La Luxembourgeoise Nora Rosa Fellens Huberty, à bord de la flottille vers Gaza, aurait été arrêtée, selon les organisateurs. Patrick Bosch, son relais au Grand-Duché, assure qu’elle est désormais en Israël.

À l’instar de la grande majorité des embarcations de la flottille humanitaire Global Sumud en direction de Gaza, le bateau de la dernière représentante luxembourgeoise aurait été arrêté jeudi matin. Nora Rosa Fellens Huberty serait ainsi «présumée kidnappée» par l’armée israélienne, selon les mots du «Global Movement to Gaza Luxembourg». Patrick Bosch, le porte-parole du mouvement au Grand-Duché, nous apporte plus de précisions quant à la situation.

Savez-vous exactement ce qu’il s’est passé avec le Mia Mia, le bateau de Nora Rosa Fellens Huberty ?

Patrick Bosch : Vers 6 h 15 ce (jeudi) matin, une des personnes à bord du Mia Mia a envoyé un message dans le groupe où nous sommes en contact avec les bateaux en permanence en disant qu’ils étaient entourés de zodiaques sur lesquels se trouvaient des militaires israéliens. Et puis, quelques minutes plus tard, on a perdu le contact. Nous n’avons donc rien vu sur les caméras, nous n’avons pas vu les militaires entrer dans le bateau ou ce genre de choses.

Quels ont été vos derniers échanges avec elle ?

On s’est parlé hier (mercredi), puis on s’est écrit encore durant la nuit. Bien sûr, elle s’attendait à cette finalité. Même si on espérait que la flottille arriverait jusqu’à la plage, on savait très bien que ce n’était pas le résultat le plus probable.

Avez-vous eu des nouvelles depuis ce matin ?

Je viens d’avoir des nouvelles (en milieu d’après-midi, jeudi) de Nora qui, apparemment, serait à terre, en Israël. Donc c’est bien confirmé qu’elle a été arrêtée et qu’elle serait quelque part dans une zone militaire israélienne. On me confirme aussi que les affaires consulaires belges s’occupent de la situation, vu que Luxembourg n’a pas de représentation consulaire et qu’il y a donc un accord entre les deux pays.

Elle a été formée aux techniques d’interrogatoire

Vous estimez donc qu’elle est emprisonnée avec son équipage ?

Bien sûr, Nora a été arrêtée et va être interrogée. Avec son équipage je ne sais pas. À mon avis, ils sont séparés comme il y a des techniques d’interrogatoire. Ils vont essayer de lui tirer des informations, ils vont vérifier son profil et s’ils ne peuvent pas lui reprocher quelque chose, comme une connexion douteuse.

D’ailleurs, tous les participants de la flottille ont reçu une formation par rapport aux techniques d’interrogatoire et comment garder son calme. Ou comment faire face aux différentes tortures qui peuvent être appliquées. Cela ne veut pas dire qu’ils vont lui arracher un membre, mais cela peut être une torture en la mettant dans certaines positions douloureuses et compliquées par exemple. En tout cas, on s’attend à ce que cela soit possible donc elle a été formée aux techniques d’interrogatoire.

Désormais, avez-vous une idée du sort qu’il va lui être réservé ?

C’est très difficile à dire. Ils ont quand même près de 500 personnes à traiter, donc ce volume va avoir un impact sur la suite. Cela dépendra aussi de comment ils qualifieront le profil de Nora. Je pense que c’est une personne très pacifiste qui n’est pas liée à des mouvements, disons, douteux. Dans son cas, on espère donc que cette phase ne va pas être trop longue.

Maintenant, les Israéliens ont une méthode qui consiste à faire signer aux personnes qu’ils arrêtent un document dans lequel elles déclarent admettre s’être rendues coupables de s’introduire dans un endroit dans lequel elles n’étaient pas autorisées à entrer. Si vous le signez, vous partez plus vite. Sinon, vous restez plus longtemps, comme Rima Hassan en juin dernier, qui a été retenue pendant trois jours. Pour Nora, signer ou non est un choix qui lui appartient.

Il faut recommencer avec plus de bateaux

Attendez-vous quelque chose de la part du gouvernement luxembourgeois ?

Nous sommes en contact régulier avec les autorités du ministère des Affaires étrangères et les contacts sont constructifs et cordiaux. Je pense qu’ils font le nécessaire pour aider, mais nous étions un peu en attente d’une réaction plus claire sur le plan politique.

La flottille a été organisée pour apporter de l’aide aux personnes à Gaza, pour briser le blocus, forcer l’arrêt du génocide et réclamer la condamnation des personnes éventuellement coupables de crimes de guerre. Sur ce point, le communiqué de presse du ministère des Affaires étrangères n’y répond pas. Ce n’est pas juste la protection de Nora qui nous tient à cœur. Le but derrière est quand même que ces crimes s’arrêtent.

En attendant, nous sommes mobilisés sur le parvis du ministère jusqu’à la libération de Nora. Il y avait une cinquantaine de personnes ce midi et un nombre réduit qui va probablement passer la nuit ici.

Quel bilan faites-vous de la flottille ?

Ce qui s’est passé n’est pas une surprise. Par contre, on a constaté que les bateaux sont quand même arrivés relativement loin. Certains étaient à peu près à 30 milles nautiques de la côte, soit environ 50 kilomètres. Il y avait encore un bout de chemin à faire, mais par rapport aux précédentes initiatives, c’est celle qui a eu le plus de succès.

Cela nous indique aussi qu’il faut recommencer avec plus de bateaux et des bateaux plus grands puisque les capacités militaires israéliennes seront épuisées à force. Elles ne pourront pas capturer de manière structurée autant de bateaux.