Le nouveau Centre de logopédie a été inauguré officiellement ce lundi à Strassen. Il accueille 250 jeunes sourds ou malentendants.
Ils viennent des quatre coins du pays, les élèves du Centre de logopédie sont accueillis depuis le 15 septembre dernier dans des locaux flambants neufs, à Strassen, quelques centaines de mètres de l’ancien site qui abrite actuellement des réfugiés. Ce lundi, les ministres de l’Aménagement et de l’Éducation nationale sont venus faire le tour du propriétaire.
À première vue, le Centre de logopédie ressemble à une école ordinaire. Mais afin de répondre aux besoins spécifiques des élèves, une attention particulière a été apportée au confort acoustique des lieux par le bureau Theisen Architectes. Dans les salles de classe, les sols sont par exemple revêtus d’un tapis spécial («Kugelgarn») évitant la création de bruit dû au raclement des chaises ou des objets tombant par terre.
Le Luxembourg est l’un des rares pays au monde à tester systématiquement l’ouïe des enfants. Cela est fait dès le cycle 1 du préscolaire, autant dire à un âge où la prise en charge va pouvoir être efficace par la suite, notamment avec l’apprentissage du langage des signes. «Les tests sont réalisés par le ministère de la Santé sur les enfants âgés de trois ans. Pour les enfants arrivés plus tardivement au Luxembourg, ils sont également testés et ils devront apprendre à vivre avec leur problème, à s’insérer dans la société», explique Claude Meisch, ministre de l’Éducation nationale.
Le centre a une capacité d’accueil de 230 élèves, et ils sont 250 à fréquenter les lieux, mais pas à temps plein. Néanmoins, le centre est au maximum de ses capacités, alors que l’on compte en moyenne 10% de la population avec des problèmes de surdité à différentes échelles.
Le langage, cause principale des troubles
Des chiffres qui restent stables au fil des années, mais les progrès de la médecine rendent la prise en charge moins contraignante et plus confortable pour ces enfants. «Les malentendants restent dans le milieu scolaire inclusif dans la mesure du possible, ils sont répartis dans 20 centres régionaux dans tout le pays», indique Georges Hermes, directeur du Centre. Il faut dire que pour rentrer dans le centre, il faut répondre à des critères stricts liés aux «troubles spécifiques du langage», autrement dit un retard persistant à parler, avec une intelligence non verbale dans la moyenne, accompagnée d’une intelligence verbale sous la moyenne. Il faut que le langage soit la cause principale des troubles.
Et c’est justement là que le bât blesse : si les enfants sont très bien suivis pour des troubles spécifiques du langage, d’autres troubles ne sont pas encore bien pris en charge. C’est une piste qu’explore le ministre Meisch: «Il nous manque un centre comparable pour les troubles du comportement, ainsi que pour les troubles de l’apprentissage. Le centre de logopédie peut être un bon exemple pour ce qui pourrait suivre. Nous travaillons actuellement sur ces idées, car il faut soutenir les enseignants. Ils ont besoin de soutien pour intégrer des enfants souffrant de troubles dans une classe normale, il faut donc conseiller et former ces enseignants concernés.»
Car si le centre accueille des enfants de tout le pays pour les cas les plus problématiques, le ministère de l’Éducation compte sur le soutien des centres régionaux pour les enfants qui ont besoin d’un soutien plus ponctuel. Avec ce dispositif, le ministre veut jouer sur les deux tableaux : des centres régionaux de soutien et le Centre de logopédie en tant que centre de compétences sur le sujet. «Le centre de logopédie apporte son expertise comme centre de compétences, avec différents troubles ainsi que le soutien de thérapies. Mais nous voulons également garder une ouverture vers l’extérieur avec nos antennes régionales. Il n’est pas question de regrouper tous les enfants sur un même site à l’abri du regard. Il est clair que nous œuvrons à ce que les enfants restent dans leur environnement habituel, avec leurs camarades quand cela est possible.»
Audrey Somnard