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Le Grand-Duc Guillaume applaudi par les députés


À l’exception de déi Lénk, les partis siégeant à la Chambre estiment que le nouveau chef de l’État a fait une belle impression, vendredi, lors de son avènement au trône.

Au lendemain du week-end dédié au changement de trône, les représentants des sept groupes parlementaires reviennent sur les festivités, les premiers mots du Grand-Duc et leurs attentes, ou non.

Stéphanie Weydert (CSV) : «La cérémonie à la Chambre fut un moment très émouvant, pour moi aussi. Le discours du trône était très fort, car il a cherché à rassembler les générations. Le Grand-Duc a eu une pensée particulière pour son arrière-grand-mère. Il a jeté un regard sur le passé, évoqué les défis du futur et les temps difficiles que nous vivons, avec toutes les guerres qui ne sont plus si éloignées de nous. Il a dressé une image réaliste de la situation actuelle.

Ce qui m’a beaucoup plu est qu’il veut être, avec son épouse, un Grand-Duc très proche du peuple, davantage que son père, qui a pu donner l’impression d’être plus réservé. Pouvoir rencontrer le Grand-Duc en personne demeure une expérience unique. Je suis convaincue que les jeunes sportifs qui ont échangé avec lui à Grevenmacher ont vécu un moment exceptionnel.

Le Grand-Duc et la monarchie en soi permettent toujours que des portes s’ouvrent pour le Luxembourg à travers le monde. Ce rôle, Guillaume veut continuer à pleinement l’assumer, en faisant preuve d’un grand intérêt pour ce qui se passe autour de lui. Il s’agit d’une plus-value incontestable pour notre pays. Un chef de l’État apolitique permet de placer le Grand-Duché sur la carte du monde. C’est certainement une des grandes attentes que nous plaçons en lui.»

Gilles Baum (DP) : «Je retiens un discours très honnête, sincère et avec une grande empathie pour les habitants du Grand-Duché, Luxembourgeois comme ressortissants étrangers. Il a mis l’accent sur la cohésion sociale, qui a toujours été le fort de notre pays, ainsi que sur le besoin de communiquer et de relever certains défis. C’était très fort.

Il a annoncé vouloir être à l’écoute et en contact avec la population et c’est ce qu’il a fait lorsqu’il est venu dans ma circonscription, à Grevenmacher. Il a rencontré les jeunes et les associations sportives et a pris le temps de parler avec eux et les gens, tous ravis de le rencontrer.

Comme son père, le nouveau Grand-Duc sera en contact avec le Premier ministre notamment et il pourra peut-être donner des impulsions ou des idées nouvelles. En tant que Grand-Duc héritier, il a fait un certain nombre de missions économiques à l’étranger, il a toujours très bien représenté le pays et je pense que cette ouverture vers l’étranger sera, à mon avis, l’une de ses missions majeures.»

La monarchie permet toujours que des portes s’ouvrent pour le Luxembourg à travers le monde

Taina Bofferding (LSAP) : «J’ai trouvé son discours très intéressant. Il a beaucoup parlé des valeurs qui cimentent notre société. Le Grand-Duc a mis en avant la liberté, la solidarité et aussi la cohésion sociale, ce qui nous plaît particulièrement en tant que socialistes. Lors de la réception, je l’ai félicité. Je lui ai aussi dit être presque tentée de lui offrir une carte de membre du LSAP. Le Grand-Duc en a bien ri.

Ce que j’ai remarqué, c’est la volonté du nouveau couple grand-ducal d’être plus proche des gens, de bâtir des ponts entre les générations. J’étais présente aux festivités à Dudelange. Le concept du spectacle m’a beaucoup impressionnée, notamment en raison de son caractère inclusif. Cela avait une certaine dynamique, ce qui a visiblement plu au Grand-Duc et à la Grande-Duchesse.

Quelle sera la suite ? Tout dépendra des causes pour lesquelles il compte s’engager. Le Grand-Duc a beaucoup parlé de la diversité dans la société. Il a tenu un grand plaidoyer pour l’Europe lors du dîner de gala. J’ai remarqué qu’il n’avait pas mentionné le logement en listant les défis qui attendent le pays, alors que c’est un sujet incontournable et une préoccupation majeure des gens. Il aurait au moins pu adresser à la politique un appel à agir.»

Fred Keup (ADR) : «Je pense que l’on devrait s’abstenir de critiquer le Grand-Duc. Il est tenu à la neutralité politique, ce qu’il a d’ailleurs souligné lors de son discours. Il s’agit d’un point très important, car c’est la condition pour pouvoir représenter l’ensemble de la population, au contraire, peut-être, d’un président élu. Les choses qu’il a mises en avant dans son discours, telles que la cohésion sociale, sont certainement très largement partagées, y compris par l’ADR. J’ai particulièrement apprécié les mots du Grand-Duc envers les jeunes, alors que, dans notre société fortement individualisée, leur engagement dans les associations se perd toujours plus.

