La défense est revenue sur son intention de porter plainte pour faux témoignage. Elle a plaidé l’acquittement des deux restaurateurs népalais accusés de traite d’êtres humains.
Après une nuit de réflexion, la défense ne souhaite plus porter plainte pour faux témoignage contre les six victimes présumées. Leur avocat avait laissé entrevoir cette possibilité à la fin de la précédente audience après avoir été repris par le juge qui lui reprochait de traiter les plaignants de menteurs. La 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg a pris acte de cette décision et fait promettre à Me Kreutz de choisir un autre vocabulaire.
Mardi, le parquet avait requis une peine de dix ans de réclusion criminelle contre Raju et de 5 ans avec sursis contre son épouse ainsi que des amendes appropriées situées entre 100 000 et 150 000 euros pour traite d’êtres humains et tout ce que cela englobe. Me Sadler s’est porté partie civile pour les victimes présumées et a réclamé près de 500 000 euros. Une somme englobant notamment les salaires et les heures supplémentaires non payées.
Les deux restaurateurs sont accusés d’avoir, pendant huit ans, fait vivre l’horreur à leurs salariés en profitant de leur vulnérabilité pour les maltraiter physiquement et mentalement. Huit années pendant lesquelles les victimes présumées ont continué de travailler au restaurant en silence sans jamais dénoncer leur situation. Payés au lance-pierre, ne comptant pas leurs heures de travail, sans jours de congé ni vacances, humiliés et battus, mal logés et mal nourris, ils sont unanimes sur les abus qu’ils ont subis.
À la barre depuis une semaine, les victimes présumées ont laissé entrevoir l’inimaginable. À tel point que leurs versions paraissent plus que contestables. La défense en a profité pour retourner ces témoignages en sa faveur et faire passer les deux anciens restaurateurs pour les véritables victimes. Les aveux enregistrés lors d’un conseil de la communauté népalaise au Luxembourg n’en seraient pas. Le couple a été accablé par les accusations et on aurait tenté de le faire avouer. Sous pression, Raju aurait uniquement présenté ses excuses par peur de devoir fermer son restaurant et de devoir subir les effets d’une campagne de dénigrement, explique Me Kreutz.
Une semaine de calomnies
L’avocat a produit des attestations des employés actuels, qui «sont tout à fait satisfaits» de leurs conditions de travail. Quant à l’épouse de Raju, coprévenue dans l’affaire, «si ce que prétendent leurs anciens employés était avéré et qu’elle avait elle-même été victime des violences de son époux, elle aurait pu se rallier à eux pour l’envoyer en prison», indique l’avocat avant de réclamer l’acquittement de ses clients ou un sursis intégral. «Elle a préféré risquer une peine de prison plutôt que de prétendre quelque chose qui ne correspond pas à la vérité.»
Le parquet l’a accusé de jouer sur les mots et a demandé au tribunal de rejeter les documents, attestations et rapports des autorités sanitaires, entre autres, remis par la défense au cours du procès. «Ils n’ont pas pu être vérifiés ou débattus», a argumenté le magistrat.
Les six victimes présumées seraient ingrates, a insinué l’ancienne restauratrice, qui a détaillé tout ce que son époux et elle ont fait pour le bien de leur personnel et pour lui offrir une meilleure vie qu’au Népal. «Nous avons toujours autant que possible soutenu nos employés. Les plaintes de leur part me rendent très triste», a indiqué Rekah. «Je ne me sens pas bien de devoir venir ici tous les jours pour écouter toutes ces calomnies», a ajouté son époux. «Ce n’est pas parce que j’étais le patron que je suis coupable. J’espère un jugement équitable.» Il sera fixé sur ses attentes le 13 novembre.
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