La surface, que le club espère d’une centaine de mètres carrés, pourrait voir le jour sur le site de la Grenz. Mais avant ça, le club veut brasser large et s’est lancé dans une campagne de collecte d’objets auprès des particuliers. Avec lesquels le contact sera établi au fil d’une série de conférences, ces prochains mois.
Denis Scuto, ancien joueur du club, historien, amoureux de la Vieille Dame, a eu l’idée quand le musée de l’Eintracht Francfort l’a contacté pour organiser une conférence sur la résistance entre 1933 et 1945 dans le football allemand, «avec ce contexte actuel des supporters d’extrême droite».
Cela a germé comme ça, d’un coup, parce que le club le plus titré du pays méritait peut-être bien qu’on crée un lieu dédié à sa mémoire : pourquoi pas un musée de la Jeunesse Esch ? Le concept a séduit Marc Theisen, le président de la Vieille Dame, mais aussi la ville.
Le musée des Sports de Luxembourg doit déjà s’installer aux Terres Rouges
Et mardi soir, à la Frontière, André Zwally, un ancien de la maison, est venu porter le concept, fort de sa double casquette au collège échevinal de chargé des sports et… des archives. Arguant notamment que la commune était «intéressée par tous les projets qui reflètent l’histoire de la ville». Celui-ci en est un, et majeur même. La Jeunesse a donc l’assurance que dans le budget 2026, son projet apparaîtra en bonne place, la municipalité discutant d’ores et déjà avec l’État et au-delà même du fait que le futur musée des Sports doit déjà s’installer sur le site des Terres Rouges, à un jet de pierre.
Un détail. L’ancien attaquant s’est ainsi déjà bien projeté dans la spécificité d’un lieu qui mérite d’exister juste pour lui, s’opposant à la reconstruction de la buvette du club (qui démarrera en fin d’année) flanquée d’un étage dévolu au musée, pour des raisons esthétiques. Il envisage plutôt, dans le sillage de Denis Scuto, une extension de ladite buvette, que ce dernier espère «d’environ 100 mètres carrés».
«On espère que des tas d’objets vont ressortir»
L’évidence toutefois est que le processus prendra du temps. André Zwally veut faire les choses bien et confier la création du lieu à un muséologue. Qui n’aura de la matière qu’une fois que la Vieille Dame l’aura réunie. C’est ainsi qu’un cycle de six conférences sur la riche histoire des Bianconeri (du 28 octobre au 21 mars) doit permettre d’attirer des amoureux du club et de les sensibiliser à la recherche de trésors enfouis pour enrichir ce futur musée. «À l’heure actuelle, nous avons des billets de matches, des affiches, quelques maillots (dont un de la Juventus, en laine), des coupures de presse, énumère Denis Scuto. Mais par exemple, dans ce monde resté longtemps noir et blanc, des tenues du club à la façon dont les gens s’habillaient, pour moi, la couleur a vraiment fait son entrée à la Frontière quand les supporters des Celtic Glasgow sont venus ici, en 1977. J’espère retrouver des choses liées à ce match.» «On espère que des tas d’objets vont ressortir», sourit André Zwally.
L’idée serait de créer un lieu riche. Avec panneaux digitaux notamment. Pour la diffusion d’extraits de rencontres, d’époques différentes, sachant que les enregistrements de matches anciens sont rares. Julie Schroell avait déjà accompli un travail de mémoire avec son film E stoarkt stéck Minett, sorti pour le centenaire du club. Mais des captations de rencontres des années 30 par exemple, enregistrées par un fidèle, ont disparu dans… l’allumage de feux de cheminée, a appris récemment Denis Scuto, catastrophé. Il ne s’interdit donc pas d’aller frapper aux portes de clubs européens pour retrouver des archives anciennes. Un patient et minutieux travail de collecte a commencé. La Jeunesse veut ouvrir son musée en 2027.
Julien Mollereau