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Tunnel Gousselerbierg : l’erreur est humaine ou pas


L’un reconnaît son erreur et l’autre ne se sent absolument pas responsable de la mort deux personnes. (photo S. K.)

Suite et fin des débats dans l’affaire de l’accident mortel du tunnel Gousselerbierg. Le camionneur a à nouveau reconnu sa responsabilité et présenté ses excuses aux familles des victimes.

Indemnités en tous genres, provisions, perte d’un être cher, préjudices moraux et matériels, frais de traitements médicaux et psychologiques, demandes d’expertises… L’avocate du Foyer – l’assureur des véhicules impliqués dans cette affaire – a, pendant près de deux heures jeudi et vendredi, pris position par rapport aux nombreuses demandes des parties civiles à la suite de l’accident mortel survenu le 8 juillet 2020 dans le tunnel Gousselerbierg. Un camion avait foncé dans un bouchon causé par une voiture à l’arrêt dans le tunnel, tuant deux personnes et en blessant cinq.

Une audience très technique s’est donc tenue vendredi matin à l’issue de laquelle, le camionneur, un Polonais d’une quarantaine d’années, a présenté ses excuses aux familles des victimes décédées et aux victimes survivantes. Contrit et encore sonné à la barre de la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, il a également exprimé ses regrets et sa douleur.

Maria a préféré rester muette. Son avocat, Me Penning, a expliqué qu’elle ne se sent responsable d’aucune faute et n’a donc pas d’excuses à présenter. La mère de famille, dont la fille de 9 ans a été gravement blessée dans l’accident, rejette l’arrêt brutal de sa voiture sur une avarie technique du limitateur de vitesse. Un expert technique avait pourtant estimé que l’erreur était humaine. Maria aurait, selon lui, sans doute par mégarde, méconnaissance de la voiture ou sans s’en rendre compte, enclenché elle-même ce système.

En panique, elle avait téléphoné à son fils, le propriétaire de la voiture, pour trouver une solution à son problème. Reste pour le parquet qu’elle n’aurait pas dû immobiliser sa voiture sur la chaussée, mais sur une des voies d’arrêt d’urgence de part et d’autre du tunnel, en fonction du moment où le système a commencé à ralentir automatiquement la voiture.

Sa fille a subi de graves fractures à la boîte crânienne avec un enfoncement et souffre de séquelles neurologiques depuis lors. La question du port de la ceinture de sécurité s’était posée durant l’enquête. L’expert technique et un médecin affirment que la fillette ne la portait pas au moment du choc, Maria prétend qu’elle ne démarrait jamais sans avoir au préalable attaché son enfant. La réponse à cette question est déterminante pour la partie civile ainsi que pour l’assureur qui demande le calcul d’une quote-part des responsabilités par un expert ainsi qu’une évaluation de la contribution du non-port de la ceinture de sécurité sur les dommages subis.

Faute avouée…

Les avocats de l’automobiliste et du camionneur se sont rejeté tout ou partie des responsabilités de cet accident. Incriminant au passage, comme l’assureur, l’administration des Ponts et Chaussées dont le système Cita n’aurait pas été assez rapide pour signaler le danger et peut-être ainsi alerter le camionneur et éviter l’accident. Peut-être. Le camionneur ne nie pas sa responsabilité et reconnaît avoir été distrait par sa radio. Il n’aurait plus eu le temps de freiner ou de manœuvrer pour éviter le bouchon.

Me Penning a ensuite demandé à la chambre correctionnelle d’épargner des peines de prison aux deux prévenus et s’est dit déçu du réquisitoire du parquet qui a réclamé des peines identiques pour Maria et Stefan. Sa représentante a requis une peine de 6 mois de prison, une amende et une interdiction de conduire de 48 mois à l’encontre des deux prévenus. Elle s’est rapportée à prudence du tribunal quant à un éventuel sursis.

L’avocat estime que le camionneur a commis une erreur volontaire en ne regardant pas la route, contrairement à sa cliente qui serait victime d’une erreur technique indépendante de sa volonté. «Le verdict devra le refléter et même le partage des responsabilités» dans le cadre du versement des sommes réclamées par les parties civiles. Pour lui, le camionneur est l’unique responsable de l’accident.

«Il y a eu accident. Deux erreurs l’ont causé», a conclu Me Rauchs, l’avocat d’un des deux pères de famille décédés. Les deux prévenus découvriront le verdict le 27 novembre.