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Une paix si fragile

La paix enfin retrouvée après près de deux années de guerre. Mais pour combien de temps ? Le président américain, Donald Trump, va embarquer dans Air Force One pour se rendre ce week-end au Proche-Orient. Égypte et Israël figurent déjà comme des étapes de son déplacement. De quoi rapporter des images à sa propre gloire, lui qui a réussi à mettre fin au conflit à Gaza déclenché par l’attaque barbare du Hamas le 7 octobre 2023.

Il n’aura pas le prix Nobel, cette année du moins, mais il célébrera avec ses alliés de la région ses efforts diplomatiques qui ont finalement abouti. Efforts diplomatiques entremêlant menaces et coups de menton. Combien de temps va-t-il se réjouir ? Et surtout, est-ce que ce «plan de paix» va tenir ? La région est une poudrière, toujours, et les déflagrations, au Liban, au Yémen, en Iran, en Syrie, au Qatar, qui ont rythmé ces deux longues années de conflit n’ont pas mis fin à cet état de fait.

Dans la bande de Gaza, dévastée par deux années de guerre, la population est en état de famine, selon l’ONU, et le paysage fait songer à ces villes rasées lors de la Seconde Guerre mondiale. Il reste peu de bâtiments debout, les habitants vivent sous des toiles de tente pour leur immense majorité, la nourriture manque, le système de soins a été ravagé au fil des offensives de l’armée israélienne qui a tenté d’éliminer le Hamas tout en essayant de retrouver ses otages. Ces derniers retrouveront lundi le sol de l’État hébreu. Il y en a encore 20 en vie, 28 sont morts. La journée de lundi sera déchirante entre joie des retrouvailles et douleur des disparitions.

Comment reconstruire ? Quelle autorité dans ce territoire ? Qui pour assurer le silence des armes ? Que faire des hommes du Hamas toujours présents dans l’enclave ? Pour la bande de Gaza, les questions sont nombreuses et ce ne sont pas les idées couchées sur le papier de ce traité de cessez-le-feu qui vont y répondre. Rien n’est simple et n’imaginons pas que tout est résolu. La région est marquée par la haine depuis 1948 (et même avant). Cela risque encore de durer bien au-delà de l’année 2025, ne nous leurrons pas. Mais une paix dans la région, même brève, est un soulagement.