Claude Meisch, le ministre de l’Éducation nationale, présentait ce lundi, KI-Kompass, une proposition de cadre stratégique pour l’usage de l’IA à l’école.
Face au raz-de-marée provoqué par l’intelligence artificielle dans nos capacités à rechercher, écrire et créer, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse a décidé de former les enseignants, les directions des écoles et surtout les élèves pour que ces derniers soient préparés aux enjeux du monde d’aujourd’hui. «Nous voulons investir dans les capacités humaines, collaborer et surtout investir dans la pensée critique des élèves, parce que plus il y aura de l’intelligence artificielle, plus il sera important de développer sa propre opinion», appuie le ministre Claude Meisch.
Venir à l’IA progressivement
Pour répondre à ce défi, le ministère a élaboré un cadre stratégique pour l’usage de l’intelligence artificielle à l’école. Nommé KI Kompass pour «Künstlicher Intelligenz Kompass» («boussole pour l’intelligence artificielle»), il prévoit une intégration progressive de l’IA dans l’enseignement en prenant comme déterminants l’âge et la maturité digitale des élèves.
Concrètement, l’IA sera absente de l’apprentissage dans l’enseignement fondamental, où l’accent sera mis sur le développement des compétences telles que la lecture, l’écriture ou encore l’expression orale. En revanche, elle apparaîtra dans les classes inférieures de l’enseignement secondaire, où les élèves apprendront le fonctionnement des systèmes d’IA. En cela, ils seront confrontés aux limites, aux biais et aux impacts éthiques et sociaux de cette technologie.
Enfin, dans les classes supérieures de l’enseignement secondaire, les élèves seront formés pour utiliser l’IA de manière plus autonome tout en travaillant leur esprit critique. L’idée est de faire de l’IA «un outil d’apprentissage et de création», indique le ministère.
Une palette d’outils
Ce cadre stratégique sera accompagné d’une plateforme qui propose des outils IA pour un usage scolaire ainsi que des propositions de formations et un service de soutien. Ces outils IA seront au nombre de trois au lancement de KI Kompass et seront à destination d’un usage uniquement scolaire.
Les formations seront, elles, composées de 80 modules créés par l’Institut de formation de l’Éducation nationale (IFEN) et seront à destination des enseignants et des directions. Pour finir, le service d’assistance permettra de poser des questions spécifiques par téléphone ou par mail et de, par exemple, signaler des besoins de formation.
«On a testé quelques outils qui ont une plus-value pédagogique et qui répondent aussi au cadre juridique du pays et de l’Union européenne, notamment pour le stockage et la gestion des données qui sont introduites, parfois aussi des données confidentielles qui concernent l’un ou l’autre élève», explique Claude Meisch. «Nous avons également sondé les enseignants quant à leurs besoins vis-à-vis de l’intelligence artificielle en classe pour vraiment augmenter leurs capacités, mais aussi augmenter la qualité de l’enseignement.»
Les élèves perçoivent moins les risques
Cette proposition de cadre stratégique pour l’usage de l’IA à l’école résulte d’une enquête nationale conduite durant l’été dernier auprès de plus de 4 000 élèves. Selon les chiffres issus de ce document, près de 40 % des élèves déclarent utiliser l’IA régulièrement, notamment pour chercher des informations, traduire ou résumer des textes.
Cette étude marque le fossé de perception sur l’IA entre enseignants et élèves. Les premiers y voient à la fois des opportunités et des risques tandis que les seconds y perçoivent un levier pour apprendre plus facilement. Quelles que soient ces données, une large majorité de ces deux partis (95 % des enseignants et 77 % des élèves) estime que l’apprentissage de l’IA doit faire partie intégrante de l’éducation scolaire.
Plusieurs concertations en vue
Pour le moment, aucune date précise n’a été communiquée quant à la mise en place de KI Kompass. La plateforme est bien accessible sur internet, mais n’est pas encore utilisée par les enseignants, les directions ou les élèves. Les prochaines échéances auront lieu en fin d’année avec plusieurs réunions de concertation prévues, notamment avec les Collèges des directeurs de l’enseignement fondamental et secondaire, les syndicats des enseignants et le Conseil supérieur de l’Éducation nationale.
Une fois ces consultations achevées, «une version adaptée du cadre stratégique ainsi qu’un recueil de lignes directrices pour l’usage de l’IA en classe seront finalisés en janvier 2026», précise le ministère. Dans la foulée, ils seront présentés aux enseignants lors d’une conférence.