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[Triathlon] Jeanne Lehair : «Il faut gagner pour éviter les calculs»


Jeanne Lehair reste sur deux victoires de suite en Supertri. Alors, jamais deux sans trois?

FINALE DE LA SUPERTRI, DIMANCHE À TOULOUSE Jeanne Lehair, leader du général et deux fois deuxième ces deux dernières années, espère cette fois aller au bout.

Jeanne Lehair réalise la meilleure saison de sa carrière. Premier podium en WTCS, avec carrément une victoire à Yokohama au mois de mai, troisième place au classement général du WTCS avant la finale en Australie à la fin du mois, deux succès en Supertri, dont elle est leader, avant la finale, chez elle à Toulouse, dimanche, et trois victoires en trois courses en championnat de France, avec le titre par équipe pour Poissy. Elle a pris quelques minutes pour revenir sur cette saison. Et évoquer cette dernière ligne droite.

Vous auriez signé pour une telle saison ?

Jeanne Lehair : Oui, largement. Cela faisait deux ans que je tournais autour d’un podium en WTCS et je me suis toujours dit que j’aimerais gagner une manche une fois dans ma vie. Faire partie des cinq filles qui ont gagné en WTCS cette saison, c’est sympa.

Si on vous demande de choisir entre la Supertri et le WTCS ?

Si j’ai le choix entre remporter la Supertri et terminer sur le podium du général en WTCS, voire mieux, je prends le WTCS. Non pas que c’est le plus prestigieux, mais c’est notre circuit traditionnel. Je suis troisième. Avant Léonie (Périault) était assez loin de moi, en gros, même si elle me battait d’une place (NDLR : à la finale à Wollongong), je restais devant. Mais Lisa (Tertsch) a fait deux à Weihai (en Chine la semaine dernière) et elle n’est plus qu’à 80 points. Donc, si elle termine devant moi, elle passe devant. En gros, si je veux être sûre de terminer troisième, je dois juste être derrière Beth (Potter) et Cassandre (Beaugrand).

Mais auparavant, vous retrouvez Toulouse pour ce qui est cette année la finale du Supertri. Un endroit que vous appréciez particulièrement, puisque vous y vivez. Mais vos deux dernières apparitions dans la Ville Rose ne se sont pas très bien passées. Craignez-vous le « jamais deux sans trois » ?

C’est vrai que si ça se passe mal, ça va avoir tendance à me saouler (NDLR : en 2023, elle avait été disqualifiée pour ne pas avoir correctement attaché son casque avant de monter sur le vélo et l’an passé, elle abandonne sur crevaison). Jamais deux sans trois? Ça peut être positif ou négatif. Ça peut marcher dans les deux sens. Ils ont changé la règle. Maintenant, on ne risque plus qu’une pénalité et plus une disqualification. Mais on peut aussi se dire que je reste sur deux victoires d’affilée (NDLR : à Chicago et Jersey) et que ça pourrait être ça, le jamais deux sans trois. Maintenant, c’est dommage qu’il n’y ait que quatre courses au lieu de cinq habituellement. J’ai gagné deux courses, mais je peux quand même me faire battre par Jolien (Vermeylen), Léonie (Périault) et Georgia (Taylor-Brown, vainqueur sortante). Et si Léonie gagne et que je fais deux, on se retrouve avec le même nombre de points et je me fais avoir comme en 2023 (NDLR : elle avait le même nombre de points que la Britannique Kate Waugh, mais vu que cette dernière avait terminé devant elle lors de la finale à Neom, c’est elle qui avait été sacrée). Donc, il faut que je gagne pour ne pas avoir à faire de calculs.

Si ça se passe mal, ça va avoir tendance à me saouler

Il y a quelques semaines, vous avez chuté à Karlovy Vary, à vélo. Comment allez-vous ?

On ne voit plus le bleu, mais en appuyant dessus, je le sens encore. Je pense que lors de la chute, j’ai dû me contracter, car j’avais mal au cou et à la cheville droite. J’ai eu de grosses crampes au mollet. À Jersey et Cabourg, j’ai eu des contractures. Mais j’ai vu un kiné avant et il ne reste plus que des microcontractures. Enchaîner les courses, ça n’aide pas. Mais ça pourrait être pire. Mon corps commence relativement à avoir l’habitude d’enchaîner les courses. Physiquement, je récupère assez bien, je m’en sors. Je suis davantage fatiguée en mode besoin de sommeil que physiquement.

Comment voyez-vous la course de dimanche ?

