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Une cure de santé pour l’assurance maladie


La ministre Martine Deprez (2e de g.) étudie les derniers chiffres avant le début de la réunion du comité quadripartite, organisée hier après-midi à Strassen. (Photo : julien garroy)

Le déficit va passer à 209,3 millions d’euros en 2026. Malgré les 59 millions d’euros injectés par l’État et une baisse des coûts de 140 millions d’euros, une hausse des cotisations s’annonce pour 2027.

Gouvernement, syndicats, patronat et prestataires de santé se sont réunis hier à l’École nationale de santé pour analyser, dans le cadre du comité quadripartite, la situation financière de l’assurance maladie (maternité incluse). Par rapport aux prévisions au printemps, le déficit prévu pour cette année 2025 devrait passer de 132,6 millions d’euros à 118,6 millions d’euros. Les dépenses augmentent à 4,88 milliards d’euros (+7,2 % par rapport à 2024) tandis que les recettes se limitent à 4,76 milliards d’euros (+5,2 %).

Il est à rappeler que l’exercice 2024 s’était déjà soldé par un déficit de 25,8 millions d’euros. La prévision pour 2026 est encore plus négative, avec un solde négatif prévisionnel de 209,3 millions d’euros. «La situation économique, avec une croissance économique et de l’emploi limitée, explique ce déséquilibre. Les dépenses sont en hausse en raison d’une population qui devient toujours plus âgée et un recours plus large aux prestations (NDLR : par les frontaliers). On compte agir en premier lieu au niveau des dépenses, sans réduire les prestations de soins de santé», développe la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez. Un satisfecit majeur pour les syndicats (OGBL, LCGB et CGFP).

Un conflit qui a pesé sur les tractations

Une feuille de route pour redresser la trajectoire financière de l’assurance maladie a pu être adoptée, lundi, par les quatre camps formant le comité quadripartite. Malgré cet accord, le conflit entre le gouvernement et le corps médical a pesé sur les tractations. L’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD) va bien tourner le dos à la CNS, dans l’espoir de pouvoir obtenir des concessions de la part du gouvernement sur le plan financier et légal.

Martine Deprez déplore toujours la décision. «Il ne sera pas évident de mobiliser, en parallèle du travail quotidien, les ressources supplémentaires pour négocier une nouvelle convention», fait remarquer la ministre, renvoyant vers le Groupe stratégique et les groupes de travail mis en place afin de mener à bien la cure de santé que s’impose l’assurance maladie.

Pour permettre de garder la CNS à flot, l’État prévoit une augmentation de sa contribution forfaitaire de 20 millions d’euros à 59 millions d’euros. En parallèle, le comité quadripartite s’est accordé sur une trentaine de mesures à mettre en œuvre à court et moyen terme, avec un potentiel de réduction des coûts de 140 millions d’euros.

«Le mot d’ordre est de travailler ensemble»

Plus concrètement, la CNS va se pencher sur une analyse sur les dépenses afin de mieux maîtriser les dépenses en matière de prescription médicamenteuse, des analyses biologiques et des séances de kinésithérapie. Le «gain» potentiel est chiffré à 60 millions d’euros. Grâce à des adaptations du cadre légal, il est envisagé de réduire les coûts de 80 millions d’euros supplémentaires. Les leviers sont la lutte contre le gaspillage de médicaments et le renforcement des moyens de contrôle des abus et de la fraude au sein de la CNS. 

Si Martine Deprez espère une relance plus appuyée de la croissance économique, elle se dit assez réaliste pour dresser le constat suivant : «En 2027, il est probable que le taux de réserve légal fixé à 10 % des dépenses ne sera plus assuré. On devra dès lors procéder à une hausse des cotisations». La réserve se réduit à 817,3 millions d’euros en 2025 (16,8 % des dépenses), puis descendra à 209,3 millions d’euros en 2026 (11,7 % des dépenses).

En l’état actuel des choses, le taux de cotisation devrait être augmenté de 5,6 % à 5,85 %. «Il est de notre devoir de tout faire pour éviter ou limiter au maximum cette hausse», souligne Marc Wagener, le secrétaire général de l’union patronale UEL. Dans le camp des syndicats, on se dit soulagé que la cure de santé n’amène pas de détérioration des prestations.

«En situation de crise, le mot d’ordre est de continuer à travailler ensemble, dans l’intérêt du patient et de l’assuré», lance la ministre, fixant déjà rendez-vous pour les prochaines évaluations de la santé des finances de l’assurance maladie, à commencer par le printemps 2026.