BGL LIGUE (7e JOURNÉE) Hesperange a annoncé que Flavio Becca n’est plus sponsor du club. Au-delà de la panade dans laquelle cela laisse le Swift, une page se tourne pour tout le foot national.

Cela fait un bout de temps que l’information traîne sans être confirmée de quelque source officielle que ce soit, mais Fernand Laroche, le président du Swift, a fini par lâcher le morceau ce mardi, chez nos confrères du Tageblatt : Flavio Becca n’est plus sponsor du club hesperangeois, qui reste a priori seul face à ses impayés et avec un couperet déjà partiellement tombé, puisqu’il ne pourra plus recruter pour les trois prochaines périodes de transferts.

L’avenir du club qui était encore champion en 2023 devrait être un sujet de préoccupation majeure, mais dans l’immédiat, le coup de semonce se porte ailleurs : Flavio Becca et le football, c’est vraiment fini? Après un quart de siècle de succès, de clashs, de recrues phares, de qualifications européennes…?

«On ne sait jamais ce qu’il va faire»

Un président de DN se pose la question en catimini : «Avec lui, on ne sait jamais vraiment ce qu’il va faire. Je ne suis pas sûr qu’il ne revienne pas ailleurs.» Si ce n’est pas le cas, alors une page monumentale de l’histoire du football luxembourgeois se tourne et tout le monde en a pris conscience.

Après 25 années de présence, 16 titres de champion (15 avec le F91, 1 avec le Swift), 8 Coupes, Flavio Becca va laisser un héritage et ceux qui l’ont côtoyé ou affronté durant toutes ces saisons en sont conscients.

L’un de ses présidents au F91 et bras droit officiel, Romain Schumacher, au premier plan : «Ce n’est pas forcément très bon pour notre football qu’il arrête. En foot, l’argent, c’est important, mais il n’a pas amené que ça. Il avait aussi un style pour diriger les affaires, et ça, c’est important. Cela avait une incidence sur la façon de faire des membres du comité du club et sur les joueurs.»

Il a quand même amené quelque chose, c’est cette envie d’aller plus loin

Ne pas ramener l’entrepreneur aux sommes folles qu’il a investies dans sa dévorante passion pour le ballon rond est aussi le souci de deux hommes forts d’un club qu’il a supplanté au tournant des années 2000, la Jeunesse Esch.

Pour son ex-président, Jean Cazzaro, il faut regarder l’influence Becca comme globalement très positive : «Il a fait avancer le football national. Il a été le premier à gérer une équipe de DN sur un mode professionnel et tous les autres clubs ont été forcés de suivre.»

Même constat pour l’un de ses successeurs à la tête de l’institution eschoise, Marc Theisen : «Becca, c’est tout sauf l’argent! C’était une passion et des visions. L’argent était secondaire. Il avait des vues qu’on pouvait ne pas partager – comme cette idée d’envoyer un club à l’étranger, portée en son temps par Camille Dimmer – qui ne se sont peut-être pas concrétisées, mais rien que le fait d’essayer d’améliorer les choses, cela fait avancer.»

«L’injection de capital fait grincer des dents»

Pas forcément d’accord avec Marc Theisen sur l’aspect financier, Christian Strasser, son homologue de Mondorf, veut, lui, resituer le débat : «Sans l’argent de Flavio Becca, le F91 ne serait pas allé en phase de groupes de l’Europa League. Mais cela a fait avancer tout le pays, c’est un fait. L’injection de capital, cela fait grincer des dents, oui, mais cela fait aussi progresser tout le monde.»

La BGL Ligue va-t-elle, dès lors, perdre en qualité? Jean Cazzaro assure que «Differdange fait un bon boulot pour prendre le relais». Fabrizio Bei se sent-il, dès lors, investi d’une mission consistant à prendre la suite?

«On se doutait un peu qu’il allait arrêter. C’était un adversaire, je le respectais comme dirigeant, mais bon, il n’y avait pas plus que ça. Il a quand même amené quelque chose, c’est cette envie d’aller plus loin.»

Celle qu’il a, lui, désormais, de faire du FCD03 le second club à faire un automne européen. Becca a fait entrer la BGL Ligue dans son ère moderne, l’a provoquée et forcée à s’adapter pour tenter de suivre son rythme. Mais maintenant qu’il semble sur le départ?