Le vice-président de la Commission européenne Stéphane Séjourné a lancé vendredi à Dunkerque (nord de la France) un appel du pied aux sidérurgistes pour réinvestir en Europe, quelques jours après la présentation du plan acier de Bruxelles contre la concurrence étrangère, notamment chinoise.
« Il faut maintenant transformer cette dynamique en investissements », a plaidé Stéphane Séjourné lors d’un déplacement sur le site dunkerquois d’ArcelorMittal, où un important projet de décarbonation reste suspendu.
« C’est mon rôle de rappeler aux industriels que l’exigence de résultats est partagée (…). Nous avons fait une part de notre travail, à vous aussi de faire la vôtre », a insisté Stéphane Séjourné.
La Commission européenne a dévoilé mardi des mesures sans précédent pour protéger la filière acier du Vieux Continent, écrasée par la déferlante des énormes surcapacités chinoises.
Le plan consiste à diviser par deux environ les quotas d’acier étranger pouvant être importés dans l’UE sans droits de douane, tout en doublant les tarifs douaniers pour les importations dépassant ces quotas, en les taxant à hauteur de 50 % contre 25 % précédemment.
ArcelorMittal avait salué mardi le plan européen. Mais le groupe réclame encore d’autres mesures fortes de Bruxelles, notamment une réforme du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), visant à éviter des distorsions de concurrence pour l’acier européen, soumis à des normes environnementales plus strictes qu’ailleurs.
Dans l’expectative
« Nous attendons aujourd’hui que la Commission européenne puisse confirmer les termes du MACF » avant de « confirmer notre projet sur Dunkerque », a ainsi réagi vendredi le président d’ArcelorMittal France, Alain Legrix de la Salle. « Nous déciderons une fois que nous aurons la vue complète du sujet ».
Stéphane Séjourné a évoqué vendredi cette réforme du MACF parmi d’autres devant arriver dans une seconde phase, mais s’est gardé de préciser quand elle pourrait aboutir.
Fin 2024, ArcelorMittal avait suspendu un projet d’investissement massif – à hauteur de 1,8 milliard d’euros, dont plus de 800 millions d’aides promises par l’État – dans la décarbonation de ses hauts fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non-compétitivité de l’acier produit en Europe.
Le sidérurgiste avait affirmé en mai son intention de maintenir ce projet, sous réserve que Bruxelles concrétise ses mesures de protection de l’acier européen.
ArcelorMittal a aussi prévu de supprimer plus de 600 emplois en France, dont environ la moitié à Dunkerque. Le groupe a exclu de revenir sur ce PSE, soulignant qu’il était un sujet distinct de celui de la décarbonation.