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«Je souhaite que nous continuions à avancer ensemble»


Le discours du trône du nouveau Grand-Duc Guillaume a été tourné vers l'avenir, non sans oublier des références à ses prédécesseurs, dont la Grande-Duchesse Charlotte. (Photo : julien garroy)

Le Grand-Duc Guillaume se trouve depuis ce vendredi à la tête du Luxembourg. Après l’abdication de son père, le Grand-Duc Henri, le nouveau souverain a prêté serment devant la Chambre des députés. Dans son discours du trône, il a dressé les contours d’un règne qui débute en des «temps difficiles». Un appel est lancé à l’ensemble de la population, et en particulier les jeunes.

L’émotion, la gratitude et la fierté étaient au rendez-vous lors de la cérémonie d’abdication, en milieu de matinée, au palais grand-ducal. C’est avec la simple signature d’un arrêté que le Grand-Duc Henri a renoncé au trône. Le souverain sortant vient de passer le flambeau à son fils aîné, le Prince Guillaume, qui porte depuis ce vendredi le titre de Grand-Duc de Luxembourg.

«Merci pour ces 25 années au service du Luxembourg»

Il est revenu au Premier ministre, Luc Frieden, de présenter les remerciements du peuple luxembourgeois pour un règne entamé le 7 octobre 2000 : «Merci pour ces 25 années au service du Luxembourg, au service du pays et de ses citoyens. Vous avez toujours placé notre cohésion sociale au centre de vos préoccupations. Vous étiez, vous êtes et vous demeurerez une part essentielle de ce que nous appelons notre patrie».

Luc Frieden a aussi eu un mot pour la Grande-Duchesse : «Votre engagement exemplaire en faveur des causes humanitaires, au Luxembourg comme à l’étranger, fait partie intégrante de (l’)histoire» écrite par le couple grand-ducal.

«Chaque génération doit affronter ses propres défis»

Henri sort du palais en tant qu’ancien chef de l’État, avec à ses côtés Maria Teresa, et aussi le petit Prince Charles, le fils aîné du nouveau Grand-Duc Guillaume et de la nouvelle Grande-Duchesse Stéphanie. Ils ont été suivis par les nouveaux souverains sur le tapis rouge menant vers la Chambre, où a eu lieu, devant les 60 députés et les membres du gouvernement, la prestation de serment officielle.

«Chaque génération doit affronter ses propres défis. Les nôtres, aujourd’hui, sont nombreux : le contexte géopolitique, l’intelligence artificielle, le changement climatique, la compétition économique mondiale. Je sais que vous serez un chef de l’État soucieux de contribuer au succès de notre pays, attentif aux préoccupations de nos concitoyens et animé d’un intérêt sincère pour la diversité des questions qui marquent notre époque», déclare le Premier ministre en début de séance.

«Nous vous faisons confiance»

Le président de la Chambre, Claude Wiseler, place dans un contexte plus large l’avènement au trône du Grand-Duc Guillaume. «Vous serez confronté à d’autres défis que vos ancêtres. Le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui remet de plus en plus en question les valeurs qui nous sont chères et qui constituent le fondement de notre société. La démocratie, la liberté, l’État de droit, les droits de l’Homme et, oui, même la paix sont de plus en plus menacés», constate-t-il.

«Nous sommes convaincus de pouvoir surmonter ces défis. Et ceci est d’autant plus aisé lorsqu’un pays a un chef de l’État dont on sait d’avance qu’il défendra, quoi qu’il arrive, les valeurs de notre pays et de notre société : la démocratie, la solidarité, la liberté et le respect. Nous vous faisons confiance», poursuit le Premier citoyen du pays.

Le président de la Chambre s’est aussi adressé à la Grande-Duchesse Stéphanie : «Votre rôle n’est pas défini dans la Constitution, mais il est ancré dans les cœurs des gens, au sein desquels vous occupez d’ores et déjà une place de choix.»

