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Accident mortel au tunnel Gousselerbierg : «À l’intérieur, c’était le chaos»


Le camion a percuté de plein fouet des véhicules à l’arrêt dans le tunnel. (Photo : police grand-ducale)

L’erreur est, paraît-il, humaine. Mais qui l’a commise : l’automobiliste paniquée, le chauffeur de camion distrait ou subsidiairement le CITA ? Une hypothèse avancée par la défense.

Deux morts et cinq blessés. C’était le bilan du carambolage qui a eu lieu dans l’après-midi du 8 juillet 2020 dans le tunnel Gousselerbierg sur l’A7 en direction du nord. Deux camions, deux camionnettes et une voiture étaient impliqués. Les deux conducteurs à l’origine de l’accident, un camionneur polonais et une automobiliste, Stefan et Maria, vont comparaître toute cette semaine face à la 9e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Il leur est notamment reproché d’avoir involontairement causé des coups et blessures ainsi que des homicides.

«À notre arrivée, un de nos collègues à moto bloquait l’entrée du tunnel. À l’intérieur, c’était le chaos», s’est souvenu un commissaire de police. Impossible pour lui et ses collègues de reconstituer l’accident sur le moment. Ils devront attendre les images de vidéosurveillance du Contrôle et information du trafic sur les autoroutes (CITA) de l’administration des Ponts et Chaussées pour comprendre son déroulement. «Tout le monde pleurait. Maria portait sa petite fille qui perdait sans cesse connaissance. (…) La camionnette était tellement aplatie qu’il n’était plus possible de déterminer de quel type de véhicule il s’agissait.» Ses deux occupants, deux ressortissants allemands, sont décédés sur le coup.

«Le camion a freiné trop tard. Il a foncé dans le bouchon. Le choc a été tel qu’il avait tourné sur lui-même et que des morceaux de l’arrière de la camionnette ont été projetés à travers tout le tunnel», confirme une policière également sur les lieux.

«L’accident aurait pu être évité»

Ce jour-là, Maria avait emprunté la voiture de son fils. Le limitateur de vitesse s’est enclenché, la voiture a alors commencé à ralentir de plus en plus. En panique, Maria a contacté son fils par téléphone pour essayer de débloquer le système avant de rentrer dans le tunnel. Elle avançait à 18 kilomètres par heure, selon un expert technique, avant de s’immobiliser complètement. Elle espérait débloquer le système en coupant et en remettant le contact.

«Sur les images de vidéosurveillance, on voit la voiture entrer très lentement dans le tunnel avant de s’immobiliser. Des voitures l’ont dépassée par la gauche. Un camion s’est arrêté derrière elle. Puis une camionnette et la camionnette des deux victimes. Tous ces véhicules avaient allumé leurs feux de détresse», note l’expert technique. Finalement est arrivé le camion de Stefan à 85 kilomètres à l’heure. «L’accident aurait pu être évité si le camionneur avait été plus attentif», estime l’expert. Et ce, peu importe le poids de son chargement.

Le fils de l’automobiliste lui avait conseillé d’éteindre la voiture et de la relancer pour désactiver le limitateur de vitesse. L’expert technique reconnaît que cette procédure est compliquée à réaliser sur le type de voiture, une Mercedes, qu’elle conduisait. Encore plus en état de panique dans une voiture qui n’est pas la sienne. Il parle d’expérience, il conduit la même. Une chose est certaine : la voiture ne présentait pas de problème technique au moment des faits. L’erreur ne peut donc qu’être humaine.

Les alertes ont fonctionné

Les avocats de la défense et des parties civiles ont posé de nombreuses questions à l’expert pour tenter de comprendre le déroulement exact des faits, le fonctionnement du système de limitation de vitesse, la responsabilité de l’automobiliste, l’état des équipements de la voiture ou le port de la ceinture de sécurité par les différents protagonistes. Des questions complexes et précises qui ont appelé le même type de réponses.

Ils ont également essayé de savoir si les différentes alarmes prévues en cas d’accident ou d’anomalie se sont déclenchées en temps voulu dans le tunnel. Le chef de salle du CITA de l’époque estime que ses opérateurs ont affiché à temps le blocage de la voie sur laquelle la voiture se trouvait. «Les opérateurs reçoivent des alertes quand une voiture roule trop lentement dans le tunnel ou s’immobilise. Ils peuvent immédiatement visionner les images du tunnel», explique le témoin. «Les opérateurs ont autorité pour déclencher les démarches de sécurité.» Comme, par exemple, modifier les panneaux de signalisation.

Il aurait fallu 40 secondes au mécanisme pour s’enclencher. Trois minutes et 51 secondes, selon Me Penning. Largement assez dans les deux cas pour que l’accident se produise. La défense veut faire valoir que si le système du CITA avait fonctionné en bonne et due forme, le camion aurait peut-être pu éviter l’accident. Voire que les mesures de sécurité en vigueur ne sont pas adaptées. La juge ponctue : «Tout s’est passé extrêmement vite». Sans compter l’inertie du système de signalisation. Une question de secondes.

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