Des garderies pour chiens voient le jour à Paris et ailleurs en France, proposant tout un éventail d’activités pour occuper ces animaux en l’absence de leur maître. Visite dans deux de ces «crèches» pour compagnons à quatre pattes.
Début de matinée à la crèche parisienne Waggy, c’est l’heure de la séparation pour Ingrid et son chien Odéon. «À tout à l’heure, doudou!», lance ainsi sa maîtresse. Après avoir couiné au départ de celle-ci, l’animal, un Coton de Tuléar, arpente la garderie. Ni les peluches, ni le parcours d’obstacles ne retiennent son attention. L’animal, sept ans, préfère s’asseoir dans un coin pour observer ses compagnons du jour : Loki, un labrador d’un an, et Bingo, une Corgi de cinq mois, lancés dans une course effrénée à la balle. Leurs «parents», comme on les surnomme ici, les y ont déposés pour la journée.
«On a trois types de profils : des personnes qui travaillent, celles qui veulent offrir une journée sympa à leur chien, et les touristes qui les font garder pendant qu’ils visitent Paris», explique Maria Princi, cofondatrice, avec Sara Chater, de la crèche ouverte en début d’année dans le XIVe arrondissement, qui peut accueillir jusqu’à neuf pensionnaires. Après un test de sociabilité, les chiens, à jour avec leurs vaccins, y sont accueillis du lundi au vendredi, du matin au soir. Le tarif varie alors de 5,95 à 12 euros de l’heure.
«Les chiens ne viennent pas juste pour de la garde : on leur propose des jeux physiques, sensoriels, une balade… C’est vraiment comme une crèche», explique Sara Chater. Tout au long de la journée, les «parents» reçoivent des nouvelles et même des photographies de leur animal. Les deux jeunes adultes, ex-ingénieures, se sont rencontrées en promenant leurs chiens et ont mis un an à concrétiser leur rêve d’ouvrir une garderie. Le plus dur? «Trouver un local commercial adapté parce que les établissements liés aux animaux sont considérés comme des espaces avec beaucoup de nuisances sonores et qu’il leur faut aussi de la lumière extérieure», détaille Sara Chater.
La piscine à balles, c’est un gros succès chez les Goldens et chez les Bulldogs!
Autre difficulté : l’obtention des fonds requis auprès des banques, qui «n’avaient aucun comparatif commercial», au point qu’ouvrir en tant que «toiletteur-crèche», par exemple, «aurait sans doute été plus facile». Délicat, en effet, de chiffrer ce marché de niche, distinct des pensions animalières. Ce qui n’a pas empêché la fondation 30 Millions d’Amis de saluer une «bonne initiative» pour ne pas laisser son chien seul, et une «alternative aux pet sitters», appelant néanmoins à la prudence quant à «la qualité de l’établissement, les compétences du personnel et l’attitude de son animal dans cet environnement».
Pour Ingrid, cette solution de garde permet de stimuler Odéon au contact de jeunes chiens et offre une alternative plus pérenne que les dog-sitters, qui «finissent souvent par ne plus être disponibles», explique-t-elle, se remémorant la première visite d’Odéon, «qui ne voulait pas repartir!». Dans le 17e arrondissement, le «social club canin» The Dogry, inauguré mi-juillet, propose mur à jouets, toboggan et même une piscine à balles, qui rencontre «un gros succès chez les Goldens et chez les Bulldogs», sourit le cofondateur Lenny Pomerantz.
L’accès est réservé aux membres – pour 60 euros par mois – qui peuvent y faire garder leur chien, télétravailler en sa présence, ou simplement le faire jouer. «Les chiens sont comme nous : ils ont envie de sortir, de s’amuser tous les jours, pas juste une fois!», estime Lenny Pomerantz. Un avis partagé par Franck, venu avec Eliot, son Bulldog français : «Il vient de faire une heure et demie de jeu. Il a une demi-journée de garderie prévue bientôt ainsi qu’une heure de dressage et un spa pour les massages.»
Si le succès est au rendez-vous, The Dogry et Waggy espèrent s’étendre dans d’autres arrondissements parisiens. «À une époque, les chiens n’étaient pas forcément considérés comme un membre de la famille, mais les mentalités sont en train de changer», observe Maria Princi. Plus des deux tiers des Français considèrent en effet comme tel leur animal de compagnie, selon une récente enquête Ipsos. Le chiffre grimpe même à 84 % chez les 25-34 ans.