Accueil | A la Une | Gérard Schockmel se lâche sur le féminisme

Gérard Schockmel se lâche sur le féminisme


Lé député Gérard Schockmel vante les mérites de Simone Veil mais descend en flèche le féminisme à la luxembourgeoise.  (Photo: Julien Garroy)

Une tribune du député et médecin Gérard Schockmel a choqué la classe politique et de nombreux internautes. Il tire à boulets rouges sur les féministes qu’il juge radicales.

Toutes les opinions ne sont pas bonnes à dire. Le député libéral Gérard Schockmel, docteur de son état, médecin spécialiste des maladies infectieuses, savait pertinemment qu’en publiant sa tribune dans le Wort de samedi, il allait déclencher l’indignation de la majorité de la classe politique, à commencer par son propre camp.

Il juge qu’au Luxembourg, le débat est dominé par l’idéologie du féminisme, «une idéologie impitoyable qui monte la moitié de la population (les femmes) contre l’autre moitié (les hommes), qui polarise et radicalise notre société, mettant ainsi en péril la cohésion sociale».

Il estime encore que ce féminisme réagit avec «une haine et une intolérance profondes lorsque ses revendications sont remises en question». Un féminisme «pour qui le droit à la vie de l’embryon humain est un chiffon rouge». Un féminisme «pour qui le droit à l’avortement est toujours inadéquat».

Il fustige «un féminisme qui exige qu’un groupe restreint de femmes soit promu de force à de hautes fonctions grâce à l’intervention de l’État». L’objectif selon lui ne serait «ni l’égalité, ni les valeurs démocratiques telles que la tolérance et le pluralisme, mais plutôt le pouvoir, l’influence, les positions et les privilèges».

Yuriko Backes répond

La récente décision de la commission des Institutions d’inscrire l’avortement comme une liberté publique dans la Constitution le fait sortir de ses gonds. Il estime qu’un avortement sans sanction jusqu’à la 12e semaine, comme le prévoit la loi, serait «problématique», car il priverait l’embryon «de son droit à la vie». Inscrire l’IVG dans la Constitution reviendrait à instrumentaliser le texte fondamental à des fins de «politique symbolique».

La ministre de l’Égalité des genres et de la Diversité, Yuriko Backes (DP), a réagi immédiatement sur Facebook en publiant un texte qui dénonce la dérive de son collègue de parti. Elle ne digère pas que Gérard Schockmel «instrumentalise» Simone Veil. Pour l’auteur de la tribune, Simone Veil fut «l’une des grandes figures féminines de la politique française et européenne», engagée toute sa vie «en faveur de l’humanisme, des droits humains et des droits des femmes», qui fit voter avec succès la loi sur l’avortement volontaire en 1974.

Elle n’a jamais plaidé pour l’inscription de la loi sur l’avortement volontaire dans la Constitution française, relève Gérard Schockmel.

«Je trouve discutable d’utiliser Simone Veil pour argumenter sur une idéologie prétendument « radicale », pour le dire avec beaucoup de diplomatie», écrit la ministre, en rappelant au passage que Simone Veil a consacré sa vie «à lutter pour les droits fondamentaux et est considérée à juste titre comme une figure emblématique de l’égalité par les jeunes femmes et hommes d’aujourd’hui». La ministre cite d’ailleurs un extrait de la biographie de Simone Veil : «Le problème de l’inégalité des chances et les mesures correctives qu’elle appelle de ses vœux, chacun sait qu’il dépasse largement la question de l’égalité entre les hommes et les femmes. Elle est manifestement au cœur des questions d’intégration et de cohésion sociale.»

Un long chemin à parcourir

De nombreux internautes ont partagé la publication sur le réseau social, parmi lesquels quelques libéraux, choqués par les propos du député issu de leurs rangs. La présidente du DP, Carole Hartmann, s’est exprimée sur les ondes de RTL pour préciser que la position du Dr Schockmel ne reflétait pas celle de son parti, mais a défendu la liberté d’opinion. Une intervention que d’aucuns ont jugée un peu molle, alors que la teneur de cette tribune a plutôt fait bondir au sein du DP.

La socialiste Francine Closener se dit «stupéfaite qu’un député d’un parti démocrate se réclamant social-libéral puisse tenir des propos aussi misogynes». La coprésidente des Verts, Stéphanie Empain, s’est déclarée indignée elle aussi par de tels propos. Quant à Marc Baum (déi Lénk), auteur de la proposition de modification de la Constitution concernant l’inscription de l’avortement, il a indiqué «le long chemin qu’il reste à parcourir avant de vivre dans une société réellement égalitaire». Il a barré la publication de la tribune du hashtag «#je suis féministe».

La cheffe de file des socialistes à la chambre des députés, Taina Bofferding, a préféré se moquer : «Je serais ravie de vous prêter un livre de ma bibliothèque. Vous serez étonné de voir à quel point il élargira votre horizon. Depuis les années 1960, notre société n’a cessé d’évoluer.»

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .