Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Ce matin débute le procès des auteurs présumés de l’homicide dont a été victime Rafael à Bonnevoie il y a bientôt cinq ans. Bien que mineurs à l’époque, ils seront jugés comme des adultes.
Le 26 janvier 2021, ils avaient 15 et 17 ans. Ce jour-là, leur vie a basculé. Les deux adolescents sont accusés d’avoir commis l’irréparable en causant la mort de Rafael, 18 ans. Aujourd’hui majeurs, Shayne et Jason devront répondre de leur acte toute cette semaine face à la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.
À l’annonce des faits, le pays a été plongé dans l’effroi. Rafael, un élève apparemment sans histoire du lycée technique de Bonnevoie à Luxembourg, a été victime d’une attaque à l’arme blanche en plein cœur de ce quartier résidentiel. Devant une chapelle ardente en sa mémoire installée sur le lieu du crime, un de ses amis le décrivait pour Le Quotidien comme «un mec cool. Il ne parlait pas beaucoup, il s’entendait bien avec tout le monde et il s’écartait toujours un peu des gens, pour justement éviter les problèmes. C’était une personne tout à fait normale, on s’amusait ensemble et rien d’autre.» Il ajoutait, à propos des faits : «Honnêtement, cette histoire est une histoire conne. Cela ne valait pas la peine de prendre la vie d’un homme… Une histoire tellement bête! Bref, cela ne valait pas le coup de faire cela.»
Les auteurs présumés, on l’apprendra dans la foulée, sont deux adolescents comme lui. Ils ont rapidement été arrêtés après l’agression et placés à l’Unité de sécurité de Dreiborn dans le cadre d’une mesure de garde provisoire. Le plus âgé des deux en sortira à sa majorité quatre mois plus tard.
Aucune information déterminante sur les raisons de la rixe entre les trois adolescents n’avait filtré à l’époque, contrairement aux images du crime qui s’étaient répandues sur le réseau social Snapchat et à une vidéo de l’un des deux auteurs présumés fumant à l’Unité de sécurité (Unisec). Les journaux avaient, il y a presque cinq ans, évoqué des broutilles sans commune mesure avec l’issue fatale de l’altercation.
Pris en charge par les secours prévenus par des riverains, Rafael est décédé à l’hôpital des suites de sa ou de ses blessures au couteau. Une instruction avait été ouverte pour homicide volontaire et coups et blessures volontaires, mais à l’époque, on n’en avait appris guère plus en raison de l’enquête en cours et de la minorité des deux jeunes interpellés. Le procès qui débute ce matin permettra d’en apprendre un peu plus sur les circonstances de ce drame.
Ce procès devait avoir lieu en juin dernier, mais avait été remis à l’automne. Les deux prévenus, bien que mineurs au moment des faits, seront jugés comme des adultes. Une exception à la loi est faite étant donné la gravité de l’acte qui leur est reproché. Shayne et Jason encourent des peines de prison élevées pouvant aller jusqu’à la perpétuité.
Les raisons de l’impensable
Ce tragique fait divers impliquant des adolescents avait suscité une vive émotion à l’époque. Ce n’était pas la première et pas non plus la dernière attaque au couteau impliquant des mineurs. Mais heureusement, aucune n’a connu d’issue aussi fatale, même s’il ne s’en faut parfois que de quelques millimètres. Le jeune âge des auteurs présumés et de leur victime avait, à l’époque, été largement commenté et inquiétait.
La politique locale et nationale s’était saisie de l’affaire. Le procureur en charge de l’enquête, David Lentz, avait été l’invité d’une réunion de la commission de la Justice à la Chambre des députés à l’initiative du CSV. La députée-maire de Luxembourg, Lydie Polfer, avait envisagé de mettre en place une campagne de sensibilisation et avait lancé une consultation avec différents acteurs pour soutenir la famille et les proches de la victime en deuil.
Les bras ballants, on avait alors incriminé les réseaux sociaux, l’épidémie de covid et l’impact du confinement sur les jeunes et la violence de la société pour tenter de comprendre la réaction de Shayne et Jason. L’incompréhension face à l’impensable était grande.
