À l’Hôpital Robert Schuman, la Journée mondiale de la santé mentale a rappelé l’importance de communiquer et de consulter lors des premiers signes de mal-être.
Le plus important, c’est de ne pas s’isoler», affirme Myriam, une psychologue aux Hôpitaux Robert-Schuman. «Se confier, c’est déjà un premier pas vers la guérison», poursuit-elle. Ce vendredi 10 octobre, à l’hôpital Kirchberg, la Journée mondiale de la santé mentale était célébrée autour d’un objectif : sensibiliser. Organisé par le pôle Psychiatrie, cet évènement a rassemblé une quinzaine de professionnels au service d’une centaine d’inscrits, auxquels se sont ajoutés les visiteurs de passage. Tous ces spécialistes animaient des ateliers visant à mieux comprendre le lien entre le corps et l’esprit. Car si la santé mentale concerne tout le monde, elle reste encore trop souvent reléguée au second plan.
À ce sujet, Myriam, en poste depuis 23 ans, rappelle combien il est nécessaire de donner une place à ces maladies souvent invisibles. «Aujourd’hui, je propose un atelier Pleine conscience, qui enseigne des techniques de stabilisation émotionnelle.» La respiration ou la méditation sont ainsi des «outils simples que chacun peut utiliser au quotidien lorsqu’il se sent débordé».

Pour Myriam, cette journée permet non seulement de sensibiliser le public, mais aussi d’encourager ceux qui souffrent à consulter, sans crainte. Elle insiste sur le besoin d’une meilleure compréhension des troubles mentaux, qu’il s’agisse de la dépression, du burn-out ou de pathologies plus lourdes, comme les troubles bipolaires et la schizophrénie. «Il faut rappeler que ce sont des maladies. Beaucoup de jeunes sont touchés et c’est très difficile pour eux de comprendre ce qui leur arrive. Ils croient que tout ce qu’ils ressentent est réel. Cela peut être très insécurisant.»
La psychologue précise qu’un diagnostic précis et une prise en charge adaptée peuvent véritablement changer la vie : «Un antidépresseur ou un antipsychotique, ce n’est pas une drogue. Ce sont des médicaments qui stabilisent l’état mental.» Négliger ses symptômes n’est pas viable, puisqu’ils peuvent s’aggraver. Selon la spécialiste, «une personne en dépression majeure peut peu à peu cesser de s’occuper d’elle-même. Cela peut entraîner une dégradation psychique, mais aussi sociale et financière.» Une certitude, selon elle : «Le plus tôt on consulte, le plus vite on peut mieux aller.»
Le plus tôt on consulte, le plus vite on peut mieux aller
«Le sommeil n’est pas une perte de temps»

En face de cette partie psychique se tenaient trois autres ateliers portant sur l’équilibre de vie. Amar, infirmier, informait sur l’hygiène du sommeil. «On a tendance à négliger le sommeil et à se dire que l’on peut rattraper sa dette le week-end. Mais il ne marche pas ainsi.» Il insiste sur la nécessité de retrouver des habitudes simples : se coucher à heure fixe, éviter les écrans tard le soir. «Le sommeil est le moment où le corps et le cerveau se réparent. Quand on dort mal ou pas assez, on dérègle tout notre système hormonal.»
L’infirmier indique également qu’un sommeil efficace résulte d’une bonne fatigue. «Il faut bien s’alimenter et se dépenser. Ce n’est pas forcément du sport intensif, mais une marche, un peu de stimulation cérébrale, ça change tout.» Il rappelle aussi que les adultes ont besoin de sept à neuf heures de sommeil par nuit et que, pour les adolescents et les enfants, c’est encore davantage. «Laissez-les dormir», plaisante-t-il, avant de conclure que «le sommeil n’est pas une perte de temps, c’est un investissement. C’est ce qui nous permet de tenir, de réfléchir, d’aimer, en clair, de vivre.»
«Une addiction,
ça se soigne»
À la droite du stand d’Amar, un autre atelier attire les curieux : celui de Steve, infirmier, et de Marie, ergothérapeute. Il est consacré aux addictions. Les deux spécialistes de la ZithaKlinik rappellent un message fondamental : l’addiction est une maladie, elle n’est pas due à un manque de volonté. «Notre but est de rencontrer le public, d’informer et de montrer qu’une addiction se soigne», explique Steve. «Il existe beaucoup de structures qui peuvent aider. On n’en sort pas seul, c’est un processus accompagné.»
Des brochures attendaient là les visiteurs, qui pouvaient échanger librement sur les risques liés à la consommation de substances. Marie souligne l’importance de dédramatiser cette problématique, car «beaucoup de personnes ont peur d’être jugées». «Mais l’addiction touche tout le monde, quels que soient l’âge ou le milieu. Il faut à tout prix en parler.» Les deux soignants mettent en lumière la valeur du soutien. Un grand tableau rempli de témoignages servait ainsi à montrer que «quand quelqu’un raconte son parcours de guérison, ça redonne espoir. Et cela montre qu’il est possible de s’en sortir.»
En ce vendredi, tous avaient une idée en tête : faire de la parole le premier pas. La santé mentale ne se réduit pas à un diagnostic ou à un traitement, c’est un équilibre à cultiver chaque jour. Pour ces professionnels, cette journée a permis de rappeler que consulter n’est pas un signe de faiblesse, mais au contraire de courage. Myriam lance cette exhortation : «Il ne faut pas rester isolé. Parlez à votre entourage, à vos amis, à votre médecin. Il y a toujours quelqu’un pour écouter.»
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Quelle prise en charge par la CNS?
«Le lien de confiance est essentiel dans le soin psychique», assure Myriam, une psychologue aux Hôpitaux Robert-Schuman. Les consultations chez un psychiatre sont remboursées à 88 % pour les adultes et 100 % pour les mineurs. Celles réalisées par un psychothérapeute agréé sont remboursées, sur présentation d’une ordonnance médicale, à 70 % pour les adultes et 100 % pour les mineurs. Pour les séances de psychothérapie d’initiation, le patient peut les commencer jusqu’à 90 jours avant que son médecin n’établisse l’ordonnance médicale. Pour les séances de psychothérapie de soutien, seule une ordonnance préalable sera acceptée. Enfin, les consultations avec un psychologue, un professionnel titulaire d’un diplôme universitaire, ne sont pas remboursées.