Plusieurs milliers de personnes massées place Guillaume-II ont acclamé le nouveau souverain, scandant son nom et agitant des drapeaux aux couleurs du Luxembourg. Les plus chanceux ont pu serrer la main au couple grand-ducal.
De Christelle Brucker & Sophie Wiessler
Il est 11 h 35 lorsque la foule entassée au Knuedler entend soudain résonner les 21 coups de canon saluant l’avènement du nouveau souverain. Le Grand-Duc Guillaume apparaît sur l’écran géant dressé au pied de l’hôtel de ville, saluant le public venu l’acclamer, depuis les escaliers de la Chambre des députés à quelques mètres de là.
Eniko, Balázs et leur fils Donát, 9 ans, n’en ratent pas une miette : «On est en congé aujourd’hui et Donát voulait absolument venir, c’est lui qui a insisté», raconte la mère de cette famille hongroise installée au Luxembourg depuis cinq ans maintenant.
Dans un français parfait, le petit garçon explique qu’ils ont parlé du changement de trône en classe ainsi que du programme des festivités et que ça l’a beaucoup intéressé : «Je connais tous les membres de la famille grand-ducale, et mon préféré, c’est Charles… Regarde, c’est lui!», s’interrompt-il en sautant sur place et en pointant du doigt le petit Prince qui s’affiche un instant sur la retransmission en direct.

Balázs, Eniko et leur fils Donát, 9 ans. (Photo : Sophie Wiessler)
Il faut dire que l’aîné du couple grand-ducal, âgé de cinq ans, fait l’unanimité parmi le public, qui s’attendrit à chacune de ses mimiques. À travers ces milliers de personnes plantées sur les pavés de la place Guillaume-II, c’est un «mini-Grand-Duché» qui s’est formé : des Luxembourgeois, des résidents étrangers, des seniors, des familles avec enfants, tous ont tenu à être présents ce vendredi matin, dont beaucoup d’étudiants et lycéens.
À l’image de Mathias, 18 ans, le dos recouvert par un grand drapeau national, qui rate exprès les cours ce vendredi matin : «Cet événement est très rare, une fois tous les deux ou trois décennies! Alors ça vaut vraiment le coup de venir le vivre au lieu d’aller à l’école», s’exclame-t-il, tout en exhibant les pin’s du Luxembourg accrochés à son blouson. «C’est spécial, après tout, on est le seul Grand-Duché au monde», souligne son copain Ben.
Face à l’écran géant, téléphones portables en main, Aiko et ses amies Marion, Kim et Isa attendent de voir passer le Grand-Duc et la Grande-Duchesse sur le tapis rouge : «Impossible de rater ça, c’est un jour historique», commente-t-elle.

Aiko et ses amies Marion, Kim et Isa. (Photo : Sophie Wiessler)
Pour l’occasion, cette étudiante a embarqué avec elle le drapeau flanqué d’un cœur à l’effigie du couple grand-ducal qu’elle brandissait le jour de leur mariage en 2012 : «J’y avais assisté quand j’étais petite, c’est un magnifique souvenir. On a grandi avec le Grand-Duc Henri et, aujourd’hui, Guillaume prend la relève, c’est tout un symbole.»
«Le bon moment pour passer le relais»
Alors que les premiers invités arrivant à pied sont accueillis un à un par la bourgmestre Lydie Polfer, des applaudissements retentissent au passage des couples royaux de Belgique et des Pays-Bas.
Un défilé de têtes couronnées très attendu par Viviane, Marie-Paule et Sigrid, trois pimpantes seniors originaires de Steinsel. Pas question de rester au chaud devant leur télé ce matin, elles voulaient venir saluer ceux et celles qu’elles voient d’ordinaire dans les journaux dédiés : «Bien sûr, on les connaît tous!»

