Jeanne Lehair, visiblement fatiguée, ne se classe que 21e d’une course remportée par l’Allemande Lisa Tertsch, nouvelle championne du monde.
«Il y a forcément un jour où la forme ne suivra plus, en espérant que ce ne soit pas dimanche…» Jeanne Lehair savait qu’elle avait beaucoup demandé à son corps cette saison. Et particulièrement ces dernières semaines. C’est ainsi qu’alors que ses adversaires se préparaient, elle enchaînait les courses et les victoires, en GP en France et surtout en Supertri avec 3 victoires de suite et le titre au général.
Bien sûr, il s’est passé deux semaines depuis sa dernière course, à Toulouse. Mais depuis, elle a fait le très long déplacement jusqu’en Australie, où elle est arrivée malade. Quelques jours pour se remettre. Et trois jours avant le jour J, un organisme qui dit OK… en théorie.
Dès les premiers coups de bras dans l’eau, je me suis dit que ça allait être une longue journée
Dans les faits, c’est une jeune femme qui n’avait clairement pas récupéré des efforts et des voyages à répétition qui a pris le départ de la course la plus importante de l’année : «Dès les premiers coups de bras dans l’eau, je me suis dit que ça allait être une longue journée», explique-t-elle quelques heures après sa pire course de la saison.
En effet, rien ne va aller dans cette course où, rappelons-le, elles étaient toutes au départ. Et suivant son déroulé, tout était possible au général, dominé par la Britannique Beth Potter, avec le même nombre de points que la Française championne olympique Cassandre Beaugrand alors que Jeanne Lehair, vainqueur à Yokohama et deuxième à la French Riviera, pointait en troisième position mais sous la menace directe de l’Allemande Lisa Tertsch, qui a pris de gros points à Weihai, où elle fait 2 alors que Lehair était à Toulouse et, encore un peu plus loin, la Française Léonie Périault.
Tout était possible pour Jeanne Lehair, qui espérait un podium pour être assurée de faire mieux que l’an passé, quand elle avait terminé 6e de la grande finale et 5e du général. Mais hier, rien ne va se passer comme prévu : «Ça m’est déjà arrivé d’avoir de très mauvaises sensations en natation, mais il y a trois sports et on peut se reprendre. Seulement, ce n’était mon jour dans aucun sport cette fois.» Confirmation de l’entraîneur national, Cyrille Eple : «Jeanne a souffert en natation. À vélo, elle n’avait pas de bonnes jambes et à pied, c’était dur», résume-t-il.
Alors que cette saison, elle a souvent fait la différence dans les parties en course à pied, elle va cette fois vivre un calvaire sur les 10 km : «Après 1 km, j’ai vu que ça n’allait pas le faire. Sur le troisième des cinq tours j’ai même eu un début de crise de panique, j’ai pensé que j’allais devoir m’arrêter. J’aurais peut-être d’ailleurs dû le faire, ça m’aurait peut-être permis de me reprendre. Mais j’ai cru que j’allais faire un DNF, comme Cassandre.»
Cassandre, c’est bien sûr Cassandre Beaugrand. La Française va elle aussi tout perdre, obligée de renoncer lors de la course à pied. Comme Beth Potter n’était pas non plus dans un bon jour, c’est Lisa Tertsch qui en a profité. Elle s’impose devant l’Italienne Bianca Seregni et la Française Emma Lombardi et en profite pour décrocher à la surprise générale, le titre, devant Léonie Périault, quatrième hier.
J’aurais aimé que mon bad day ne soit pas sur la grande finale, mais c’est comme cela…
Jeanne Lehair termine son calvaire en 21e position et termine sixième au général. De quoi la laisser dubitative. Et plus frustrée que déçue : «Bien sûr, je suis déçue. J’aurais aimé que mon bad day ne soit pas sur la grande finale, mais c’est comme cela. Et mine de rien, j’arrive à rester six alors que j’ai cru un moment que j’allais faire DNF. Ça fait chier. Cela faisait depuis Cagliari l’an passé que je n’étais pas sortie du top 10 et même du top 7 cette année. Et le jour où ça arrive, je ne fais pas 10 ou 15, je fais carrément 21. Cela fait longtemps que je n’avais pas fait si mal. Après, en soi, ce n’est pas nul. Mais ça ne correspond plus à mes attentes comme il y a quelques saisons.»
Et d’ajouter : «En soi, je suis plus frustrée que déçue. Je fais la meilleure saison de ma vie, j’ai gagné une WTCS, j’ai fait une fois 2 et pourtant je vais terminer plus loin au général que l’an passé. Bon, ça n’enlève rien à ma saison, qui a quand même été extra. Après, pas de cherry on the cake pour cette année. C’est bien, ça me laisse de la marge pour faire mieux au général l’année prochaine. Et je suis contente pour Léonie. Elle le mérite.» La saison de Jeanne Lehair n’est normalement pas encore totalement terminée. Elle a en effet prévu de s’aligner au départ des deux Coupes du monde au Chili, le mois prochain.
La journée était décidément mauvaise pour le camp luxembourgeois. Lui aussi auteur d’une très bonne saison, Gregor Payet visait un top 30 voire même encore mieux si les planètes s’alignaient. Malheureusement, ce ne sera pas le cas. En retard dès la natation, il ne va jamais être dans le rythme et se classe finalement 42e à plus de 6 minutes du vainqueur et nouveau champion du monde, l’Australien Matt Hauser.
Les classements
Finale dames : 1. Lisa Tertsch (All) 1 h 56’50″; 2. Bianca Seregni (Ita) 1 h 57’04″; 3. Emma Lombardi (Fra) 1 h 57’16″; 4. Léonie Périault (Fra) 1 h 57’21″; 5. Jessica Fullagar (Gbr) 1 h 57’28″… 16. Beth Potter (Gbr) 1 h 59’05″… 21. Jeanne Lehair (Lux) 2 h 00’13″…
Classement général final de la WTCS : 1. Lisa Tertsch (All) 3 886,26 pts; 2. Léonie Périault (Fra) 3 577,04; 3. Beth Potter (Gbr) 3 313,18; 4 Taylor Spivey (USA) 3 125,85; 5. Bianca Seregni (Ita) 3 069,93; 6. Jeanne Lehair (Lux) 2 979,32; 7. Cassandre Beaugrand (Fra) 2 925,00…
Finale messieurs : 1. Matt Hauser (Aus) 1 h 42’42″; 2. David Cantero Del Campo (Esp) 1 h 43’15″; 3. Alessio Crociani (Ita) 1 h 43’22″; 4. Miguel Hidalgo (Bre) 1 h 43’41″; 5. Vasco Vilaca (Por) 1 h 43’44″… 42. Gregor Payet (Lux) 1 h 48’57″…
Classement général final de la WTCS : 1. Matt Hauer (Aus) 4 250,00; 2. Miguel Hidalgo (Bre) 3 769,95; 3. Vasco Vilaca (Por) 3 690,12…