Le Grand-Duc doit être un élément fédérateur. Je pense qu’il l’a très bien démontré. Cela m’a aussi beaucoup plu que de nombreux jeunes soient présents aux différentes festivités et que le Grand-Duc soit très apprécié par la jeune génération. On ne s’y attendait pas forcément, mais cela démontre aussi que les jeunes, et plus globalement les gens, sont à la recherche d’une ancre de stabilité. Ce rôle, le Grand-Duc Guillaume l’a très bien joué et cela donne beaucoup d’espoir pour un règne qui aura un impact très positif.»

Sam Tanson (déi gréng) : «Dans son discours, j’ai trouvé le contenu intéressant, les messages véhiculés étaient forts par les temps qui courent. Lors de la séance plénière à la Chambre, il a parlé de l’importance de la cohésion sociale, puis le soir, au dîner de gala, il a parlé de l’Europe et de la place qu’elle doit avoir, unie et forte. D’un point de vue formel, j’ai aussi trouvé qu’il avait très bien assuré les deux discours. Il n’avait pas l’air stressé et s’est montré sûr de lui, c’était agréable de l’écouter.

Maintenant, comment remplira-t-il ses fonctions ? Je pense qu’il faut laisser le temps à tout le monde de s’habituer à la nouvelle situation et qu’il a absolument conscience que la tâche est difficile, qu’il y a énormément de défis à relever. En tout cas, j’ai trouvé prometteurs ses discours du premier jour et sa façon de faire samedi.

J’étais au concert sur le Glacis samedi soir et j’ai pu voir le formidable show des musiciens luxembourgeois et l’accueil du public. J’y suis allée en tramway et il était complètement bondé, ce qui était déjà assez impressionnant. Et il y avait vraiment beaucoup de monde malgré le temps. J’ai l’impression que les gens étaient, en grande partie, venus célébrer le Grand-Duc.»

Il aurait pu évoquer certains des grands problèmes au Luxembourg, comme le logement

David Wagner (déi Lénk) : «Samedi, je n’étais pas à la fête. Nous avons juste accompli notre tâche constitutionnelle en étant au Parlement vendredi, puisque, en tant que parti républicain, nous ne participons pas aux événements organisés par la Cour. Vendredi, j’ai forcément écouté son discours et c’était un discours un peu plat et qui ne fait de mal à personne, typique d’un monarque constitutionnel.

Ce qui m’a un peu frappé, c’est que, tant qu’à vouloir à tout prix se montrer plus proche du peuple, il aurait pu évoquer certains des grands problèmes au Luxembourg, comme le logement. Étrangement, lui et ses conseillers semblent avoir omis cela. Sur la forme, je ne le connais pas très bien, mais il me paraît sympathique. Et il avait l’air assez assuré, on dirait que cela lui plaît de faire cela.

Le problème avec le Grand-Duc, c’est la symbolique, avec cette idéologie qu’il est là pour unir la nation. À mes yeux, il y a un côté patriarcal et un peu autoritaire là-dedans. En tout cas, la vie a déjà repris son cours pour nous et nous n’attendons rien de lui.»

Le président de la Chambre des députés, Claude Wiseler, a été le premier représentant des institutions du pays à être reçu en audience, hier, par le Grand-Duc Guillaume. Photo : hervé montaigu

Sven Clement (Parti pirate) : «C’était très important de rappeler dans son discours que le Luxembourg est un pays hétérogène où il faut construire des ponts tous les jours et que cela demande l’effort de tout un chacun, du chef de l’État jusqu’au citoyen. Et ce qui m’a marqué, c’est aussi la notion de challenges qu’il faut attaquer ensemble. C’était bien pensé, bien préparé et bien exécuté.

Je pense aussi que la célébration était à la hauteur des attentes. J’étais en Ville samedi soir, c’était froid et pluvieux, mais très beau. Maintenant, on peut toujours critiquer l’un ou l’autre aspect. Oui, on aurait pu le condenser en deux jours, on aurait pu avoir une communication plus claire sur les dispenses scolaires, on aurait pu être plus inclusifs pour ceux qui travaillent le week-end. Mais ce sont des nuances.

Pour la suite, le Grand-Duc a dit qu’il allait exercer son mandat d’une manière politiquement neutre et j’attends qu’il le fasse afin de rester un unificateur à chaque fois qu’il y a des débats et des frictions. J’ai hâte de découvrir comment il va remplir cette nouvelle fonction, mais je ne doute pas de lui.»

Morgan Kervestin et David Marques

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