«Je vivrai la vie de mon peuple (…), partagerai ses joies et ses souffrances»

Moment très attendu, le nouveau chef de l’État a évoqué, lors de son discours du trône, les contours de son règne, en rendant hommage à la Grande-Duchesse Charlotte, tout en dressant la perspective d’un Luxembourg résolument tourné vers l’avenir, prêt à relever les défis qui se posent à lui.

Le Grand-Duc Guillaume s’est fait sien la devise de son arrière-grand-mère, partagée le 18 janvier 1919 avec la Nation : «Je vivrai la vie de mon peuple dont je ne veux être séparée par aucune barrière. Je partagerai ses joies et ses souffrances.» La proximité avec le peuple va donc guider son action. «Je promets d’être au service de l’ensemble des habitants de notre pays, et d’agir, en toutes circonstances, dans l’intérêt de la Nation. Je m’engage à rester toujours à l’écoute et à œuvrer à la recherche de solutions communes. J’agirai avec intégrité, je resterai authentique, et je servirai notre pays avec loyauté et honnêteté», annonce-t-il.

«On a toujours su s’adapter aux nouveaux enjeux»

Le nouveau souverain rebondit sur les propos du président de la Chambre, en soulignant que «nous devons faire face à de nombreux défis : des tensions géopolitiques croissantes, une économie mondiale redevenue imprévisible, une spirale de désinformation qui menace nos démocraties et les effets du changement climatique toujours plus tangibles». Le Grand-Duc déplore aussi que «la guerre, comme la pauvreté, demeurent, hélas, des constantes tragiques».

En parallèle, le Grand-Duché fait face à un monde qui «évolue rapidement sous l’effet des progrès technologiques et des transformations sociétales». Le pays disposerait toutefois des qualités pour relever ces nouveaux défis. «On a toujours su s’adapter aux nouveaux enjeux internationaux et transformer les défis en opportunités. Je souhaite que nous continuions à avancer ensemble dans un esprit de solidarité et de responsabilité», appuie le souverain.

«Nous sommes à l’aube d’une révolution technologique majeure»

Le Grand-Duc Guillaume, âgé de 43 ans, a tenu à s’adresser à la jeune génération. «Nous sommes à l’aube d’une révolution technologique majeure, portée par l’intelligence artificielle. Elle transformera notre vie, notre environnement et même nos institutions démocratiques. De tels changements peuvent nourrir un sentiment d’incertitude quant au monde de demain. Et c’est pour la jeunesse que l’enjeu est le plus grand», juge-t-il.

Une autre de ses priorités est d’œuvrer, comme son père l’a toujours fait, en faveur de la cohésion sociale. Malheureusement, «notre société est aujourd’hui marquée par une tendance au repli sur soi, au détriment de l’attention portée aux autres. C’est pourquoi j’en appelle à vous – les jeunes, mais aussi les moins jeunes : poursuivez votre engagement volontaire dans les associations, les communes et les nombreux cercles et clubs de la vie sociale. Et pour celles et ceux qui ne s’y sont pas encore engagés : osez le bénévolat».

«Le passage de la tradition vers la modernité»

L’image du bâtisseur de ponts – utilisée également dans l’interview qu’il a accordé à nos confrères du Tageblatt – vient clôturer un discours très engagé et fortement applaudit.

Dans le cadre des festivités de samedi soir, le nouveau couple grand-ducal traversera le Pont rouge, qui porte le nom de son arrière-grand-mère. «Lorsque nous franchirons ce passage de l’ancien vers le nouveau, de la tradition vers la modernité (…) je me rappellerai ma promesse faite aux Luxembourgeois et à tous nos concitoyens, guidé par les paroles de la Grande-Duchesse Charlotte : Je vivrai la vie de mon peuple dont je ne veux être séparée par aucune barrière. Je partagerai ses joies et ses souffrances».