Le budget pluriannuel 2025-2029 prévoit une nette hausse de l’effort de défense. Pour respecter l’objectif des 2 % de l’OTAN, des dépenses additionnelles de 765 millions d’euros sont prévues.
Le Conseil national des finances publiques (CNFP) a publié deux jours avant le dépôt du projet de budget de l’État une analyse des dépenses de la défense. Les chiffres fournis par la direction de la Défense indiquaient que le Luxembourg devait mobiliser 1,38 milliard d’euros supplémentaires entre 2025 et 2030 – 7,8 milliards d’euros au total – pour respecter l’objectif financier de l’Alliance atlantique (2 % du revenu national brut pour la défense).
Selon le budget pluriannuel présenté par le ministre des Finances, Gilles Roth, l’État va mobiliser une enveloppe globale de 5,5 milliards d’euros entre 2026 et 2029 (voir graphique ci-dessous). L’enveloppe est supérieure de 260 millions d’euros comparée à la trajectoire présentée en mai dernier, qui tablait sur 5,24 milliards d’euros pour la même période.

En 2035, un budget de 4,63 milliards d’euros
Le projet du ministre des Finances ne précise pas encore le montant pour 2030, qui reste donc provisoirement fixé à 1,46 milliard d’euros. Entre 2025 et 2030, l’État débloquerait, ainsi, jusqu’à 8,1 milliards d’euros pour la défense.
Il est à rappeler que le gouvernement a décidé de remplir dès cette année l’objectif des 2 % de l’OTAN. Le budget est ainsi passé de 780 millions d’euros à 1,18 milliard d’euros. Avant le coup de pression du président américain, Donald Trump, le Luxembourg comptait atteindre le seuil de 2 % en 2030, soit 1,5 milliard d’euros.
«Agir ensemble est plus que jamais nécessaire. Il s’agit d’une question de paix ou de guerre, de liberté ou d’oppression. Et nous choisissons la liberté. La solidarité avec nos alliés est notre devoir», avançait Gilles Roth la semaine dernière à la Chambre. Il a confirmé la volonté du gouvernement d’atteindre le cap des 5 % en 2035.
De nouvelles capacités à acquérir
Dans le cadre de son programme d’acquisition de capacités communes, l’OTAN invite le Luxembourg à investir dans des systèmes de défense aérienne et antimissile, des drones de combat et de reconnaissance, la construction d’une station de ravitaillement en carburants et un hôpital militaire. «Il reste à définir avec quels pays partenaires certains objectifs seront réalisés», renseigne la ministre de la Défense, Yuriko Backes, dans sa réponse à une question parlementaire du député Alex Donnersbach (CSV).
Les objectifs fixés par l’OTAN comprennent également la mise sur pied du bataillon belgo-luxembourgeois de reconnaissance et de combat. L’armée grand-ducale devra déployer 300 soldats.
Selon les chiffres analysés par le CNFP, l’effort de défense va atteindre, au minimum, les 4,63 milliards d’euros en 2035. L’enveloppe débloquée serait ainsi quadruplée, avec des dépenses additionnelles cumulées de 13,4 milliards d’euros.
Comment investir ces énormes sommes? «L’argent sera consacré au développement de nos capacités existantes, soit les satellites, la cyberdéfense et la recherche», résume le ministre des Finances.
Parmi les investissements retenus pour 2026, citons les 94 millions d’euros pour développer une «Cyber Defence Cloud», l’augmentation de 101 millions d’euros du capital investi dans la société LuxGovSat, l’acquisition de nouvelles capacités nationales pour utiliser les satellites GovSat-1 (35 millions d’euros sur 3 ans) et GovSat-2 (150 millions d’euros sur 4 ans) ou encore le soutien militaire apporté à l’Ukraine (80 millions d’euros).
Un «Defence Bond» de 150 millions d’euros
«Une défense crédible nécessite un financement crédible. En majeure partie par le biais du budget de l’État, mais sans se fermer à de nouveaux chemins», note Gilles Roth.
Le gouvernement va ainsi émettre une émission obligataire («Defence Bond») de 150 millions d’euros avec une durée de trois ans. «On est le premier pays européen à émettre une telle obligation. Les gens pourront investir directement dans la défense, en profitant d’un accompagnement fiscal», explique le ministre des Finances.
L’État va aussi mobiliser 40 millions d’euros qui seront investis dans un fonds pour le développement de produits à double usage, mis en place par la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI).
«Oui, ces dépenses constituent un grand défi. Mais grâce à des finances publiques solides et un financement innovant, on pourra supporter ces investissements, sans réduire le budget consacré au social», défend le ministre des Finances.
TERRE
Armée (budget 2025) : 171 millions d’euros
Fonds d’équipement militaire (2025) : 305 millions d’euros
Véhicules : 2,6 milliards d’euros (reconnaissance et combat)
AIR
A400M (transport) : 540 millions d’euros (acquisition et exploitation)
A330 MRTT (multirôles) : 598,4 millions d’euros
ESPACE
Satellite Gov-Sat 1 : 35 millions d’euros (nouvelles capacités 2026-2028)
Satellite Gov-Sat-2 : 501 millions d’euros (acquisition, capacités, capital)
Satellite LUXEOSys : 309 millions d’euros
Réseau O3b mPower (SES) : 195 millions d’euros (capacités)
Drones AGS (OTAN) : 120 millions d’euros
CYBERDÉFENSE
Cyber Defence Cloud : 250 millions d’euros
IT Coalition (OTAN/Ukraine) : 17,5 millions d’euros
INFRASTRUCTURES
Caserne Herrenberg : 137,2 millions d’euros (extension et réaménagement)
Camp militaire Waldhof : 81,5 millions d’euros (réaménagement)
Champ de tir Bleesdall : 71,5 millions d’euros (idem)
Warehouses Service Agency (WSA) : 225 millions d’euros (extension et maintenance)
Projet stratégique d’infrastructure (OTAN) : 200 millions d’euros
UKRAINE
Soutien militaire (2022-2024) : 250 millions d’euros
Soutien militaire (2025) : 120 millions d’euros
Soutien militaire (2026) : 80 millions d’euros
Acquisition d’armes (PURL/OTAN) : 500 millions d’euros (investissement à partager)