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By the Sea, ou l’ennui version Angelina Jolie


Couple à la ville, Angelina Jolie et Brad Pitt se donnent la réplique dans By the Sea, comme ils l'avaient fait précédemment dans Mr. & Mrs. Smith.

L’actrice américaine Angelina Jolie présente sa troisième réalisation : By the Sea. L’histoire d’un couple face à ses difficultés, avec vue sur mer. L’ennui prédomine…

Promis, juré, dans By the Sea, le troisième et nouveau film de l’actrice-réalisatrice Angelina Jolie, il ne faut rien y voir d’autobiographique. Dans une confidence assez crue à un quotidien londonien, l’Américaine a raconté : «Ce film, je l’ai écrit avant d’avoir une double mastectomie. Et ensuite, quand j’ai tourné le film, j’ai voulu couper certaines choses. Mais j’ai senti que ce n’était pas la bonne chose à faire. Ça signifiait que je voulais cacher quelque chose et je ne pense pas que c’est ce à quoi je crois. Et durant le montage, j’ai eu un appel où l’on m’a dit que je pouvais avoir un cancer et que je devais retirer mes ovaires.»

Voilà qui est dit… mais il y a problème : quand la femme de «Brangelina» – le couple star d’Hollywood –, présente son nouveau long métrage, où est l’intérêt? La qualité cinématographique dudit film? Les confidences en creux sur le couple? Les indices de l’autobiographie? Avant la sortie de By the Sea, Angelina Jolie a assuré la promo. À Londres, d’abord, où avec son mari – Brad Pitt –, elle a accordé quelques interviews, dont une au Daily Telegraph . À Paris, ensuite, où elle a «fait» la couv’ de l’hebdo féminin Elle .

Au quotidien londonien, elle a confié, entre autres : «Brad et moi avons nos problèmes, mais si les personnages avaient été ne serait-ce qu’un peu proches de ce que nous vivons, nous n’aurions pas pu faire le film. Pour être claire : nous nous disputons et nous avons des problèmes comme n’importe quel autre couple. Il y a des jours où nous nous rendons absolument fous et où nous voulons de l’espace, mais les problèmes que les personnages traversent dans le film ne sont pas les nôtres.»

Pour l’hebdo parisien, elle a accordé un long entretien à la romancière Marie Darrieussecq – extraits : «C’est un drôle de processus d’être à la fois l’écrivain du scénario, la productrice, la metteuse en scène et l’actrice. Le personnage que je joue est très abîmé : il fallait que j’exprime la confusion et la vulnérabilité, comme un enfant ou une poupée cassée, mais que je reste aussi une directrice très concentrée, qui sait exactement ce qui se passe…» Ou encore : «C’est le seul film que j’ai fait qui ne soit pas un film de guerre, à moins que le mariage ne soit aussi la guerre…»

À 40 ans, avec By the Sea, Angelina Jolie présente donc sa troisième réalisation après les très intéressants In the Land of Blood and Honey (2011) et Unbroken (2014). Et cette fois, elle propose une plongée dans les secrets d’un couple.

Couple de voyeurs

Il y a Roland, il est américain, écrivain et alcoolique. Il y a aussi sa femme, Vanessa. C’est les années 1970 – Angelina Jolie qui interprète Vanessa a troqué ses cheveux bruns pour une perruque blonde, opté pour un maquillage plus prononcé et des faux cils, et porte des vêtements inspirés par les créations d’Yves Saint Laurent. Les deux débarquent dans une station balnéaire française.

Transpire la sensation que ce couple traverse une crise… et Roland et Vanessa vont se rapprocher d’un couple de jeunes touristes, Léa et François. Le passe-temps favori de Roland et Vanessa lors de leurs périodes d’ennui : regarder Léa et François pratiquer des galipettes coquines. Peu à peu, l’écrivain et sa femme vont affronter leurs propres difficultés… Ça se veut sulfureux, c’est libidineux.

Oui, et alors? Tout ça donne un film? Oui, et ça dure deux heures! Mais là où, tant dans In the Land of Blood and Honey que dans Unbroken , Angelina Jolie distillait une force, un propos et une esthétique, là, avec By the Sea, la réalisatrice reste dans le convenu, l’ordinaire, quasiment le banal – ce qui a été sanctionné, dès le premier week-end d’exploitation en salles outre-Atlantique, par un flop retentissant.

Certes, dans ce long métrage où son mari à la ville, Brad Pitt, lui donne la réplique dans le costume de l’écrivain américain alcoolique, la réalisatrice a glissé quelques références cinématographiques (Hitchcock, Antonioni ou encore Bergman) mais elle ne parvient pas à faire décoller le propos. Cette version du drame conjugal selon Angelina Jolie, c’est un long tunnel où l’ennui prédomine. L’ennui à l’image, sur l’écran. L’ennui chez le spectateur.

Serge Bressan

By the Sea, d’Angelina Jolie (États-Unis, 2  h  12), avec Brad Pitt, Angelina Jolie…