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Le prix de la paix

Les montants annoncés pour augmenter l’effort de défense sont difficilement palpables pour le citoyen, mais probablement aussi pour les responsables politiques. Sur la période 2026-2029, l’enveloppe globale se chiffrera à 5,5 milliards d’euros. L’objectif minimal d’un investissement de 2 % du revenu national brut (RNB), fixé par l’OTAN, est atteint. Le précédent gouvernement avait réussi à négocier une référence au RNB et non au produit intérieur brut (PIB), dopé par l’apport des travailleurs frontaliers. Selon les chiffres publiés par le Conseil national des finances publiques (CNFP), l’obligation de verser 2 % du PIB conduirait à une dépense supplémentaire d’un demi-milliard d’euros par an. Mais, indépendamment de cette méthode de calcul, le Luxembourg sera obligé d’investir, à l’horizon 2035, au moins 4,6 milliards d’euros pour respecter le nouveau cap des 5 %.

Des voix, assez isolées, remettent en cause une telle mobilisation de fonds, qui aurait pour seul objectif de financer une course à l’armement, susceptible de provoquer de nouvelles guerres. Le Luxembourg aurait plutôt intérêt à investir davantage dans le logement abordable et la lutte contre la pauvreté, ajoutent ces rares voix critiques. «Il faut se préparer à la guerre pour éviter la guerre», contre la ministre de la Défense, Yuriko Backes. Elle a trouvé des mots très clairs, jeudi, lors de la visite de son homologue ukrainien. «Nous ne sommes pas en guerre, mais nous ne vivons également pas en paix», a-t-elle souligné, en renvoyant vers les récentes incursions de drones et avions de chasse russes dans l’espace aérien de l’OTAN, les cyberattaques et actes de sabotage. «Poutine tente de détourner notre attention de l’Ukraine, mais cela ne va pas réussir», renchérit Yuriko Backes.

Interrogée sur le message qu’elle compte faire passer aux jeunes, en ces temps troubles, la ministre répond que les milliards d’euros mobilisés sont «un investissement dans la paix, dans un avenir paisible, dans notre démocratie et notre liberté». Yuriko Backes a raison, malheureusement. Car oui, le maintien de la paix a un prix, financièrement élevé pour nous, mais bien plus douloureux encore pour les Ukrainiens, croulant depuis trois ans et demi sous les bombes.

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