Je n’ai pas trop regardé la stratégie. Je vais faire la première natation à fond, le vélo aussi. Et ensuite, en course à pied, on voit qui est là et où sont mes principales adversaires. En Supertri, c’est dur d’imaginer un scénario type. En plus, ils annoncent de la pluie. Le parcours sous la flotte, ça va être tendu, ça va glisser dans tous les sens.

Vous connaissez par cœur vos adversaires. Vous savez où vous pouvez faire la différence ?

Elles ont toutes leurs forces et leurs faiblesses. Léonie, c’est sa natation qui peut la mettre dedans ou peut-être le vélo. Surtout s’il pleut, on sera dans les mêmes vibes, on ne voudra pas prendre trop de risques, car on a gros à jouer en WTCS. Si quand je pose le vélo, je peux avoir une marge sur Jolien et Georgia, ce serait très bien. L’idéal, ce serait le même scénario qu’à Jersey, qu’on fasse 1 et 2 avec Léonie. Ce serait parfait pour l’équipe.

Pensez-vous être au meilleur niveau de votre carrière ? 

Oui. Mais j’espère que dans trois ans, ça ira encore mieux. J’ai la chance de progresser encore. Je ne sais pas si c’est physiquement ou grâce à mon expérience, mais je sens que ça se passe de mieux en mieux. Après, je sais qu’à un moment donné, ça va être compliqué de continuer de progresser et que ça va devenir de plus en plus dur. Mais si ça peut continuer encore un peu, je prends!

Avec Los Angeles dans un coin de la tête ?

Je ne dirais pas que j’y pense tous les jours. Mais quand ma course s’est arrêtée (NDLR : l’an passé à Paris), j’ai direct dit « rendez-vous dans quatre ans ». Maintenant, je ne vais pas me mettre une pression de fou. Je sais que ça peut se passer mal deux fois d’affilée. On n’est jamais à l’abri. Je ne pourrai pas tout contrôler. Mais je vais y aller avec le même état d’esprit que l’année dernière en espérant ne pas finir par une dépression derrière.

Je vais chiller au Chili

Quel est votre état d’esprit avant cette finale ?

Désabusée. J’ai été tellement dégoûtée les deux dernières années. On verra si ça se passe bien. Je n’ai pas trop d’espoir. Donc, on voit et on fait le point à 16 h 20 dimanche. En tout cas, je suis très contente de courir à la maison. Il y aura mes parents, mes amis, un de mes frères et ma meilleure amie. Elle est déjà venue me voir à Londres et à Paris (NDLR : où elle avait abandonné), mais elle était aussi à Montréal (NDLR : où elle termine 4e en 2023), donc ce n’est pas elle qui me porte la poisse.

Et ensuite, l’Australie ?

Oui. Je pars lundi ou mardi. Si je n’avais pas eu Toulouse, j’y serais sans doute déjà, comme beaucoup d’adversaires. Je n’ai pas mis toutes mes chances de mon côté. Je ne suis pas allée en Chine, je n’ai pas fait un bloc d’entraînement depuis longtemps. J’ai enchaîné quatre courses en quatre semaines, donc l’idée est plus de tenir mon niveau plutôt que de le faire progresser et essayer de ne pas rentrer dans une fatigue de l’extrême. On verra si ça tient encore un mois. Ce sera ma première fois en Océanie. J’espère avoir l’opportunité de faire un podium. Si j’y parviens, ce serait cool.

Et après, vacances ?

Pas tout de suite. Je fais encore deux Coupes du monde au Chili. Mais c’est surtout pour prendre des vacances au Chili. Je ne voulais pas que la saison s’arrête aussi tôt. Donc, je vais chiller au Chili!

Le point

Le classement : 1. Jeanne Lehair (Lux/Podium Racing) 30 points; 2. Léonie Périault (Fra/Podium Racing) 28; 3. Georgia Taylor-Brown (Gbr/Crown Racing) 27; 4. Jolien Vermeylen (Bel/Brownlee Racing) 27; 5. Fanni Szalai (Hon/Brownlee Racing) 22…

Les différents scénarios

• Si Jeanne Lehair ou Léonie Périault s’impose, elle remporte le titre

• Léonie Périault doit terminer devant Jeanne Lehair pour l’emporter

• Pour avoir une chance de l’emporter, Georgia Taylor-Brown et Jolien Vermeylen doivent terminer une place devant Léonie Périault et deux devant Jeanne Lehair

• Fanni Szalai peut être sacrée si elle gagne à Toulouse et que, dans le même temps, Jeanne Lehair termine cinquième ou pire et les trois autres quatrième ou pire

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