José est accusé du pire par ses deux belles-filles. Il nie catégoriquement. Son avocat a réclamé son acquittement sur la base des éléments «rudimentaires» rapportés par l’enquête.
Deux cousines accusent José, leur beau-père par alliance et oncle, d’abus sexuels quasi quotidiens pendant une dizaine d’années. Ce dernier nie énergiquement tout comportement déplacé envers ses deux belles-filles. Tout au plus, peut-on, selon le prévenu, lui reprocher d’avoir quitté la mère de l’une pour celle de l’autre après être tombé amoureux de la sœur de son épouse. Un expert judiciaire a mis en doute les déclarations des deux adolescentes.
«Dans cette affaire, comme souvent dans ce type d’affaires, c’est parole contre parole», a noté une enquêtrice du service criminalité générale de la police judiciaire. «En tant qu’enquêteurs, nous nous posons la question de l’intérêt des victimes présumées de faire ce type d’accusations si elles étaient mensongères.» Or, d’après la policière, aucune des deux filles «n’a de raison d’en vouloir à José» au point d’inventer une histoire pour se débarrasser de lui.
Pas de preuves formelles
Cela s’annonce compliqué. La maman de Grace traite sa fille de menteuse. «Elle était catégorique», note l’enquêtrice. L’adolescente n’aurait, selon sa mère, pas supporté qu’elle quitte son père pour José et voudrait qu’ils reforment un couple. La mère et la fille ne s’entendant pas, cette hypothèse est écartée par l’enquêtrice. «Grace va mieux depuis qu’elle vit chez son père» qui est plus laxiste. La maman aurait «l’air d’être un personnage compliqué», qui «fait régner une mauvaise atmosphère dans la famille».
L’enquêtrice n’a pas pu déceler de preuves formelles de la culpabilité de José. Aude aurait amoindri ses accusations une fois l’enquête lancée. «Grace n’a aucun intérêt de mentir et il n’y a pas de raison de ne pas la croire», assure son avocate, qui s’est constituée partie civile et a réclamé 35 000 euros de dommage moral et 15 000 euros pour Aude. «Elle a voulu aller vivre chez son père pour échapper à José. (…) Elle se souvient très bien de la première fois, ce qui est typique des victimes d’abus.»
Grace a dénoncé les faits présumés à son lycée quand elle était en 7e après s’être confiée à des proches : elle serait victime de viols, de tentatives et d’attentats à la pudeur, depuis ses 5 ans, soit entre novembre 2013 et mai 2023. Sa cousine Aude aurait subi des attentats à la pudeur en 2017 et 2018.
Théories contradictoires
Le procureur est convaincu de la sincérité des deux cousines. Aucun des témoins n’a pu fournir de raisons valables justifiant un mensonge monté de toutes pièces par les deux cousines. Il a demandé à la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg de retenir les infractions à l’encontre du prévenu ainsi que la circonstance aggravante qu’il avait autorité sur ses deux belles-filles. Il a requis une peine de douze ans de réclusion criminelle à son encontre et une amende appropriée. Une réquisition clémente étant donné que José encourt une peine entre 12 et 35 ans de prison.
José, lui, continue de nier les accusations. «Je pense que ses mensonges sont dus aux nombreuses disputes avec sa mère. Je ne vois pas d’autre explication», se borne à répondre le prévenu sans grande conviction. «Elle voulait sans doute blesser sa mère.»
Son avocat, Me Knaff, a de bien meilleurs arguments. Il avance une autre théorie et déconstruit l’enquête en soulignant ses manquements et ses incohérences. «Cette affaire ne tient pas. Ce n’est pas croyable!» Il remplit ce qu’il juge être des blancs et développe ses arguments : Grace ne s’entendait pas avec sa mère et ne voulait plus respecter les droits de visite imposés. Les conditions ont changé, l’empêchant de passer un mois de vacances au Portugal avec son père et son petit copain qui vit sur place.
«Quel meilleur argument que de dénoncer un soi-disant prédateur sexuel qui vit avec sa mère pour lui faire perdre son droit de garde ?», lance l’avocat. Il dénonce également l’impossibilité pour la défense d’apporter des preuves circonstanciées contredisant les accusations étant donné les «éléments rudimentaires» et l’imprécision des déclarations des filles. Me Knaff ne laisse rien passer et rappelle que l’expert psychiatre a «constaté des contradictions énormes dans les déclarations des deux cousines».
Le prononcé est fixé au 20 novembre.