Viviane, Marie-Paule et Sigrid, trois pimpantes seniors originaires de Steinsel. (Photo : Sophie Wiessler)
Pour Viviane, qui est luxembourgeoise, le fait que le Grand-Duc Guillaume souhaite incarner un pont entre tradition et modernité est une très bonne chose. «Pour Henri, je pense que c’était le bon moment pour passer le relais», pointe-t-elle, tandis que sa voisine, Luxembourgeoise d’origine belge, se réjouit de voir Stéphanie devenir Grande-Duchesse.
Sigrid, l’Allemande du trio, est heureuse de pouvoir partager ce moment de joie avec ses amies : «On n’a ni roi ni reine ni grand-duc chez nous, alors je profite d’être ici.»
La clameur monte lorsque le Grand-Duc et la Grande-Duchesse font leurs premiers pas au Knuedler, tout sourire, devant les flashs des photographes. Quelques «Vive Guillaume!» s’échappent des premiers rangs qui se dressent sur la pointe des pieds au passage du couple pour mieux l’apercevoir.
Robin fait partie de ceux-là : Quotidien et drapeau tricolore sous le bras, ce passionné a pris la route très tôt depuis Louvain pour le Trounwiessel, inscrit dans son agenda depuis des mois. «Je suis très attaché à la monarchie, que ce soit du côté belge ou du côté luxembourgeois», explique ce jeune Français, étudiant en Belgique, qui voit en Stéphanie une Grande-Duchesse «profondément ancrée dans le cœur des Luxembourgeois, ça se voit tout de suite».
Robin, 18 ans, est venu de Louvain spécialement pour le #Trounwiessel qu’il attend depuis 9 mois ! Grand fan de la monarchie, il voit en Guillaume et Stéphanie un « nouveau lien entre le Luxembourg et la Belgique » pic.twitter.com/iSBlKyHc15
— Le Quotidien (@le_quotidien_lu) October 3, 2025
À la tribune officielle, tous les invités ont pris place face à Lydie Polfer qui entame son discours. La bourgmestre félicite le Grand-Duc et la Grande-Duchesse au nom de tous les habitants de la capitale, «une ville ouverte et cosmopolite, qui compte 70 % de résidents n’ayant pas la nationalité luxembourgeoise.
Une différence qui fait notre fierté et que nous vivons comme une plus-value.» Avant d’inviter le couple à signer le livre d’or, elle conclut avec un «Vive le Grand-Duc, vive la Grande-Duchesse, vive le Luxembourg!» très applaudi.
«C’était le summum de pouvoir lui parler»
Des mots qui font vibrer Lucas, tiré à quatre épingles, cravate bleu-blanc-rouge et Roude Léiw sur la poitrine, qui confie toute sa fierté de vivre dans le «dernier Grand-Duché au monde» et a particulièrement apprécié le discours du Grand-Duc Guillaume, «axé sur la jeunesse» : «C’est vraiment ce que j’attendais, qu’il aborde des thèmes actuels, qu’il s’adresse à nous. Je pense qu’il va faire un bon job comme Grand-Duc.»
Lucas, 18 ans, est venu de Troisvierges dans son plus bel habit pour le #Trounwiessel 🇱🇺 Il a beaucoup aimé le discours du nouveau Grand-Duc Guillaume, « tourné vers la jeunesse » et lui souhaite le meilleur pour les années à venir pic.twitter.com/MuYGXkCj0l
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Tandis que les invités s’éclipsent pour rejoindre le Cercle Cité, le Grand-Duc et la Grande-Duchesse s’offrent leur premier bain de foule dans leurs nouvelles fonctions officielles.
Leurs premiers égards vont aux personnes handicapées présentes ce matin, puis ils se dirigent droit vers le coin où est postée Chantal depuis plusieurs heures déjà. Cette Alsacienne fan des monarchies européennes n’a pas hésité à faire des centaines de kilomètres avec son compagnon dans l’espoir d’échanger un sourire ou un regard avec ses idoles.
Et son vœu est exaucé : elle a eu la chance de serrer la main de la Grande-Duchesse Stéphanie. «C’était le summum de pouvoir lui parler, de la féliciter», raconte-t-elle, encore portée par l’émotion.
Chantal, aux premières loges depuis 8h ce matin a pu échanger brièvement avec la Grande-Duchesse Stéphanie : « je lui ai dis félicitations. C’est un moment incroyable, plein d’émotions » pic.twitter.com/P9hKMzCmbf
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Si elle découvre le Luxembourg, cette inconditionnelle des cours d’Europe n’en est pas à son coup d’essai : «J’ai assisté au couronnement du roi Charles III, au mariage de Kate et William, au mariage de Carl Philip de Suède et aussi à celui de Daniel et Victoria de Suède.»
Des événements qu’elle collectionne comme les lettres – plus de 150 – reçues de toute l’Europe en réponse aux nombreuses cartes d’anniversaire ou de Nouvel An qu’elle adresse chaque année aux monarques. Comme tous les participants présents vendredi matin, elle repart «ravie d’avoir été là pour ce moment historique chargé en émotions».
Quelques images du bain de foule