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De Jean à Henri : comment s’est déroulé le changement de trône en 2000 ?


Le Grand-Duc Henri saluant la foule, accompagné de la Grande-Duchesse Maria Teresa. (Photos : Archives SIP)

Vingt-cinq ans après l’abdication de Jean en faveur de son fils Henri, le Luxembourg vit une nouvelle transition. En attendant les festivités du Trounwiessel de Guillaume et Stéphanie, retournons dans le passé pour (re)découvrir l’avènement au trône du Grand-Duc Henri.

Alors qu’un chapitre de l’histoire du Grand-Duché s’apprête à se fermer avec l’accession au trône de Guillaume, il y a quasiment 25 ans jour pour jour, ce chapitre ne faisait que commencer. Le 7 octobre 2000, après trente-six années de règne, le Grand-Duc Jean avait officiellement abdiqué en faveur de son fils aîné, Henri, lors d’une cérémonie à la fois solennelle et empreinte d’émotion.

Le règne du Grand-Duc Jean

Né en 1921, Jean de Luxembourg était monté sur le trône en novembre 1964, succédant à sa mère, la Grande-Duchesse Charlotte. Très marqué par son engagement personnel pendant la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle il avait rejoint les forces alliées après l’exil de sa famille, Jean avait incarné un souverain proche de son peuple, guidant le pays dans une période de profondes mutations économiques et sociales.

Le Grand-Duc Jean signant l’acte d’abdication.

Sous son règne, le Luxembourg avait consolidé sa place au sein de l’Union européenne et s’était affirmé comme centre financier international. Figure de stabilité, il avait su préserver l’unité nationale tout en accompagnant les évolutions d’une société en pleine modernisation.

Une abdication annoncée

Conformément à une tradition monarchique désormais bien établie en Europe, Jean avait exprimé depuis plusieurs années son intention de transmettre le trône à la génération suivante. Le 7 octobre 1998 déjà, son fils aîné avait été nommé lieutenant-représentant, assumant progressivement les fonctions de chef d’État.

Le nouveau Grand-Duc prêtant serment à la Chambre.

À la veille de Noël 1999, le chef de l’État de l’époque avait annoncé, dans un discours radiotélévisé, qu’il souhaitait abdiquer en septembre 2000. La passation de pouvoir annoncée et les festivités qui devaient l’accompagner avaient alors été planifiées dans les moindres détails au cours des mois suivants.

Un programme chamboulé

Mais le 10 septembre 2000, le Prince Guillaume, le plus jeune fils du Grand-Duc Jean et de la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte, et son épouse la Princesse Sibilla avaient été impliqués dans un grave accident de voiture près de Paris. Le Prince avait été grièvement blessé et plongé dans le coma.

Initialement prévu le 28 septembre 2000, l’acte officiel avait dû être reporté au 7 octobre 2000 en raison de l’état du santé du Prince. Et alors que les festivités devaient s’étendre sur une semaine, la fête officielle du trône avait quant à elle été reportée au 6 avril 2001, avec une grande fête populaire, une représentation de la chanteuse française Patricia Kaas et un feu d’artifice.

Un discours d’au revoir

Le 6 octobre 2000, à la veille de l’avènement au trône d’Henri, le Grand-Duc Jean s’adressait une dernière fois en tant que souverain à la population. Le discours, retransmis par les radios et la télévision luxembourgeoises, était l’occasion pour Jean de remercier le peuple luxembourgeois, de déclarer être rassuré par la conception qu’avait son fils de ses devoirs et par sa préparation à ses futures responsabilités en tant que lieutenant-représentant ainsi que de revenir sur ses 36 années de règne.

Le nouveau couple grand-ducal saluant la foule depuis le balcon aux côtés de Jean et Joséphine-Charlotte.

C’était donc avec sérénité que le Grand-Duc Jean avait annoncé son abdication, et avec ferveur qu’il avait confirmé son profond attachement à la patrie et au peuple luxembourgeois.

Une journée aussi solennelle que festive

Le 7 octobre 2000, la cérémonie avait débuté au Palais grand-ducal par la signature de l’acte d’abdication, en présence du gouvernement. Le nouveau souverain, Henri, avait ensuite prêté serment à la Chambre des députés, jurant de respecter la Constitution et les lois du pays. Une messe solennelle avait suivi en la cathédrale Notre-Dame, rassemblant familles royales européennes, dignitaires étrangers et hautes autorités luxembourgeoises.

Après la cérémonie d’assermentation, le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse, accompagnés de leurs enfants, étaient rentrés à pied au Palais grand-ducal en empruntant la rue de l’Eau, la rue du Fossé et la rue de la Reine. Un tapis rouge avait été déroulé tout le long de ce parcours.

Le Grand-Duc Henri et la Grande-Duchesse Maria Teresa défilant dans les rues de la capitale après la messe.

Au moment de leur sortie de l’Hôtel de la Chambre des députés, une salve de 101 coups de canon avait été tirée des hauteurs du «Fetschenhaff» en l’honneur du nouveau souverain du Luxembourg. Dans les rues de la capitale, des milliers de citoyens avaient applaudi le passage du cortège, saluant à la fois le règne accompli de Jean et l’avènement de son successeur.

Au-delà du protocole, la journée avait été marquée par un esprit de fête. Défilé militaire, animations dans la ville et feu d’artifice spectaculaire avaient ponctué les célébrations, offrant à la population l’occasion de participer pleinement à cet événement historique.

De Charlotte à Jean

Le dernier changement de trône avant l’avènement du Grand-Duc Henri remontait au 12 novembre 1964. Ce jour-là, après 45 années de règne, la Grande-Duchesse Charlotte, figure emblématique de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, avait abdiqué en faveur de son fils aîné, Jean. Déjà nommé lieutenant-représentant en 1961, Jean était prêt à assumer ses fonctions. Âgé de 43 ans, il avait prêté serment devant la Chambre des députés et était officiellement devenu Grand-Duc de Luxembourg.

La cérémonie s’était déroulée dans une ambiance sobre et solennelle. Dans la matinée, au Palais grand-ducal, Charlotte avait signé l’acte officiel mettant fin à ses 45 années de règne. L’acte avait été contresigné par le gouvernement, comme le veut la Constitution. Jean s’était ensuite rendu à la Chambre des députés. Devant les parlementaires réunis, il avait prêté serment, jurant d’observer la Constitution et les lois du Grand-Duché.

À partir de ce moment, il était devenu officiellement Grand-Duc de Luxembourg. Ensuite, une messe solennelle avait été célébrée en la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg en présence de la famille grand-ducale, du gouvernement et de représentants étrangers.

L’événement n’avait pas pris l’ampleur festive des abdications plus récentes (comme celle de 2000 ou celle prévue aujourd’hui et demain) : pas de feu d’artifice organisé ni de grandes réjouissances populaires. Toutefois, de nombreux Luxembourgeois étaient massés devant le Palais et dans les rues de la capitale pour acclamer leur nouveau souverain.

La Grande-Duchesse Charlotte signant l'acte d'abdication lors de l’avènement au trône du Grand-Duc Jean en novembre 1964. Photo : collections de la cour grand-ducale

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