente de tabac, une boutique de bijoux et un espace Post.
L’immobilier, «un bel exercice»
Outre le supermarché, la galerie marchande étoffe l’offre commerciale et l’attractivité du site. Quinze locataires y seront installés avec une offre commerciale (Cocottes, 5àSec, Ferber hair&style, K Kiosk, Acuitis, Mister Minit, Black & White, TGL Travel, Oberweis, Frups, Medi-Market), de loisirs (salle de sport CK Fitness, Lucky Bar) et de services (Fondation Hëllef Doheem, crèche L’Enfant Roi). Au total, 100 emplois sont créés grâce à la galerie, selon le groupe Cactus.
Ce «centre de rencontre» est complété par 67 studios appartements en location, accolés au centre. Une première pour un Cactus. «Je ne dirais pas que c’est une stratégie, c’est plutôt une façon opportuniste d’optimiser le terrain, qui coûte cher au Grand-Duché», explique Laurent Schonckert. Sans stratégie, mais désormais plongé dans l’immobilier, le groupe n’exclut pas de réitérer l’expérience : «C’est un bel exercice pour l’avenir et si l’on fait un nouveau projet, évidemment que l’on tirera une conclusion des résultats ici.»
Pour ce qui est du Cactus existant route de Luxembourg, il ne reste que quelques jours pour y faire ses courses. Installé à deux pas du nouveau centre, l’actuel supermarché va fermer ses portes trois jours avant, le dimanche 26. Concernant l’avenir du bâtiment, «c’est encore trop tôt pour le dire, même si nous avons des pistes, bien entendu», annonce le directeur général. Ce qui est sûr, c’est «qu’il ne s’agira pas d’un autre supermarché» et que les employés actuels seront intégrés à l’équipe route de Mondercange, en renfort des 50 recrues annoncées par Cactus.